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Israël : le parti travailliste intègre le gouvernement d’extrême-droite

vendredi 27 mars 2009 - 05h:15

Juan Miguel Muñoz - El Païs

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Après-midi décisive pour l’avenir du parti qui a fondé l’Etat d’Israël, a mis en place son programme nucléaire, a établi son système d’éducation, a mené des guerres sur lesquelles il a tout misé et souffre d’un déclin permanent depuis 30 ans. Pour des écrivains comme Amos Oz, c’est un projet sans avenir.

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Les principaux partis politiques israéliens disposent d’un programme commun : le racisme et le colonialisme... Le reste n’est que péripéties. Ici la repression contre les habitants arabes de la ville israélienne d’Um al-Fareh - Photo : AFP

Tout cela a traversé l’esprit de bon nombre des quelques 1400 membres du Comité central du Parti socialiste affaibli, qui ont voté hier soir confrontés à un dilemme : faire alliance avec le gouvernement d’extrême-droite de Benjamin Netanyahu (680 votes) ou rester dans l’opposition (507 voix). Ehud Barak a gagné. Leader du parti, il luttait pour sa carrière politique, soutenu par cinq députés. Reste à voir ce que feront les sept députés vaincus qui sont fortement opposés à l’alliance. Le risque de schisme au sein du groupe est évident.

« Le choix ne réside pas dans le fait de diriger ou pas l’opposition, mais plutôt d’être la cinquième roue du carrosse de l’opposition ou d’être une force centrale dans un gouvernement de droite et d’influer dans une politique qu’il faut pour l’État d’Israël », a plaidé Barak.

Eitan Cabel, secrétaire général et l’un des plus réticents à la coalition, a répondu fermement : « Ce qui nous a tué au cours de la dernière décennie a été de ne pas croire à notre voie. Nous nous sommes convertis à l’Union nationale [parti d’extrême droite nationaliste et religieux] de la laïcité. Nous essayons de changer les choses de l’intérieur et nous sommes en train de mourir à petit feu. »

Le socialisme, en fait, a encouragé, plus que la droite, depuis les années soixante la colonisation des territoires palestiniens et a pris les décisions dignes des faucons les plus aguerris. Il a perdu son identité. Les sept députés sont d’accord pour dire que, sans la pilule amère du passage dans l’opposition, on ne peut pas renaître de ses cendres.

Netanyahu a proposé ce matin à Barak une offre irrésistible : cinq ministères, parmi eux la défense pour Barak lui-même, le Commerce et l’Industrie. Le chef du Likoud est déterminé à mettre en ?uvre un certain nombre de programmes sociaux : le recyclage des travailleurs, plus de soins pour les enfants des femmes qui travaillent, un engagement à ne pas réduire les salaires des fonctionnaires et une augmentation progressive des pensions, entre autres concessions.

Mais les sept rebelles avaient envoyé lundi une lettre à Netanyahu, pour l’avertir de ne pas compter sur l’appui de la Knesset. Le premier ministre a ainsi 59 des 120 sièges de la Chambre assurés et espère ajouter ceux de l’autre parti(Unité pour la Torah et le judaïsme ou La maison juive). La fusion de la coalition - des groupes avec des intérêts aussi divers que le Shas ultra-orthodoxe ou d’extrême-droite laïque de Yisrael Beitenu- présage que le gouvernement risque de souffrir d’instabilité, une constante des vingt dernières années en Israël. C’est précisément ce que souhaite la présidente de Kadima, Tzipi Livni, qui promet de rester dans l’opposition, dans l’espoir de voir la chute du gouvernement dirigé par le Likoud.

Le programme du Gouvernement prévoit également le respect des accords signés par Israël avec l’Autorité palestinienne (AP). En termes très vagues. Le document signé par Netanyahou (qui était destiné à atténuer l’image de son gouvernement radical aux yeux de Barack Obama) parle juste de continuer le processus de paix. On ne mentionne pas la nécessité d’établir un État palestinien, phrase que le prochain premier ministre se refuse de prononcer.

Les analystes affirment que Barak croit aussi à la possibilité de fonder l’Etat dans les dix prochaines années et c’est une éventualité incompatible avec les positions des autres extrémistes. Parmi les accords signés avec l’Autorité palestinienne figurent la Feuille de route.

Papier sans valeur qui ordonnait de démanteler les avant-postes, les colonies illégales de l’avis de la Cour suprême israélienne et les gouvernements précédents. Elles sont plus d’une centaine. Elles sont plus que jamais debout. Le paradoxe est que Barak lui-même, responsable du ministère de la Défense au cours des deux dernières années, était responsable du démantèlement de ces colonies.

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- Elections israéliennes : un choix confiné à l’extrême-droite ? - 10 février 2009

25 mars 2009 - El Païs - Vous pouvez consulter cet article ici :
http://www.elpais.com/articulo/inte...
Traduction de l’espagnol : Charlotte


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