« Si vous, les sionistes, pensez attaquer le Liban, je vous réserve une surprise qui changera le destin de la guerre et de la région. » (Hassan Nasrallah)

Beyrouth. Ne vous êtes-vous jamais demandé à quoi ressemble l’intérieur d’un bunker du Hezbollah ? Pas au point d’y rester prisonnier mais juste pour le plaisir de la découverte ? Bien, pendant un court moment, et seulement un court moment, n’importe qui au Liban peut vivre la meilleure expérience en visitant le nouveau musée du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth, où il n’y a aucun droit d’entrée à acquitter et où il n’est pas nécessaire d’avoir les yeux bandés.

Un tank israélien capturé est exposé par le Hizballah à l’occasion du premier anniversaire de la guerre de 2006 contre Israël - Photo : Bryan Denton / Atlaspress

Imaginez le Musée Impérial de la Guerre en Grande-Bretagne réalisé par une milice islamique, et vous aurez le curieusement nommé musée de « la toile d’araignée », construit pour commémorer « la divine victoire » remportée par le Hezbollah sur Israël après leur guerre de 34 jours l’été passé et qui s’est interrompue il y avait juste un an hier. Bien que ce ne soit qu’une installation provisoire construite sur les ruines d’un bâtiment rasé pendant la guerre, le musée porte la marque de l’organisation de guérilla par le niveau de ses détails et par ce qu’il exprime de courage.

Conçu comme une forteresse se dressant au milieu d’un champ de mines, de véhicules blindés et de temps en temps de palmiers, le musée présente une exposition des armes et des tactiques du Hezbollah, dont une simulation d’un bunker en première ligne, complétée d’un poste de travail informatique, d’une couverture de prière et d’un chauffe-plat. Encore un peu et on se croirait dans une chambre universitaire.

En plus des schémas présentant les dernières innovations de roquettes antichar de fabrication iranienne et russe et d’un jeu vidéo ultra-violent avec les forces spéciales du Hezbollah, l’élément le plus impressionnant est une plaque énumérant chaque avion de guerre israélien ayant bombardé le Liban pendant la guerre avec leur identification d’escadron et leur base d’origine. Non seulement le Hezbollah a survécu au bombardement, mais ses observateurs avaient toujours la présence d’esprit de tout noter. Pas mal de la part de 3000 combattants réguliers affrontant la super-puissance régionale !

Les Israéliens représentés dans le musée sont soit morts (sous la forme de mannequins) soit des fous de guerre (on voit en photo des écoliers israéliens écrivant des messages haineux sur des obus d’artillerie) soit incompétents. « Nous supprimerons le Hezbollah dans les trois jours, » claironne une affiche montrant l’ancien général israélien Dan Halutz, alors qu’à côté de lui l’ancien ministre de la défense Amir Peretz regarde par des jumelles en les tenant à l’envers.

Tous ces « Mort à Israël » sont conformes à la propagande habituelle du Hezbollah. Mais ce qui est différent dans ce musée de « la toile d’araignée », est la tonalité dans l’ensemble assez macho et vantarde. Le Hezbollah était célèbre pour être l’une des rares organisations Arabes dont les actions étaient plus expressives que les mots. Le ton fanfaron utilisé depuis l’été passé est un signe de confiance en soi découverte récemment mais aussi de faiblesse. Bien que le Hezbollah ait gagné la guerre contre Israël, il n’a pas encore gagné la paix.

Après la guerre, le Hezbollah a lancé une campagne pour renverser le courant pro-américain dans le gouvernement libanais qu’il accuse de collaborer avec Israël dans l’objectif de détruire le Hezbollah comme état dans l’état libanais. Mais la campagne d’opposition menée par le Hezbollah fait du surplace - ses militants sont immobilisés dans des campements de protestation au centre de Beyrouth depuis les huit derniers mois - en partie parce que beaucoup de Libanais estiment que le Hezbollah a unilatéralement déclenché une guerre qui s’est terminée avec presque 2000 morts et des milliards de dollars de dommages.

De plus, le cessez-le-feu qui est entré en vigueur il y a un an rend le Hezbollah vulnérable. Il y a maintenant environ 13000 soldats des Nations Unies imposant la paix au Liban sud, rendant difficile que le groupe réarme sur son terrain préféré. Par ailleurs, une enquête des Nations Unies sur une série d’assassinats politiques au Liban se rapproche de l’état qui patronne le Hezbollah, la Syrie, et il y a des discussions concernant un déploiement de troupes des Nations Unies le long de la frontière avec la Syrie pour empêcher que des armes ne soient livrées au Hezbollah. Pour le compléter tableau, les fauconx israéliens indiquent que c’est simplement une question de temps avant que leur armée ne retourne au Liban pour « finir le travail pour de bon ».

Mais la seule chose est plus dangereuse qu’un Hezbollah victorieux, c’est un Hezbollah affaibli. Si les soldats des Nations Unies au Liban veulent jamais exercer une réelle contrainte sur le Hezbollah, la force de maintien de la paix serait alors grillée. L’histoire libanaise est remplie d’exemples d’armées étrangères rencontrant leur destin dans ce pays fractionné. Le Hezbollah lui-même est issu de l’invasion israélienne désastreuse de 1982 et du carnage qu’elle a provoquée. Une nouvelle invasion massive apporterait au mieux une victoire à la Pyrrhus. Et si Israël rasait la moitié du Liban, un nouveau danger surgirait des ruines.

« Si vous, les sionistes, pensez attaquer le Liban, je vous réserve une surprise qui changera le destin de la guerre et de la région, » a déclaré la nuit dernière Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah, lors d’un discours. S’agit-il de missiles à longue portée ? D’un pacte avec le Hamas et l’Iran ? D’armes de destruction massive ? Quelle que soit la surprise de Nasrallah, elle n’est pas présentée au musée de guerre.

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15 août 2007 - Time.com - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.time.com/time/world/arti...
Traduction : Alverny