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Parfois, jouer avec l’eau, c’est jouer avec le feu

jeudi 1er novembre 2007 - 17h:35

Maher Najer - Ynet (Yediot Aharonot)

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Les conséquences d’une coupure d’électricité et de la grave crise de l’eau dans la Bande de Gaza pourraient conduire à une catastrophe humanitaire et environnementale.

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Les eaux des égouts traversent les rues de Gaza

Les conséquences d’une coupure d’électricité et de la grave crise de l’eau dans la Bande de Gaza pourraient conduire à une catastrophe humanitaire et environnementale, y compris en dehors de la Bande de Gaza et jusqu’à menacer de « punition collective » les Israéliens eux-mêmes.

Le 19 septembre 2007, le gouvernement israélien a décidé d’adopter des sanctions contre la population civile de « l’entité hostile » : Gaza. Chaque roquette Qassam qui atterrira en Israël aura son prix ; l’électricité sera touchée ou l’approvisionnement en fuel, avec dans l’idée qu’une atteinte à la vie normale des habitants de Gaza aura des répercutions positives du point de vue d’Israël.

Ce postulat de base est vieux, usé et erroné : à Gaza, il n’y a pour ainsi dire plus de vie normale et la population civile vit une situation existentielle de sanction collective lancée, il y a un moment déjà, par Israël. Depuis l’ascension du Hamas, Israël a resserré de manière quasi hermétique le blocus sur les frontières de Gaza qu’il contrôle : les matières premières pour l’industrie n’entrent pas, les exportations sont interrompues, l’économie de la Bande de Gaza est étranglée, et un million et demi de personnes sont emprisonnées dans une casserole à pression, avec une densité de population parmi les plus élevées dans le monde. Les habitants de Gaza dépendent des décisions israéliennes pour tout ce qui touche au passage des marchandises et des personnes, et d’autre part de la générosité des organisations d’assistance, occidentales et islamiques.

Le gouvernement israélien a décidé, selon ce qui a été publié, d’utiliser le transfert de marchandises ainsi que l’approvisionnement en eau et en fuel, comme instrument légitime de sanctions à l’égard de la population civile de Gaza et cela, tout en déclarant dans le même souffle, vouloir « s’abstenir d’une crise humanitaire ». La limitation mise à l’approvisionnement en électricité et en fuel touchera avant tout aux appareils médicaux, à la réfrigération des aliments, à l’éclairage des salles d’opération et à d’autres systèmes vitaux.

La décision du gouvernement israélien de réduire l’approvisionnement en électricité et en fuel touchera également à l’approvisionnement en eau, du fait qu’à Gaza, les stations de pompage fonctionnent à l’électricité tout comme les installations d’épuration dans la Bande de Gaza. Cependant, même en la matière, ce ne sera pas nouveau : Israël porte déjà concrètement atteinte aux infrastructures de distribution d’eau à Gaza où se prépare une grave crise de l’eau dont les conséquences pourraient conduire à une catastrophe humanitaire et environnementale dans la Bande de Gaza mais aussi hors de celle-ci, au point que punir la population de Gaza constituera une menace de « châtiment collectif » pour les Israéliens eux-mêmes, par la pollution des eaux de la mer et des plages y compris en Israël, ainsi que par le propagation possible d’épidémies.

Au cours des derniers mois, Israël n’a pas autorisé le passage de pièces de rechange et d’équipement pour les infrastructures de distribution d’eau à Gaza. Le stock des pièces de rechange s’épuise et pour une partie des pompes, il n’y a déjà plus du tout de pièces de rechange disponibles. Le manque de composants essentiels de l’infrastructure et de l’équipement est susceptible de conduire à une crise des réseaux d’eau et d’épuration (puits, appareils de pompage des eaux d’égouts et installations d’épuration) et une telle crise produira assurément des inondations, un écoulement d’eaux d’égouts dans la mer et dans l’eau de consommation et un manque aigu d’eau pure. Il y a six mois, à Beit Lahiya, dans la Bande de Gaza, cinq personnes ont été tuées et vingt-cinq autres blessées quand les installations d’égouts ont inondé leurs maisons. Et le risque s’aggrave de voir se répéter des catastrophes de ce genre.

On prétend, côté israélien, que pour tout ce qui a trait aux besoins humanitaires, Gaza reçoit réponse. La vérité est loin de ça. L’accès garanti à de l’eau pure est un droit humanitaire fondamental qui paraît absent de la conscience des décideurs en Israël. L’approvisionnement en eau pure à toute la population et des installations d’eau et d’épuration en bon état sont une composante essentielle au maintien de conditions humanitaires de base. La pollution de l’eau et l’absence d’hygiène constituent la dixième cause de mortalité dans le monde.

La grande majorité du million et demi de personnes, femmes, hommes et enfants, qui vivent dans le « territoire hostile » de Gaza ne complote pas contre Israël ni ne prend part aux tirs de roquettes Qassam. La majorité d’entre nous aspire à la normalité et à vivre en paix avec nos voisins qui pourraient bien rappeler à leur gouvernement que parfois, jouer avec l’eau, c’est exactement comme jouer avec le feu.

*Maher Najer est directeur adjoint de la compagnie des eaux des municipalités palestiniennes de la côte, à Gaza.


Gaza :

- D’abord la dignité des Palestiniens
- Gaza cadenassée
- Stratégie d’Israël en cours pour la bande de Gaza

L’eau :

- La guerre israélienne contre l’eau palestinienne
- Proche-Orient : La guerre de l’eau

Maher Najer - Ynet (Yediot Aharonot), le 28 octobre 2007
Version anglaise : Playing with fire
Traduit de l’hébreu par Michel Ghys


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