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La Syrie et la crise libanaise

mardi 4 décembre 2007 - 06h:06

Radwane Ziyada - Al Ahram Hebdo

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Avec l’assassinat de l’ex-premier ministre libanais Rafiq Al-Hariri en 2005, les relations syro-libanaises sont entrées dans une nouvelle phase, tant au niveau des relations bilatérales entre les 2 pays qu’au niveau des relations régionales et internationales de la Syrie. La Syrie a fait l’objet d’accusations et a été exposée à de fortes pressions internationales visant à l’obliger à changer la nature de ses relations avec le Liban. Des conditions ont été imposées à la Syrie comme la détermination des frontières entre les 2 pays, la reconnaissance de la souveraineté libanaise et l’échange d’ambassadeurs. Une résolution du Conseil de sécurité a été promulguée à ce propos et une autre a appelé la Syrie à coopérer avec le comité international chargé de juger les inculpés dans l’assassinat de Hariri.

C’est ainsi que Damas semblait être encerclé par toute la communauté internationale. Il y a même eu entente franco-américaine, chose très rare, autour du dossier syro-libanais et cette entente a donné naissance à la résolution internationale n°1 559. La situation a empiré à cause de la faiblesse de la direction syrienne dans la gestion de la crise aux niveaux médiatique et politique. C’est ainsi qu’au lieu de disparaître, les doutes ont augmenté. En effet, la direction syrienne s’est montrée confuse et incapable de prendre une décision. Les 15 ans de relations historiques particulières et le traité de fraternité, de coopération et de coordination entre le Liban et la Syrie n’ont pas réussi à éloigner les différends. La situation s’est alors détériorée avec l’incapacité des hommes politiques syriens de prendre la bonne initiative au bon moment.

Or, Damas assume la responsabilité complète de la détérioration de ses relations avec le Liban pour avoir négligé de fonder ses relations selon des bases nouvelles qui dépassent le « dossier ». C’est ainsi que les erreurs se sont accumulées, lorsque la Syrie était encore présente au Liban, au point d’exploser d’un seul coup au visage de Damas.

Damas a toujours insisté à ce que les relations entre les deux pays soient gérées par des accords et des pactes, et déterminées par les institutions des deux Etats. La politique syrienne se base sur des personnes au lieu de construire des politiques stratégiques réelles. C’est pour cela qu’elle a pris la décision de prolonger la présidence d’Emile Lahoud et de l’imposer à travers le Parlement libanais d’une façon ou d’une autre. Et les Syriens n’ont trouvé aucun prétexte légitime qui aurait justifié ce pas.

C’est ainsi que les différends syro-libanais se sont de plus en plus aggravés, en particulier après l’assassinat de Hariri. Et voilà qu’aujourd’hui la crise prend une forme différente avec la nécessité d’élire un nouveau président libanais.

Mais aujourd’hui, après l’échec américain contre l’Iraq et la victoire du Hezbollah dans sa guerre contre Israël en juillet 2006, la Syrie se sent en position de force. Elle croit avoir récupéré son influence au Liban en comptant sur ses alliés, en particulier le Hezbollah.

C’est ainsi que la Syrie s’est engagée de nouveau sur la scène internationale après l’isolement qui lui avait été imposé. Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Al-Moallem, s’est réuni avec ses homologues américain et français à Istanbul en marge de la réunion des ministres des Affaires étrangères des Etats voisins de l’Iraq. L’objectif était d’exercer une pression sur la Syrie en essayant de la convaincre que le chemin du retour à la communauté internationale passe par le Liban. Quant à Al-Assad, il s’est réuni avec Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, et Jean-David Lévitte, conseiller diplomatique du président Sarkozy, à Damas le 4 novembre. Cette réunion était la première en son genre entre le président syrien et un responsable français depuis l’assassinat de Hariri.

Le message que la communauté internationale essaye de faire parvenir à la Syrie est qu’elle n’est pas contre le régime syrien ou sa stabilité. Il y a donc une disposition à une « ouverture exceptionnelle » comme l’a dit le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, « si » la Syrie facilite la tenue des élections présidentielles libanaises à la date prévue. Tout en reconnaissant son droit à ne pas faire élire un président hostile à la Syrie.

C’est ainsi que Damas ne se sent pas en position de faiblesse qui l’obligerait à présenter des concessions en ce qui concerne l’élection d’un nouveau président libanais. Or, les responsables syriens savent qu’il ne faut pas laisser passer l’occasion de profiter des efforts internationaux pour redonner du souffle au rôle syrien sur la scène libanaise, arabe et internationale.

Donc, la Syrie se trouve aujourd’hui dans un tournant décisif en ce qui concerne sa politique extérieure, en particulier en matière des relations syro-libanaises. Le défi le plus important étant la coopération syrienne avec l’enquête internationale et avec la Cour internationale de la justice.

Le second défi que la Syrie doit affronter, c’est la nécessité de parvenir à un équilibre entre ses relations avec les deux axes actifs dans la région, c’est-à-dire l’Iran et le Hezbollah, et son rôle historique à l’intérieur de l’axe qui regroupe l’Arabie saoudite, l’Egypte et la Syrie. Cet axe qui a tracé la politique du Proche-Orient au long de nombreuses décennies a connu un déséquilibre important pour ne pas dire qu’il a perdu un de ses maillons à la suite de l’assassinat de Hariri, le maillon syrien. En effet, l’Arabie saoudite a considéré que cette frappe lui était adressée personnellement. La guerre de juillet 2006 et le discours d’Assad qui a suivi étaient des accusations contre les dirigeants d’Arabie saoudite, d’Egypte et de la Jordanie d’être des « demi-hommes ». C’est ainsi que les relations syro-saoudiennes et les relations syro-égyptiennes ont été fortement affectées.

Les relations syro-égyptiennes ne sont plus ce qu’elles étaient. Nombreux différends existent aujourd’hui. Et même s’ils restent secrets la plupart du temps, ils apparaissent parfois avec force.

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Radwane Ziyada




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