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« Abu gmail », une taupe dans le Djihad islamique

dimanche 14 juin 2009 - 06h:18

Sal Emergui - El Mundo

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Il était connu comme « Abu gmail », car il ne quittait jamais ni son fusil Kalashnikov, ni son ordinateur portable.

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Funérailles de Obeidi, chef militaire du Jihad

En contact, par email, avec le leader à Damas du groupe intégriste Djihad islamique, « Abu gmail » était considéré par les services secrets internes israéliens (Shin Beit) « comme un des terroristes palestiniens les plus recherchés de Cisjordanie ».

Dans la zone de Tulkaren, on l’admirait et ses chefs en Syrie lui accordaient une grande confiance et beaucoup d’argent. Dans son courrier électronique, il recevait les consignes sur « où et comment agir » contre les colons et les soldats ou sur les attentats dans les villes israéliennes.

Depuis quelques mois, cependant, il a disparu au combat. « Abu gmail », est sans couverture. Brûlé. Même s’il n’y a aucune confirmation officielle (et il n’y en aura pas). Celui qui serait un des principaux chefs militaires du Djihad en Cisjordanie était, en fait, un collaborateur. Une taupe d’Israël dans la tourelle du bras armé. Grâce à lui, les soldats tuèrent ou arrêtèrent plusieurs chefs de files et miliciens du Djihad.

A Tulkaren, on préfère ne pas parler de cette incroyable histoire. Si, par le plus grand des hasards (impossible) on le voyait, un jour, se promenant dans les rues, on lui enlèverait son fusil, on lui casserait son inséparable ordinateur en mille morceaux et ensuite on le tuerait. C’est le châtiment à la pire action jamais vue en Palestine : être un agent de l’ennemi israélien.
Parmi ceux qui détestent le plus « Abu gmail », il y a ceux qui l’aimaient le plus. Comme sa mère, qui affirme, en colère : « Si je pouvais, je tuerais moi-même mon fils. C’est une trahison. Ce qu’il a fait est une honte ».

Rien à voir avec la joie maternelle quand son fils ( laïc jusqu’à ce moment) décida d’un coup d’entrer dans le djihad islamique contre Israël. « Le jour le plus heureux de ma vie fut lorsque je vis mon fils prier. Elle était très contente. Elle remerciait Allah qu’il ait emprunté ce chemin et moi je priais pour qu’il soit un « chahid » (martyr) », dit le quotidien Maariv, le premier qui révéla ce cas.

De simple soldat du Djihad, qui aidait les miliciens les plus recherchés à s’enfuir, il devint un des chefs à Naplouse, Jénine ou Tulkaren. Il devait son ascension à la confiance et au contact direct avec le cartel central en Syrie mais aussi grâce à « l’aide et à la protection » israélienne. Selon certains membres du Djihad, ses « mouchardages » ont entraîné l’arrestation de 14 miliciens et la mort de cinq membres importants du bras armé.

« Je ne peux pas savoir avec exactitude combien sont tombés mais malheureusement presque tous ceux qui étaient en contact avec lui finirent en prison, blessés ou morts », nous raconte un Palestinien qui le connaissait bien.
On pense qu’il fut reclus pendant les six mois qu’il demeura dans une prison israélienne. Le premier objectif d’Israël était Adham Younis, cerveau de l’attentat suicide dans le centre commercial de Natanya (2005) qui provoqua la mort de cinq Israéliens. La taupe de Tulkaren lui tendit un piège qui permit son arrestation. Après avoir trahi son chef, il devint l’homme fort du Djihad dans cette zone.

Un autre des « mouchardages » toucha le chef du bras armé, Walid Obeidi, mort lors d’une opération israélienne en janvier 2008. Selon les rumeurs qui courent dans cette ville cisjordanienne, il fut également responsable de la chute de Saleh Karkur, commandant du Djihad et qui avait envoyé plusieurs hommes kamikazes au c ?ur d’Israël. « Il le trompa et lorsque Saleh fut caché dans le village de Saida, les forces spéciales israéliennes l’entourèrent », raconte un membre du groupe. Le 12 mars 2008, Karkur fut traqué. Après avoir refusé la détention, il tira sur les soldats. Quelques minutes plus tard, un bulldozer israélien détruisit une maison écrasant Karkur.

Fin 2008, les forces de sécurité palestiniennes l’arrêtèrent en le voyant sortir d’une jeep militaire israélienne, les mains menottées. Lors de l’interrogatoire, il se présenta avec une autre pièce d’identité. Les Palestiniens ne tardèrent pas longtemps à conclure que le commandant admiré du Djihad recherché par Israël était un collaborateur qui poursuivait ses collègues.

On pense qu’il est à présent réfugié en Israël. Il sait qu’il ne pourra pas retourner à Tulkaren avec son portable et ni avec sa Kalashnikov. A moins que, depuis le début, il ne soit formé par le Djihad afin de se faire passer pour un agent d’Israël. Cela semble invraisemblable mais ici tout est possible.

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9 juin 2009 - El Mundo - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elmundo.es/elmundo/2009/...
Traduction de l’espagnol : Assia B.


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