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Gaza : questions et réponses (1°)

samedi 7 février 2009 - 14h:00

Stephen Shalom

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Le 27 Décembre 2008, Israël a lancé son attaque brutale, l’opération « Cast Lead », sur la bande de Gaza. L’objectif ici est de rassembler dans un même endroit les questions le plus fréquemment posées et d’y apporter des réponses et des sources.

Deuxième partie
Troisième partie

Quatrième partie

Introduction

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De façon méthodique et avec un large soutien occidental, l’état raciste et colonialiste israélien a détruit tout moyen de subsistance pour la population assiégée de Gaza, rendant celle-ci totalement dépendante d’une aide fournie par les Nations Unies via les postes-frontière israéliens. Une stratégie d’une grande efficacité et d’une grande cruauté - Photo : AFP

1. Israël n’a-t-il pas le droit de se défendre et de défendre sa population contre les attaques à la roquette ?

Les roquettes provenant de la bande de Gaza visant des civils israéliens violent le droit international.

Mais toute évaluation pour déterminer si les actions militaires israéliennes constituent une légitime self-défense doit tenir compte du contexte et de la question de la proportionnalité.

Le contexte général est que l’occupation israélienne des territoires palestiniens est illégale et injuste et Israël ne peut prétendre à l’auto-défense du moment que les Palestiniens luttent par des moyens légitimes pour mettre fin à l’occupation. (De la même manière que les troupes japonaises ne pouvaient pas prétendre à l’auto-défense quand ils ont été attaqués par la guérilla dans la Chine occupée ou les Philippines occupés pendant la Seconde Guerre mondiale.)

La bonne réponse israélienne à de telles actions palestiniennes n’est pas « l’auto-défense », mais un retrait complet des territoires occupés.

Gaza

2. Alors que les conquêtes d’une guerre d’agression sont clairement illégales, Israël n’a-t-il pas obtenu la Cisjordanie et Gaza suite à une guerre défensive contre une attaque menée par les États arabes voisins ?

La Cisjordanie (y compris Jérusalem-Est) et la bande de Gaza, ainsi que le Sinaï et le Golan ont été conquis par Israël durant la guerre de Juin 1967, une guerre dans laquelle Israël a attaqué en premier. Les partisans d’Israël estiment que même si Israël a tiré les premiers coups, cette guerre était préventive et justifiée, étant donné que les armées arabes se mobilisaient sur les frontières avec Israël, avec une rhétorique meurtrière. la rhétorique était à figer le sang (préoccupante), et de nombreuses personnes dans le monde entier s’inquiétaient pour la sécurité d’Israël Mais ceux qui ont compris la situation militaire - à Tel-Aviv et au Pentagone - savaient bien que même si les Arabes ont frappé en premier, Israël devrait prévaloir dans n’importe quelle guerre.

Le leader égyptien était à la recherche d’une échappatoire et a décidé d’envoyer son vice-président à Washington pour des négociations. Avant que cela arrive, Israël a attaqué, en partie parce qu’il rejetait les négociations et toute perspective d’un compromis pour sauver la face à l’Egypte. Menachem Begin, qui était un fervent partisan de cette guerre israélienne (entre autres) a été très clair sur la nécessité de lancer une attaque : En Juin 1967, il a dit, Israël « avait le choix ». Les concentrations de l’armée égyptienne ne prouvaient pas que Nasser était sur le point d’attaquer ». « Nous devons être honnêtes avec nous-mêmes. Nous avons décidé d’attaquer » [1].

Toutefois, même si la guerre de 1967 était entièrement défensive de la part d’Israël, cela ne justifie pas le fait de continuer de dominer les Palestiniens. Un peuple ne perd pas son droit à l’autodétermination, parce que le gouvernement d’un État voisin fait la guerre. Bien sûr, punissez la Jordanie et ne lui retournez pas la Cisjordanie (à laquelle elle n’avait pas le droit en premier lieu, après avoir participé avec Israël au découpage d’un État palestinien mort-né envisagé dans le plan de partition de 1947). Et ne retournez pas la bande de Gaza au contrôle administratif égyptien. Mais il n’y a aucune raison de punir la population palestinienne en la forçant à se soumettre à une occupation militaire étrangère.

Israël a immédiatement inclus le Jérusalem-Est occupé, annonçant que Jérusalem était sa capitale éternelle et unie. Il a alors commencé d’établir des colonies dans les territoires occupés en violation des Conventions de Genève, qui interdisent à une puissance conquérante d’installer sa population sur un territoire occupé. Le conseiller juridique du gouvernement israélien à l’époque, le distingué juriste Theodor Meron, a prévenu que toute colonie serait illégale, [2], mais il a été ignoré.

Et la Cour internationale de justice a statué - par une partie de l’opinion qui avait l’appui unanime de tous ses juges, y compris celle des États-Unis - que toutes les colonies dans les territoires occupés sont illégales [3].

3. Israël ne s’est-il pas retiré de Gaza, mettant ainsi fin à son occupation ?

Le retrait israélien n’a pas mis fin à l’occupation. Comme l’a noté en 2006 John Dugard, qui à l’époque était rapporteur spécial des Nations Unis sur les territoires palestiniens occupés.

Les déclarations du gouvernement israélien soulignant que le retrait a mis fin à l’occupation de la bande de Gaza sont totalement inexactes. Même avant le début de l’opération « Pluies d’été », suite à la capture du caporal Shalit, Gaza était restée sous le contrôle effectif d’Israël. Ce contrôle s’est manifesté de plusieurs façons. Israël conservait le contrôle de l’espace aérien, maritime et des frontières extérieures de Gaza. Bien qu’une disposition spéciale a été faite pour ouvrir de point de passage de Rafah vers l’Égypte, sous le contrôle de l’Union européenne, tous les autres points de passage sont restés fermés. Les actions des FDI [Forces de défense israéliennes] à l’égard de la bande de Gaza ont clairement démontré que la technologie moderne permet à une puissance occupante de contrôler efficacement un territoire, même sans présence militaire [4].

Le 20 Novembre 2008, Human Rights Watch a écrit au Premier ministre israélien Ehud Olmert, en indiquant, entre autres :

« Même si Israël a retiré ses forces militaires permanentes et démantelé ses colonies en 2005, il reste une puissance occupante à Gaza, en vertu du droit international, car il continue d’exercer au quotidien le contrôle des principaux aspects de vie dans la bande de Gaza » [5].

Si Israël s’est vraiment retiré de la bande de Gaza, alors il ne peut pas interdire les échanges commerciaux par mer ou par air entre la bande de Gaza et les autres pays, ni interdire les gens de voyager par bateau ou par avion de ou vers la bande de Gaza, ni survoler l’espace aérien de Gaza, patrouiller dans les eaux côtières, ou déclarer qu’il n’y a pas de « zones où aller » (no go zones) dans la bande de Gaza. Par ailleurs, Israël contrôle le Registre de population de Gaza et perçoit les droits d’importation sur les marchandises qu’il y laisse entrer [6].

4. Indépendamment du fait que l’occupation continue légalement, Israël n’a t il pas renoncé à ses colonies et ses bases militaires dans la bande de Gaza ?

Le "désengagement" d’Israël de Gaza était une initiative unilatérale, et pas du tout coordonné avec aucun des leaders palestiniens. Les colons israéliens ont été déménagés de la bande de Gaza, mais de nouveaux colons et plus que ceux qui sont partis de Gaza se sont installés en Cisjordanie en 2005, et les terres palestiniennes envahies en Cisjordanie sont beaucoup plus que celles données dans la bande de Gaza [7]. Il semble clair pour beaucoup que le désengagement était en fait une man ?uvre pour sécuriser l’emprise d’Israel sur la Cisjordanie et pour nier toute existence indépendante du peuple palestinien, plutôt qu’une étape vers un éventuel État palestinien.

Comme a déclaré Dov Weisglass, l’Etat major d’Ariel Sharon, à un journal israélien : L’importance du plan de désengagement :
« Est le gel du processus politique. Et quand vous gelez ce processus, vous empêchez la création d’un Etat palestinien et vous évitez une discussion sur les réfugiés, les frontières et Jérusalem. En effet, l’ensemble de ce paquet que l’on appelle l’Etat palestinien, avec tout ce que cela implique, a été retiré de notre ordre du jour indéfiniment. "[8]

5. Pourquoi Israël a l’obligation d’ouvrir ses frontières avec Gaza et d’y transmettre l’électricité ou le carburant ? N’a-t-il pas le droit de souveraineté et de fermer ses frontières comme il le souhaite ?

Quand un pays contrôle un territoire 40 ans, et interdit tous travaux de construction ou de développement qui pourraient permettre à ce territoire de fonctionner indépendamment, il a des obligations Lorsqu’en plus, ce pays interdit à ce territoire les échanges par voie aérienne ou maritime, il ne peut pas revendiquer le droit d’y couper les accès terrestres.

6. Gaza a une frontière terrestre avec l’Égypte. Pourquoi on reproche à Israël de couper les frontières avec la bande de Gaza ?

Quand Israël s’est retiré de la bande de Gaza, il n’a pas remis le point de passage de Rafah - la connexion avec l’Égypte - entre les mains des Palestiniens. En revanche, il a fait l’objet d’un accord de circulation et d’accès (« agreement on Movement and Access - AMA ») signé en Novembre 2005 par l’Autorité palestinienne et Israël, avec le soutien des États-Unis, qui prévoit sa prise en charge par du personnel de l’Union européenne (UE). Selon l’accord, Israël aurait un droit de veto sur tout ce qui peut entrer et sortir par la frontière (bien que les Israéliens ne seraient pas présents sur le point de passage, mais ils auraient un feedback et une notification en temps réel par vidéo sur toute personne qui cherche à traverser).

Comme l’organisation israélienne des droits de l’homme GISHA a noté, « À l’exception des effets personnels transportés par les voyageurs, les importations par le biais de Rafah, le seul passage vers la bande de Gaza non contrôlé directement par Israël, ne sont pas autoriséés." [9]

De toute façon, l’Egypte pourrait, bien sûr, ignorer l’AMA et ouvrir les frontières Et elle doit le faire. Et les gouvernements de l’Union européenne et des États-Unis peuvent et doivent mettre fin à leur étranglement financier de la bande de Gaza et envoyer des fournitures à Gaza par la mer, ignorant tout blocus israélien, du fait qu’Israël ne va probablement pas couler leurs navires. Le comportement de l’ensemble de ces gouvernements est répréhensible.

Notes :

[1] "Excerpts from Begin Speech at National Defense College," New York Times, Aug. 21, 1982.

[2] Donald Macintyre, "Secret memo shows Israel knew Six Day War was illegal," The Independent, May 26, 2007.

[3] International Court of Justice, Legal Consequences of the Construction of a Wall in the Occupied Palestinian Territory, Advisory Opinion, July 9, 2004 ; Declaration of Judge Buergenthal (agreeing that the Israeli settlements violate Article 49, paragraph 6, of the Fourth Geneva Convention and thus violate international humanitarian law).

[4] John Dugard, Special Rapporteur on the situation of human rights in the Palestinian territories occupied since 1967, report transmitted by the Secretary General, "Situation of human rights in the Palestinian territories occupied since 1967," UN General Assembly doc. A/61/470, Sept. 27, 2006.

[5] Human Rights Watch, "Letter to Olmert : Stop the Blockade of Gaza," Nov. 20, 2008.

[6] Sari Bashi and Kenneth Mann, Disengaged Occupiers : The Legal Status of Gaza, Tel Aviv : Gisha : Legal Center for Freedom of Movement, Jan. 2007.

[7] Chris McGreal, "Israel redraws the roadmap, building quietly and quickly ; Settler population grows as Sharon grabs more West Bank land than he returned in Gaza," Guardian, Oct. 18, 2005.

[8] Avi Shavit, "The big freeze," Haaretz, Oct. 8, 2004.

[9] Bashi and Mann, Disengaged Occupiers, p. 41.

* Steve Shalom enseigne les sciences politiques à à l’Université William Paterson dans le New Jersey.
Il a notamment écrit : Which Side Are You On ? : An Introduction to Politics, publié aux éditions Longman

16 janvier 2009 - ZNET - Vous pouvez consulter cet article ici :
http://www.zcommunications.org/znet...
Traduction de l’anglais : Cha’am


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