16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

« Abattez les murs »

lundi 11 février 2008 - 07h:56

Saeed Taji Al-Farouky - Al Jazeera.net

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Interview de Norman Finkelstein, un des universitaires les plus critiques par rapport à Israël et fervent défenseur des Palestiniens.

JPEG - 34.7 ko
La dernière brèche encore ouverte à la frontière entre la bande de Gaza et l’Egypte pour permettre aux Palestiniens de rentrer à pied à Gaza a été fermée - Photo : AFP

Norman Finkelstein invite les Palestiniens à détruire le mur de « ségrégation » construit, sous l’occupation israélienne, à travers la Cisjordanie et Jérusalem-est.

Fils de survivants de l’holocauste, Finkelstein était assistant professeur en Sciences Politiques à l’université De Paul à Chicago durant six années jusqu’à ce que sa titularisation lui soit refusée en juin 2007.

Connu pour ses études critiques d’autres travaux universitaires sur Israël - notamment son inimitié de longue date avec Alan Dershowitz, un professeur de Droit à Harvard et supporter pro-israélien - il a édité six livres sur l’occupation et la question palestinienne.

Les travaux de Finkelstein lui ont amené éloges mais aussi des condamnations.

Finkelstein travaille à son septième livre - "Un adieu à Israël : La prochaine dissolution du sionisme américain" - postulant que le soutien juif américain vis à vis d’Israël commence à faiblir.

Actuellement en tournée internationale de conférences au Venezuela, aux Pays Bas, en Turquie, au Liban, au Japon, au Royaume-Uni, au Canada et aux Etats-Unis, Finkelstein s’est exprimé devant Al Jazeera au sujet du blocus de Gaza et quant aux options possibles pour les Palestiniens.

Al Jazeera : Y a-t-il eu beaucoup de polémiques avant votre tournée de conférences ?

Finkelstein : Il y a eu quelques moments difficiles aux Etats-Unis mais cela ne se produit quasiment plus.

La défense d’Israël [à propos de l’occupation] s’est effondrée ; elle n’est pas seulement faible, elle s’est effondrée. Vous auriez pu voir dans l’assistance [à l’université de Manchester] qu’il y avait une rangée de personnes hostiles qui finalement étaient impatientes de m’entendre jusqu’à la fin, et j’ai terminé ces personnes n’ont présenté aucune objection parce que cette siuation [l’occupation] est indéfendable.

Je pense que les gens en savent trop.

Qu’en est-il des Palestiniens ?

La suggestion doit être, commeje l’ai déjà dit, aide-toi, le ciel t’aidera. Les Palestiniens doivent trouver une manière d’agir de façon autonome, et je pense que ce qui s’est produit en janvier [la destruction d’une partie du mur séparant Gaza e l’Egypte] est un signe encourageant.

C’est exactement ce ce qu’ils devraient faire en Cisjordanie. Un million de Palestiniens armés avec des pics et des marteaux devraient aller jusqu’à ce mur et dire « la Cour internationale de Justice (ICJ) a décrété que ce mur devait être démantelé. Nous mettons en application la décision de l’ICJ. Nous démantelons le mur. »

Est-ce que cela vous signifie que vous encouragez la violence ?

Ce qui s’est produit à Gaza le mois dernier n’était pas de la violence. Je préconise ce que le droit international reconnait - que les gens vivant sous occupation peuvent résister à cette occupation en employant les moyens qui sont légaux en vertu de cette loi. Ceci inclut la violence à condition que vous visiez des combattants et non pas des civils.

John Mearsheimer et Stephen Walt ont écrit en 2007 dans leur ouvrage "Le lobby pro-israélien et la politique extérieure des Etats-Unis" qu’Israël a une énorme influence sur la politique de Washington. Le lobby pro-israélien dirige-t-il Washington, ou est-ce le contraire ?

Je ne suis pas vraiment d’accord avec Stephen Walt et John Mearsheimer. Sur des questions régionales plus larges, telles que l’Iran, l’Irak et d’autres, ce sont les Etats-Unis qui décident car il y a des intérêts américains fondamentaux.

Ce sont des personnes impitoyables - comme Donald Rumsfeld, l’ancien Secrétaire d’Etat à la Défense et Dick Cheny, le vice-président - et aucun lobby pro-israélien ne va leur indiquer ce qu’il faut faire. Mais quand aux questions israéliennes comme l’occupation et les colonies, à cet égard je pense que c’est le lobby [qui décide].

George Bush, le président américain, a qualifié l’Iran et la Corée du Nord « d’états voyous ». Considérez-vous Israël comme un « état voyou » ?

C’est plus qu’un état voyou. C’est un état devenu fou. Le seul pays dans le monde où la population soutient avant tout une attaque contre l’Iran est Israël - - 78 pour cent veulent attaquer l’Iran. L’état est devenu enragé. Le monde entier aspire à paix, et Israël aspire constamment à la guerre.

Vous avez été traité d’extrémiste, de néonazi, d’antisémite et de dénégateur d’holocauste.

Ce que je dois dire n’est pas particulièrement radical. J’ai dit à peine plus que ce que la communauté internationale dans sa totalité a dit pendant les 30 dernières années. Quand les gens entendent réellement ce que je dis, cela ne leur parait pas particulièrement extrême.

Une des critiques les plus sérieuses contre vous fait référence à votre invitation à la conférence sur l’holocauste à Téhéran en décembre 2006.

J’avais dit que j’y participerais sous trois conditions. Premièrement, il fallait me fournir une liste des invités parce que je voulais pouvoir juger si c’était une conférence sérieuse ou si c’était un cirque. Deuxièmement, on devait me donner le temps suffisant pour présenter mon point de vue, et troisièmement, ont devait me laisser parler dans les universités et aux étudiants.

Ils ont rejeté chacune de ces trois conditions et j’ai donc repoussé l’invitation.

Que dites-vous de la critique selon laquelle vous avez témoigné comme un témoin expert en faveur du Hamas dans un procès aux Etats-Unis en 2006 ?

A Chicago, il y avait une personne qui était la cible d’une accusation complètement folle de terrorisme et j’ai été convoqué comme témoin expert pour expliquer ce qu’était le Hamas à Gaza. C’est tout ce que j’ai fait [dans ce procès].

Je leur donnerais certainement mon soutien ; quel est le problème avec le Hamas ? Ils sont le gouvernement élu en Palestine. On peut les considérer comme on veut, le peuple les a élus.

Essayez-vous délibérément de provoquer une réaction en exposant vos idées ?

Non, je n’ai aucune envie de provoquer, je veux remporter cette cause [la Palestine]. Je pense que nous pouvons vraiment la gagner ; c’est l’une des raisons qui font que je suis en tournée de conférences.

Je pense qu’Israël est maintenant en chute libre dans l’opinion publique. Et je pense que ce sera ensuite encore pire car plus personne ne défendra Israël lorsque les Palestiniens feront sauter le mur.

JPEG - 3.2 ko

Du même auteur :

- Tuez des Arabes, criez à l’antisémitisme !

Articles liés :

- Liban : Norman Finkelstein a rencontré un responsable du Hezbollah
- L’affaire Finkelstein (suite)
- Un critique du sionisme se voit refuser le poste de professeur titulaire dans une université américaine
- Une campagne contre Norman Finkelstein

4 février 2008 - Al Jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/NR/exe...
Traduction : Claude Zurbach


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.