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Susan Abulhawa : « Les Matins de Jénine ne chantent plus »

dimanche 29 juin 2008 - 09h:23

Rémi Yacine - El Watan

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Publication : ouvrage poignant de Susan Abulhawa

Il faut avoir une sacrée dose de courage, de masochisme ou tout simplement être un amoureux des lettres et de la Palestine pour lire le livre de Susan Abulhawa. C’est avec un c ?ur serré, étranglé qu’on le feuillette.

Comment un peuple peut-il vivre autant de drames, d’humiliations, sans que la communauté internationale, cette appellation d’origine incontrôlée, aussi fantomatique qu’irréelle, ne réagisse ? Comment peut-on comprendre le traitement médiatique du conflit israélo-palestinien où le colon est toujours gentil et démocrate, et le colonisé terroriste et intégriste ? Il fallait absolument un livre-saga sur la Palestine, même accouché dans la douleur.

Susan Abulhawa l’a fait avec beaucoup de talent et d’humanité. Elle était en Cisjordanie au printemps 2002, lors du massacre perpétré par l’armée israélienne dans le camp de réfugiés palestiniens de Jénine. Elle décide de témoigner, pas comme journaliste ou humanitaire.

Auteure américaine d’origine palestinienne, née en 1967 dans un camp de réfugiés, alors que ses parents venaient d’être expulsés et dépossédés de leurs terres par Israël à la suite de la Guerre des Six jours, elle décide de se consacrer à la littérature et à la défense du peuple palestinien.

Elle a grandi dans divers pays (le Koweït, la Jordanie, Jérusalem-Est occupée...), avant d’aller vivre aux Etats-Unis où elle a suivi des études de sciences biomédicales à l’Université de Caroline du Sud et a effectué depuis, une brillante carrière de biologiste médicale.

Révoltée par les traitements diplomatique et médiatique biaisés du conflit israélo-palestinien, elle a décidé de se consacrer à l’écriture et à la défense du peuple palestinien. Les Matins de Jénine est plus qu’un témoignage, un document sur la souffrance des Palestiniens depuis la Naqba.

En 1948, l’année de la naissance d’Israël, la famille de Hassan et de Dalia, Palestiniens soudés à la terre de leurs ancêtres dans le village de Ein Hod, vit au rythme des récoltes d’olives. Son destin bascule le jour où Ismaïl, le petit second, est enlevé par Moshe et Jolanta, un couple d’Israéliens en mal d’enfants. Rebaptisé David, Ismaïl est élevé dans l’ignorance de ses véritables origines et dans la haine des Arabes. Le reste de la famille se retrouve sous les tentes et les tôles ondulées.

Jénine, mon amour. Spoliation, humiliation, injustice, révolte, exode, éclatement. A travers cette famille, on entre dans l’intimité d’un peuple déraciné. Trois générations pour dire une histoire, l’histoire. Susan Abulhawa signe un livre puissant.

Les Matins de Jénine, éditions Buchet-Chastel, 2008

Qui est Susan Abulhawa ?

Susan Abulhawa, auteure américaine d’origine palestinienne, est née en 1967 dans un camp de réfugiés palestiniens, alors que ses parents venaient d’être expulsés et dépossédés de leurs terres par Israël à la suite de la Guerre des Six jours. Elle a grandi dans divers pays (le Koweït, la Jordanie, Jérusalem-Est occupée,...) avant de venir vivre aux Etats-Unis, où elle a suivi des études de sciences biomédicales à l’Université de Caroline du Sud et a effectué depuis une brillante carrière de biologiste médicale.

Il y a une dizaine d’années, révoltée par les traitements diplomatique et médiatique biaisés du conflit israélo-palestinien, elle a décidé de se consacrer à l’écriture et à la défense du peuple palestinien.

Sur ce sujet, Susan Abulhawa a publié dans la presse américaine — notamment dans le Daily New de New York, le Chicago Tribune, le Christian Science Monitor ou encore le Philadelphia Inquirer — de nombreux articles et tribunes libres très remarqués. En 2001, elle a également pris l’initiative de fonder l’ONG Playgrounds For Palestine qui a pour mission d’offrir des terrains de jeux aux enfants palestiniens vivant dans les territoires occupés par l’armée israélienne. Plusieurs aires de jeux ont ainsi été créées à Bethléem, Naplouse, Rafah, Khan Younis et Hébron.

Au printemps 2002, lors du massacre perpétré par l’armée israélienne dans le camp de réfugiés palestiniens de Jénine, Susan Abulhawa s’est rendu en Cisjordanie. Elle a tiré de son voyage un livre-document, Les Matins de Jénine (2003, éditions Buchet-Chastel 2008) qui, à travers l’histoire de trois générations d’une famille vivant dans un camp de réfugiés, témoigne de la tragédie qui a frappé les Palestiniens après 1948 (année de la création de l’Etat juif sur les territoires de la Palestine historique).

Elle est également l’auteur d’un recueil d’essais, Shattered Illusions (2002, non traduit en français), consacré à la situation imposée par Israël au peuple palestinien : colonisation et occupation militaire des terres en toute illégalité, déportations et crimes inhumains contre les populations civiles (notamment contre les enfants), politique d’apartheid (racisme, asphixie économique et destruction de la culture),... Enfin, son dernier livre publié, The Scar of David(La Cicatrice de David, 2006, non traduit en français), est un roman historique qui traite du douloureux conflit politique et identitaire entre les peuples israéliens et palestiniens.

Dans une lettre ouverte, Susan Abulhawa a dénoncé la décision des organisateurs du Salon du livre de Paris, c’est-à-dire le Ministère de la Culture et le Syndicat National de l’Édition (SNE), d’accueillir Israël comme "Invité d’honneur" en 2008.

Comme la plupart des écrivains et éditeurs des pays arabo-musulmans qui ont décidé de boycotter la rencontre parisienne, elle dénonce l’instrumentalisation politique sous couvert littéraire de ce Salon du Livre qui entend célébrer en grande pompe tout à la fois le 60e anniversaire de la création de l’Etat hébreu, alors qu’Israël viole quotidiennement les Droits de l’Homme et est responsable de nombreux crimes de guerre et crimes contre l’humanité (au sens juridique du terme), et la littérature hébraïque "pure", puisque seuls les auteurs écrivant en hébreu sont mis à l’honneur alors que l’arabe est la deuxième langue officielle parlée et écrite à Jérusalem.

"Les organisateurs du Salon du Livre veulent-ils, à l’instar d’Israël, faire comme si la Palestine et les Palestiniens n’existaient pas ? [...] À moins qu’ils soient simplement complices d’Israël pour débarrasser le monde de notre peuple, de notre mémoire, de notre culture et de notre histoire ?", s’interroge Susan Abulhawa.

La République des Lettres, mercredi 12 mars 2008

29 juin 2008 - El Watan


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