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Un bémol a été mis aux divisions interpalestiniennes

mercredi 4 mars 2009 - 08h:34

Ahmed Loutfi - Al-Ahram/hebdo

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Réconciliation entre le Fatah et le Hamas sous l’égide de l’Egypte, avec promesse de formation d’un gouvernement d’union nationale. Les Palestiniens tentent de remonter la pente.

La conférence sur la reconstruction de Gaza s’est tenue pratiquement au lendemain de l’accord sur la réconciliation interpalestinienne conclue sous les auspices de l’Egypte. D’une certaine manière, les factions palestiniennes semblent avoir déjoué les pronostics les plus pessimistes qui circulaient un peu partout. Certes, on n’est qu’à l’acte 1 de ce processus, mais il marque quand même un nouvel esprit dans les rapports entre le Fatah et le Hamas, s’agissant de la formation prévue d’un gouvernement d’union nationale, composé notamment de technocrates pour éviter une politisation qui ferait revenir les divergences idéologiques, source d’une vraie guerre fratricide. Ce gouvernement d’entente nationale doit être formé d’ici fin mars. Cette décision fait partie des conclusions de la conférence. Cinq commissions ont été formées et elles commenceront leur travail le 10 mars, au Caire. Mohamad Al-Hindi, n°2 du Djihad islamique, a souligné que les factions palestiniennes avaient « convenu de tourner la page des divisions et d’ouvrir une nouvelle page sur la base du dialogue, en commençant par la libération des détenus politiques ».

Il a ajouté que les commissions « devront se charger de la mise en place d’un nouveau gouvernement palestinien, de la préparation des élections législatives et présidentielles, de la refonte des services de sécurité et la réorganisation de l’OLP, pour inclure le Hamas et le Djihad islamique ». Une promesse importante. Lors de la réunion, les factions palestiniennes « ont convenu de procéder dans l’immédiat à la libération de tous les détenus et de cesser les détentions à caractère politique ». Les délégations des principaux mouvements rivaux, le Fatah et le Hamas, étaient dirigées respectivement par Ahmad Qoreï et le n°2 du bureau politique en exil à Damas, Moussa Abou-Marzouq.

Réussir est l’unique choix

L’espoir que cet accord tienne est d’ailleurs une condition sine qua non d’une reconstruction de Gaza et au-delà d’un éventuel processus de paix devenu incontournable après les massacres israéliens à Gaza. « Nous n’avons pas d’autres options que de réussir », avait bien mis en garde le patron des renseignements égyptiens, Omar Souleimane, dans son allocution d’ouverture de cette conférence. Un événement significatif : le n°2 du bureau politique du Hamas en exil à Damas, Moussa Abou-Marzouq, a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza, pour la première fois depuis plus de 30 ans, a-t-on appris samedi de source palestinienne.

« Il est entré à 07h00 (05h00 GMT) et est sorti 22h30 (20h30 GMT) », a affirmé à l’AFP un des employés palestiniens du terminal de Rafah, entre le sud de la bande de Gaza et l’Egypte. Une source officielle égyptienne à la frontière a confirmé son entrée dans l’enclave palestinienne, mais pas sa sortie. De quoi démontrer de bons rapports entre l’Egypte et le Hamas après une longue période de différends. Somme toute, comme le souligne Aude Signoles, politologue et spécialiste du Proche-Orient et auteur du Le Hamas au pouvoir. Et après ? aux éditions Milan. « L’offensive israélienne a changé la donne aussi bien pour le Fatah que pour le Hamas. L’offensive à Gaza a très fortement augmenté la popularité du mouvement islamiste en Cisjordanie, un territoire gouverné par le Fatah. Le Hamas a été perçu comme protégeant les intérêts nationaux des Palestiniens. A contrario, il a vu sa côte baisser dans la bande de Gaza, où il a pris le pouvoir en juin 2007. Les habitants lui reprochent d’avoir contribué, d’une certaine manière, à l’augmentation du nombre de morts ».

D’ailleurs, le Hamas a pu gagner les tenants du Realpolitik en dépit de l’opposition officielle que maintiennent les Etats-Unis et l’Union Européenne (UE). Un groupe d’anciens médiateurs de renom, en charge de conflits internationaux, a prôné un dialogue direct avec le mouvement islamiste palestinien du Hamas, pour permettre la paix au Proche-Orient, dans une lettre ouverte publiée jeudi dans le Times de Londres.

L’ancien ministre israélien des Affaires étrangères, Shlomo Ben-Ami, l’ancien envoyé de l’Onu au Proche-Orient, Alvaro de Soto, l’ex-envoyé de l’UE en Bosnie, Paddy Ashdown, et l’ex-ministre australien des Affaires étrangères chargé des négociations de paix au Cambodge, Gareth Evans, ont signé conjointement cette lettre, dans laquelle ils estiment que la politique visant à isoler le Hamas a échoué.

« En tant qu’anciens négociateurs de paix, nous pensons qu’il est d’une importance vitale d’abandonner la stratégie infructueuse d’isolement et d’impliquer le Hamas dans un processus politique ». D’ailleurs, du côté arabo-arabe, c’est aussi un discours de réconciliation. Le monde arabe s’était divisé pendant la guerre de Gaza (27 décembre-18 janvier) entre le camp « modéré », conduit par l’Egypte, l’Arabie saoudite et la Jordanie, proche de l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbass, et un autre camp « radical » favorable au Hamas, avec la Syrie et le Qatar.

Depuis la fin de la guerre, un bémol a été mis à ces divisions qui avaient atteint des sommets d’attaques verbales réciproques. La Syrie comme le Qatar ont assisté à la conférence de Charm Al-Cheikh. Il reste Israël qui s’engage sur la route de l’extrême droite et dont l’attitude risque de tout compromettre.

Du même auteur :

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Al-Ahram/hebdo - Semaine du 4 à 10 mars 2009, numéro 756 (Evènement)


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