Alors que le gouvernement israélien d’extrême-droite prépare une nouvelle offensive militaire contre la bande de Gaza, ses services militaires de renseignement craignent l’explosion d’une nouvelle Intifada dans les Territoires Occupés, écrit Saleh Al-Naami.
- L’armée sioniste est une armée de pleutres qui ne se sent forte que dans le massacre de civils et en usant de moyens totalement disproportionnés face à la résistance palestinienne.
Le représentant du bloc parlementaire du Hamas, Mushir al-Masri, continue de faire le sermon du vendredi chaque semaine devant les centaines de fidèles qui se recueillent devant les ruines d’une mosquée détruite pendant la récente guerre contre la bande de Gaza. Ces ruines se trouvent dans la ville de Beit Lahiya, un des accès au sud de la bande et où la maison d’Al-Masri’s a été également détruite pendant la guerre par des obus de tank. Ni lui ni sa famille n’était alors chez eux.
Al-Masri a expliqué à Al-Ahram Weekly que depuis que la guerre s’est interrompue, il avait participé aux activités publiques et politiques toutes les fois que le temps et les circonstances le lui permettaient, et que tous les autres dirigeants du Hamas avaient fait de même. La semaine dernière, le premier ministre du Hamas, Ismail Haniyeh, a fait sa première apparition publique depuis la fin de la guerre en participant aux célébrations organisées à l’occasion de la journée des prisonniers palestiniens. Profitant de cette apparition publique avec d’autres dirigeants du Hamas, Haniyeh a envoyé un message au peuple palestinien disant entre autres choses qu’ils ne craignaient pas les menaces israéliennes de plus en plus fortes de lancer une nouvelle guerre contre Gaza et de les assassiner.
Les nouveaux ministres israéliens et les chefs des agences de sécurité à Tel Aviv ont récemment proféré des menaces qui indiquent clairement qu’ils visent les dirigeants du Hamas. « Des mesures sérieuses doivent être prises contre les chefs du Hamas, et elles doivent être individuellement ciblées de sorte qu’elles mettent un terme à la contrebande des armes par la frontière et de sorte que le soldat israélien enlevé, Gilad Shalit, soit libéré, » a déclaré Yisrael Katz, ministre israélien du transport, membre du Conseil ministériel israélien pour les affaires de sécurité et proche du premier ministre israélien Binyamin Netanyahu.
Katz a réclamé une combinaison d’opérations militaires et de pressions économiques, et fait référence à la nécessité de resserrer le siège sur la bande de Gaza en stoppant l’acheminement des produits alimentaires et des matières premières premières jusqu’à ce que Shalit soit relâché.
Dimanche dernier, Netanyahu a rencontré les responsables de ses agences de sécurité pour discuter des façons de traiter la bande de Gaza et des options israéliennes vis-à-vis du Hamas. Ehud Barak, ministre de la défense était à la réunion, ainsi que le chef d’état-major Gabi Ashkenazi, le chef des services de sécurité intérieure (Shin Bet), Yuval deskin, le chef du Mossad, Meir Dagan, le chef des services militaires de renseignement, Amos Yedlin, et le ministre adjoint de la défense, Matan Vilnai. Les sources israéliennes informées indiquent que Netanyahu était soucieux de savoir quel était le statut du Hamas parmi le public palestinien.
Il a également voulu tirer au clair la capacité militaire du Hamas puisque les rapports de renseignement ont indiqué que ce mouvement a continué à s’approvisionner en grande quantité d’armes, de munitions, et de missiles depuis la fin de la dernière offensive. Ces mêmes sources israéliennes indiquent que Netanyahu s’est attaché à mettre en application une nouvelle politique à l’égard du Hamas, et que l’évidence en est donnée à travers sa décision à la fin de la réunion d’écarter le responsable du dossier de Shalit, le Général Ofer Dekal. (Lundi dernier, l’édition du journal Haaretz a cité un haut responsable dans le cabinet de Netanyahu disant que le nouveau gouvernement comptait sur une nouvelle stratégie pour garantir le retour de Shalit dans son famille).
Selon les sources israéliennes citées plus haut, ce qui a le plus irrité Netanyahu au cours de cette réunion était l’information transmise par un responsable des services militaires de renseignement expliquant que le Hamas s’était tourné vers l’acheminement d’armes par la mer, après le succès des agences de sécurité égyptiennes à réduire la quantité d’armes transitant par la frontière terrestre.
Plus importante, la question de lancer une opération militaire majeure contre la bande de Gaza n’est plus cantonnée aux discussions entre responsables politiques et militaires, l’armée israélienne ayant entamé une préparation à grande échelle dans le désert du Néguev en vue du moment où lui sera donné l’ordre d’attaquer à nouveau Gaza.
La chaîne de télévision israélienne Canal-10 a révélé que l’armée israélienne avait construit une ville modèle ressemblant à Gaza dans sa plus grande base militaire de Negev, et que les officiers et les soldats israéliens s’y entraînaient pour envahir la ville. La chaîne de télévision a signalé que des milliers de soldats de diverses forces de l’armée s’exerçaient actuellement pour forcer l’entrée dans Gaza. Le site internet en hébreu de du journal Maariv a également signalé que l’armée israélienne organisait une formation intensive pour les soldats sur les façons de réagir aux tentatives de capture venant des membres de la résistance palestinienne. L’armée israélienne admet que quelques soldats ont été tués lors de tentatives de capture par des combattants du Hamas [l’armée israélienne a préféré tuer ses propres soldats plutôt que d’avoir sur les bras plusieurs Shalit - N.d.T].
Maariv a aussi signalé qu’une formation était donnée aux soldats de l’infanterie, et qu’à tous les soldats sont distribués des instructions écrites leur rappelant comment ils ont été formés pour réagir à des tentatives de capture. Le journal a également indiqué que les responsables militaires israéliens craignaient que la résistance ne réussissent à capturer des soldats, car les organisations palestiniennes ont annoncé leur détermination à cela afin d’échanger ces prisonniers avec autant de prisonniers palestiniens que possible. Selon le journal, ces responsables considèrent de telles captures comme une menace stratégique pour l’état d’Israël, et c’est pourquoi ils ont mis sur pied une formation spécifique pour les éviter.
Pour sa part, le Hamas n’a fait aucun mystère de sa volonté de résister à Israël, et de fait il lui a lancé un défi. Le dirigeant de premier plan du Hamas, Mahmoud Al-Zahar, a annoncé que la capture de plus de soldats [israéliens] était la seule manière d’obtenir la libération de tous les prisonniers palestiniens, et il a insisté sur le fait que la capture du soldat israélien Gilad Shalit n’était pas la dernière démarche entreprise par le Hamas pour imposer la libération des prisonniers. Al-Zahar a expliqué que l’accord pour un échange de prisonniers avec Israël avait échoué en raison du refus israélien de libérer les prisonniers palestiniens ayant la citoyenneté israélienne.
Dans sa seconde apparition publique dans la bande de Gaza depuis la fin de la dernière guerre, Al-Zahar a également informé que le gouvernement de l’occupation avait d’abord suggéré de libérer des prisonniers originaires de Gaza en échange de Shalit. Mais il avait refusé de libérer des Palestiniens israéliens et des prisonniers de Jérusalem du fait de leur citoyenneté israélienne, Israël considérant leur libération comme une ligne rouge à ne pas franchir.
L’analyste politique palestinien Ahmed Fayad soutient que l’attitude agressive de Netanyahu envers le Hamas est non seulement le résultat du cas de Shalit ou de l’acheminement d’armes [vers Gaza] ; elle est due à l’intention du gouvernement israélien de renverser le Hamas.
Fayad indique que Netanyahu et Avigdor Lieberman, le chef du parti [fasciste] Yisrael Beiteinu, se sont mis d’accord pour que le nouveau gouvernement en termine avec le Hamas et que cet objectif soit inclus dans les objectifs stratégiques israéliens durant le mandat de Netanyahu. « Il est vrai que même les ministres dans le gouvernement précédent avaient réclamé le renversement du Hamas, et que le gouvernement d’Olmert a lancé une guerre féroce contre les Palestiniens dans la bande de Gaza pour atteindre ce but, mais la force de l’accord Netanyahu-Lieberman est que cet objectif est devenu une partie du nouveau programme du gouvernement [israélien] indépendamment des évolutions sur la scène palestinienne, » a déclaré Fayad au Weekly.
Placer la question du renversement du Hamas comme but avoué du gouvernement, permet au nouveau cabinet d’entamer la préparation d’opérations militaires à grande échelle, estime Fayad.
Mais ce que craint Israël, c’est le déclenchement possible d’une troisième Intifada palestinienne en Cisjordanie où le gouvernement de Salam Fayyad [autorité palestinienne] coopère avec Israël. Les sources israéliennes de sécurité ont révélé leur crainte que le nombre de plus en plus important d’opérations de résistance lancées individuellement par des Palestiniens en Cisjordanie pourrait signifier le début d’une troisième Intifada.
La radio israélienne a cité ces sources comme disant que les chefs militaires israéliens sont extrêmement nerveux quant à la fréquence de ces opérations bien qu’elles soient lancées sur une base individuelle sans que des organisations palestiniennes y soient mêlées. Ces mêmes sources considèrent que ces opérations de résistance encore limitées vont probablementaugmenter et viseront l’armée et les colons israéliens.
Toujours ces mêmes sources avertissent que les membres de la résistance palestinienne en Cisjordanie « ont commencé à relever la tête » et qu’il sera extrêmement difficile à l’armée israélienne d’empêcher leurs opérations qui incluent l’utilisation de poignards, de cocktails Molotov, et de frondes. Les milieux militaires israéliens considèrent les récentes opérations de résistance comme plus menaçantes parce qu’ils sont exécutées par des personnes isolées, et non par des organisations. La récolte d’informations sur des individus liés à des organisations est relativement facile. Mais on ne peut en dire autant lorsqu’il s’agit d’individus sans affiliations organisationnelles.
Du même auteur :
Pourparlers inter-palestiniens : il reste peu d’espoir - 24 avril 2009
Dehors malgré le froid - 4 mars 2009
La réconciliation en l’absence d’autre option - 3 mars
S’adapter au désastre - 9 février 2009
Le calme après la tempête ? - 27 janvier 2009
Gaza : pas de drapeau blanc ! - 19 janvier 2009
24 avril 2009 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2009/944...
Traduction : Claude Zurbach