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Netanyahu à la manoeuvre

mardi 9 juin 2009 - 09h:21

Ramzy Baroud

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« Nous avons réellement accompli certaines choses, et je pense que le plus important est de cimenter le principe que le chemin vers la paix se construit par des négociations et non pas par la violence », disait déjà Netanyahu en 1996 au sortir d’une réunion avec Bill Clinton...

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Le soutien que Netanyahu a obtenu de la part de l’extrême-droite israélienne la plus xénophobe, violente, colonialiste et raciste ... ne va pas sans contreparties politiques très claires. Si "concessions" il peut y avoir de la part de Netanyahu, ce sera sur la forme et sans toucher au fond du projet expansionniste sioniste.

C’étaient les mots « encourageants » prononcés avec un ton modeste par le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, lors d’une conférence de presse commune avec le président américain. Ce président était alors Bill Clinton et c’était le 2 octobre 1996.

Dans les territoires palestiniens occupés, la situation était déjà incroyablement sinistre. Mais il n’y avait aucun mur israélien. Les colonies étaient plus petites en taille et en population. Gaza était assiégée, mais pas au point d’être totalement étouffée.

Récemment, le premier ministre Netanyahu a rendu une visite très attendue à la Maison Blanche, le 18 mai 2009, pour rencontrer cette fois-ci Barack Obama.

« Je partage réellement avec vous le désir de faire avancer le processus de paix. Et je veux entamer des négociations de paix avec les Palestiniens. Je voudrais élargir le cercle de la paix pour en inclure d’autres dans le monde arabe, » a déclaré Netanyahu.

Il est inutile de rappeler le mal infligé au le peuple palestinien durant toutes ces années. La violence, que Netanyahu avait apparemment rejetée en 1996, a frappé les Palestiniens d’innombrables fois. A partir du 27 décembre 2008 et durant 22 jours terribles, une grande partie de Gaza a été détruite par l’armée israélienne qui a massacré et blessé des milliers d’habitants à l’aide des armes venues des Etats-Unis.

Il y a aujourd’hui un mur gigantesque, faisant des centaines de kilomètres de long, serpentant autour de la Cisjordanie, séparant des Palestiniens de leurs terres, de leurs domiciles et leur interdisant n’importe quelle possibilité de construire un véritable état.

Il y a les colonies juives reliées par des routes réservées aux seuls juifs et qui fragmentent désespérément la Cisjordanie occupée. Ces colonies et ces routes sont toutes illégales en vertu du droit international, de même que le soi-disant mur de séparation, de même que les attaques et le siège brutal contre Gaza, de même que l’occupation militaire israélienne dans sa totalité.

Lors de récente rencontre entre les deux dirigeants, Obama a clairement mis l’accent l’engagement de son pays pour un état palestinien, et, étonnamment, a fait mention de « Gaza » pendant la conférence de presse. Mais les termes élogieux à l’égard d’Israël étaient à un tout autre niveau. « Obama a parlé du rapport extraordinaire [avec Israël], du rapport spécial... de l’allié indéfectible... des liens historiques, des liens sentimentaux [et] de la seule démocratie au Moyen-Orient... d’une source d’admiration et d’inspiration pour le peuple américain, » a relevé le commentateur George Hishmeh.

Après son rendez-vous avec Obama, Netanyahu a fait une visite au congrès des Eatts-Unis, où il a discuté avec les « grands amis d’Israël ». Lors de sa visite à Capitol Hill, il a rencontré la Présidente de la Chambre Nancy Pelosi et le leader de la minorité John Boehner. Le dirigeant israélien a également rencontré des membres de la Commission des Relations Extérieures du Sénat et des sénateurs juifs. Il a bénéficié du même traitement exceptionnel que les autres dirigeants israéliens. Le sénateur John Kerry « s’est senti encouragé par un certain nombre de choses » a même dit Netanyahu. Après avoir rencontré rencontré les chefs du Congrès, Netanyahu a observé, comme s’il s’agissait d’un scoop : il y a « un consensus américain » concernant « le rapport spécial que nous avons entre Israël et les Etats-Unis ».

Les jeux sont lancés. Netanyahu essayera de nouveau de mettre sous pression le président des États-Unis en rassemblant le congrès derrière lui en vue d’une possible confrontation avec l’administration d’Obama. Obama, de son côté, essayera, même timidement, de présenter une nouvelle orientation dans la politique extérieure des Etats-Unis — quitte à tenter d’amadouer Israël par une politique plus dure à l’égard de l’Iran et par des pressions sur les états arabes pour qu’ils normalisent leurs relations avec l’état juif en échange d’une simple promesse par Israël de faire avancer le processus de paix.

En 1996, Netanyahu parlait d’un danger immédiat menaçant Israël, faisant référence à l’Irak. Aujourd’hui l’Irak — qui ne disposait par ailleurs d’aucune arme de destruction massive — ne représente plus « une menace existentielle » pour l’état d’Israël.

A présent le chef israélien tourne son regard vers l’Iran. « Le défi est la possibilité que l’Iran dispose d’armes nucléaires. C’est un grand danger pour nous tous. Nous devons agir ici de concert. J’ai été très encouragé d’apprendre que c’est la politique américaine. Nous allons essayer de la mettre en oeuvre ensemble, parce que si nous le faisons ensemble nous irons plus loin et beaucoup plus vite. »

Il ne faudra pas treize années de plus avant que les souhaits de Netanyahu ne soient exhaucés, c’est-à-dire aller plus loin et beaucoup plus rapidement sur la voie d’une guerre contre l’Iran. Mais retenez mes paroles : Netanyahu, aussi bien que ceux qui l’ont précédé et aussi bien que ceux qui viendront après lui, n’ont aucune intention de faire la paix avec les Palestiniens. Il ne s’agit que d’une carotte sous le nez d’Obama pour obtenir ce que veut Israël : une attaque contre l’Iran. C’est aussi simple que cela.

Si Obama hésite à s’opposer au nouvel ordre du jour israélien et si le Congrès des Etats-Unis continue à traiter les hantises sécuritaires israéliennes comme premières priorités, nul ne peut dire de quoi aura l’air le Moyen-Orient la prochaine fois que Netanyahu ira à Washington pour rencontrer le nouveau président américain.

* Ramzy Baroud est écrivain et rédacteur en chef de « PalestineChronicle.com ». Ses écrits ont été publiés dans de nombreux journaux, magazines et anthologies dans le monde entier.
Son dernier livre est « The Second Palestinian Intifada : A Chronicle of a People’s Struggle » (Pluto Press, London).

Site Internet :

www.ramzybaroud.net

Du même auteur :

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25 mai 2009 - Communiqué par l’auteur<br/
Traduction de l’anglais : Claude Zurbach


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