16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Le vice-président d’Obama, un bon choix pour Israël ?

vendredi 19 septembre 2008 - 07h:05

Susan Abulhawa
Washington Times

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Il est difficile pour l’Américain moyen de croire que les intérêts israéliens puissent avoir une telle influence sur une élection présidentielle

« Le lobby » a dit

Il a éclipsé l’enthousiasme de la convention des Démocrates, il a gagné l’électorat féminin et en même temps, il a rassuré du centre vers la droite, jusque chez les conservateurs, et il pourrait bien avoir placé une candidate aux présidentielles pour le ticket républicain aux prochaines élections. Cela suit une certaine logique. Mais d’un autre côté, les meilleures explications du choix de Barak Obama pour Joseph Biden ne collent pas toujours.

JPEG - 5.8 ko
Mr Biden

Il est vrai que Mr Bigen apporte quelque expérience politique au ticket de Mr Obama, mais il pourrait y avoir bien d’autres raisons à ce choix de Mr Obama. Mr Biden a aussi réduit l’écart racial existant toujours malheureusement en Amérique. Mais là encore, il pourrait y avoir d’autres raisons.

Mais enfin quelles raisons ? Eh bien, Mr Biden, qui s’est proclamé sioniste, apporte un apaisement aux craintes des Israéliens et des juifs américains que Mr Obama soit peu accommodant envers Israël.

Je sais qu’il est difficile pour l’Américain moyen de croire que les intérêts israéliens puissent avoir une telle influence sur une élection présidentielle. La propagande israélienne a fait un travail remarquable en lançant un véritable débat sur le Moyen-Orient et sur le rôle d’Israël dans l’élaboration de notre politique étrangère. Que ce soit en diffamant Jimmy Carter pour avoir osé parler ou en censurant ou ignorant des livres scolastiques importants comme Le lobby pro-israélien des professeurs Walt et Mearsheimer, les Américains sont laissés dans l’ignorance de l’importance qu’il y a à plaire à Israël pour avoir une chance réelle d’occuper un poste d’élu à Washington. Tout homme ou femme politique, tout journaliste et tout expert sait qu’il ne pourra être élu à Washington sans la bénédiction de l’Americain Israel Politique Action Commitee (AIPAC), que l’on connaît simplement comme « le Lobby » à Washington.

Sous l’administration Clinton, le chef de l’AIPAC avait dû démissionner après que quelqu’un eut divulgué l’enregistrement d’une discussion qu’il avait eue sur la façon dont l’AIPAC avait négocié, avec le président, le choix d’un secrétaire d’Etat. Il s’agit incontestablement du groupe d’intérêts étrangers le plus puissant à Washington et, sans doute, le lobby le plus puissant en général.

Henry Siegman, ancien directeur du Congrès juif américain et spécialiste du Moyen-Orient au Conseil des relations étrangères a reconnu qu’« en ce qui concerne le conflit israélo-arabe, les termes du débat sont tellement influencés par les groupes juifs organisés, tel l’AIPAC, que critiquer Israël revient à s’interdire soi-même de réussir dans la politique américaine. » Un exemple typique de la forte influence qu’Israël exerce sur la politique étrangère américaine nous a été donné lors de l’été 2006, quand Israël a attaqué le Liban. Alors que le monde entier condamnait cette agression, nous étions les seuls à soutenir Israël. Le 18 juillet, le Sénat approuvait à l’unanimité une résolution « condamnant le Hamas et le Hezbollah et les Etats qui les financent et soutenant l’exercice par Israël de son droit à se défendre lui-même ». Après que le débat ait retiré du projet de loi « toutes les parties doivent protéger la vie des civils innocents et les infrastructures », la version de la Maison-Blanche était votée en une victoire écrasante par 410 voix pour et 8 contre.

Ainsi, en réaction à l’enlèvement de deux soldats israéliens (lui-même en réaction au meurtre d’un Libanais qui se trouvait du côté libanais), Israël a tué et mutilé des milliers de civils, anéanti des infrastructures civiles et jonché le Sud Liban de plus de 100 000 bombes à sous-munitions non explosées mondialement prohibées. Le Congrès approuvait et soutenait explicitement les actions d’Israël avec cette résolution, résolution qui, en fait, avait été rédigée par l’Aipac ! Même quand une analyse d’après guerre, par le département d’Etat, a été remise à Nancy Pelosi et à Mr Biden, affirmant qu’Israël pouvait avoir violé la loi sur le contrôle des exportations d’armes en utilisant, au Liban, les bombes à sous-munitions fabriquées aux Etats-Unis, le soutien bipartite d’Israël est resté inébranlable.

Ce rapport potentiellement explosif, relatant comment Israël avait pu utiliser les armes fournies par les Américains pour commettre des crimes de guerre, a été ignoré par Mr Biden et Madame Pelosi, lesquels tous deux se sont rendus en Israël à maintes reprises, accompagnés de nombreux autres hommes politiques, se prosternant comme ils le font toujours pour exalter les vertus de l’Etat juif et professer un soutien éternel et irréductible à un pays qui viole actuellement au moins 200 résolutions des Nations unies et qui a été condamné dans les termes les plus sévères par des organisations des droits de l’homme du monde entier. Un pays qui a, maintes fois, été pris en flagrant délit d’espionnage contre les Etats-Unis (la dernière fois, deux officiels de haut niveau de l’AIPAC ayant été inculpés avec preuve à l’appui, pour avoir accepté et transmis à Israël des documents confidentiels liés à la sécurité nationale de la part d’un analyste du département de la Défense qui travaillait avec l’AIPAC), et qui continue à défier les exigences US pour l’arrêt de l’annexion et de la colonisation des propriétés privés des Palestiniens pour y implanter des colonies illégales réservées aux seuls juifs. On aurait pu penser qu’un tel comportement amène au moins les candidats à formuler quelques critiques. Mais il est rare qu’un politicien l’ose.

Mr Biden a fait ses preuves comme acolyte d’Israël. Dans une interview sur la chaîne de télévision Shalom, Mr Biden s’est exclamé : « Je suis un sioniste ». Ira Forman, directeur exécutif du Conseil démocratique national juif a déclaré : « Biden est un grand ami... avec un solide passé pro-israélien. »

Mesdames et Messieurs, Mr Biden apporte avec lui « le Lobby » dans le camp Obama et c’est pourquoi il a été choisi. Ouvrons au moins le débat pour y prendre en compte l’influence de ce lobby d’intérêts étrangers. Les Américains méritent de comprendre les forces qui sous-tendent les décisions qui les concernent tous, individuellement et collectivement en tant que nation.


Susan Abulhawa est fondatrice de Playgrounds for Palestine.

Elle est l’auteur du livre : Les Matins de Jénine, paru cet été 2008 chez Buchet-Chastel.

Du même auteur :

- Le Salon du livre efface l’histoire palestinienne

18 septembre 2008, Washington Times - traduction : JPP


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.