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Des Israéliens se mobilisent contre le processus d’Annapolis

jeudi 29 novembre 2007 - 07h:30

Serge Dumont - Le Temps

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« La division de Jérusalem n’est pas discutable et ne le sera jamais »

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Jérusalem

« Je n’arrive pas à imaginer qu’un gouvernement d’Israël puisse envisager de couper la ville en deux. » Originaire de la région parisienne et résidente de Pisgat Zeev - l’un des « nouveaux quartiers » construits sur les terres conquises en 1967 -, Nadia Mimoun n’est pas une militante politique. Elle a d’ailleurs refusé de se joindre aux 15000 colons qui manifestaient lundi soir contre le processus d’Annapolis. Mais l’idée que certains des quartiers arabes de la ville pourraient peut-être être sous le contrôle de l’Autorité palestinienne (AP) l’a hérissée. « Jérusalem a toujours été au centre de nos prières et nous en avons été privés durant deux mille ans, dit-elle. Maintenant qu’elle est à nous, on n’en lâche pas un centimètre. Ce n’est pas discutable et ce ne le sera jamais. »

Pourtant, les Israéliens ne s’aventurent pas dans les quartiers arabes de la ville conquis en juin 1967 et annexés le 30 juillet 1980. Mais, pour 79% des ressortissants de l’Etat hébreu, leur contrôle ne souffre d’aucune discussion.

Affiches alarmistes

Ces derniers jours, des milliers d’affiches placardées par les partis de la droite nationaliste sont apparues en tout cas sur les murs de Jérusalem-Ouest (la partie juive de la ville). Elles proclament que les pourparlers de paix vont « nous exploser au visage » et que revenir aux frontières de 1967 signifie « réembarquer pour Auschwitz ». Dans ces placards alarmistes, le raïs palestinien Mahmoud Abbas est surnommé « Abou Bluff ». Il est présenté comme un personnage fourbe dont le rêve est de « transformer Israël en un grand Sderot » (la ville frontalière régulièrement touchée par des roquettes Qassam).

« Tout le monde ne pense pas comme ces gens-là », tempère Lilah Salomon, une étudiante en sociologie à l’Université hébraïque affiliée au Parti travailliste. « Avant de condamner la conférence d’Annapolis, mes amis et moi voulons d’abord voir où elle nous entraîne. D’un point de vue démographique, Israël a d’ailleurs intérêt à se séparer des quartiers arabes de Jérusalem - sauf ceux de la Vieille-Ville où se trouvent les lieux saints des trois grandes religions - puisque le taux de fertilité des femmes musulmanes est beaucoup plus élevé que celui des juives. En fait, plus nous rendrons de territoires, plus nous préserverons la majorité juive de notre Etat. »

L’idée de céder à l’AP certains des quartiers arabes de Jérusalem a été lancée dans la foulée des accords de paix d’Oslo (1993) mais elle n’a jamais été concrétisée. Lorsqu’il a remis ce projet à l’ordre du jour au printemps dernier, le vice-premier ministre Haïm Ramon a pris soin de préciser que ce changement ne se produirait pas avant la conclusion éventuelle d’un accord de paix final. Mais des groupes de pression tels le Yecha (le lobby des colons) et Jérusalem Unie (une fondation présidée par l’ex-ministre Nathan Chtaransky) tentent de convaincre les Israéliens que « tout est joué » et que le partage est sur le point de commencer. « Les Britanniques ont Londres, les Français ont Paris, et nous avons Jérusalem. Il faut que cette ville reste notre capitale éternelle car elle est au-dessus de tout », assènent les spots publicitaires diffusés plusieurs fois par jour par toutes les radios du pays grâce au financement de l’homme d’affaires américain Ron Lauder.

Violence autorisée

De leur côté, réunis d’urgence « pour empêcher la division de Jérusalem et de la Judée-Samarie » (Cisjordanie), les rabbins du Yecha ont autorisé leurs ouailles à utiliser la violence puisque « l’abandon de la terre sacrée d’Israël est contraire à l’enseignement de la Torah » (l’Ancien Testament). En conclusion, Dov Lior, le plus extrémiste de ces rabbins, a affirmé qu’Ehoud Olmert « devrait nettoyer notre terre des Arabes en les renvoyant dans les pays voisins, cela résoudrait le problème ». L’assemblée a applaudi.


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Serge Dumont - Le Temps,le 28 novembre 2007


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