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Dure réalité pour le Fatah

mardi 23 octobre 2007 - 07h:00

Saleh Al-Naami - Al Ahram Weekly

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Un garçon Palestinien joue avec son nouveau pistolet en plastique le premier jour de l’Eid

Wael Khalil n’a pas essayé de dissimuler son ressentiment pendant qu’un journaliste sur la radio locale citait un chef du Hamas comme ayant déclaré que le mouvement avait conclu un accord avec le Fatah pour relancer un dialogue pour mettre un terme à la crise actuelle. Pour cet officier âgé de 35 ans qui enquête sur les explosions récentes dans Gaza, le Fatah n’agit pas en bonne foi. « Si nous n’avions pas travaillé vingt-quatre heures sur vingt-quatre, nous n’aurions pas pu contrecarrer la plupart des tentatives d’attentats commanditées par le Fatah à partir de Ramallah », m’a dit Khalil.

Si on met de côté les attentats sans précédent dans Gaza et les soupçons de Khalil, un accord entre les deux groupes est plutôt probable. Des sources fiables provenant des deux groupes laissent supposer que le Hamas et le Fatah sont prêts à discuter grâce à la médiation du ministre des affaires étrangères soudanais Mustafa Othman Ismail.

Ismail comprend bien que sa médiation peut lui aliéner l’Egypte et l’Arabie Saoudite, les deux pays qui ont géré la négociation entre le Fatah et le Hamas dans le passé. Aussi a-t-il contacté le Caire et Riyadh et a obtenu leur appui pour ses efforts. Ismail a ensuite rencontré Khaled Meshaal, Ismail Haniyeh, et Mahmoud Abbas et a obtenu leur consentement « préalable » à la reprise du dialogue.
Une fois que le Fatah et le Hamas sont tombés d’accord pour une relance des entretiens, le chef des services égyptiens de renseignements Omar Suleiman a fait savoir qu’il était disposé à reprendre le rôle de médiateur entre les deux parties, en coordination avec le ministre soudanais. Suleiman, d’après les mêmes sources, a déjà persuadé Abbas et Meshaal d’entamer des entretiens en secret au Caire après l’Eid Al-Fitr.

Le Hamas serait représenté lors de ces entretiens par une délégation comprenant Moussa Abu Marzouk, Khalil Al-Hayya, et Mustafa Abu Hashem. Le Fatah, pour sa part, pourrait être représenté par une délégation dirigée par Nabil Shaath.

Suleiman a demandé au Fatah et au Hamas de lui fournir toutes les propositions qui sont les leurs pour mettre un terme à la la crise. S’appuyant sur ces propositions, Suleiman, qui est actuellement en contact avec Meshaal, Abbas, et d’autres responsables palestiniens, est susceptible de préparer un plan égyptien.

Le Fatah a radicalement changé d’attitude. Le premier signe de changement est venu après des réunions tenues secrètes entre le Hamas et le Fatah il y a deux mois à Beyrouth, en marge de réunions d’organisations palestiniennes. Alors qu’il se trouvait à Beyrouth, l’ancien conseiller principal de la sécurité nationale Jibril Al-Ragub rencontrait Mohamed Nazzal du Hamas et discutait avec lui des manières de sortir de l’impasse.

Au cours de cette réunion, le Hamas a proposé de prendre à sa charge la première initiative pour aller vers la réconciliation. Cette première initiative formulée par le Hamas indique que celui-ci est disposé à placer temporairement tous les bâtiments de sécurité et bâtiments présidentiels aussi bien que le poste-frontière de Rafah sous contrôle égyptien. Une fois que l’accord serait bouclé entre les deux groupes, les Egyptiens remettraient ces équipements aux services de sécurité palestiniens officiels.

Le Hamas veut un accord complet mettant fin à toutes les déclarations hostiles des deux côtés. Il suggère la formation d’un gouvernement unique pour la Cisjordanie et Gaza, avec un programme inspiré de celui du gouvernement national d’unité. Le Hamas réitère son engagement vis-à-vis des accords du Caire et de la Mecque et exige que les services de sécurité soient reconstruits sur des bases « nationalistes et professionnelles ». Il veut que l’OLP [Organisation de Libération de la Palestine] soit restructurée dans un délai convenu et que des élections soient organisées pour le Conseil National Palestinien.

L’initiative du Hamas appelle à des solutions pour les problèmes apparus après la confrontation militaire entre les deux parties. Précisément, le Hamas veut que le Président Abbas annule les décisions limitant ses activités et la libre circulation en Cisjordanie. Le Hamas exige une solution au problème des détenus en Cisjordanie et dans Gaza et exige un accord sur la question de la propriété publique et privée.

Dans le cadre de son initiative, le Hamas indique vouloir l’unité de la Cisjordanie et de Gaza et « rejette n’importe quelle tentative de les séparer sous n’importe quel prétexte et sous n’importe quelle forme. » Le Hamas demande un engagement vis-à-vis des lois palestiniennes, appelle au respect du gouvernement légitime dans toutes ses composantes, et appelle à l’unité dans le système politique.

L’initiative indique aussi que la crise en cours ne peut être résolue que par « un dialogue sérieux et approfondi traitant toutes les questions de sécurité qui ont déclenché la crise. » le Hamas veut que tous les aspects de la crise soient négociées dans un accord global, notant que « toutes les mesures devrontt être prises d’un commun accord entre les deux parties et selon un agenda précis. »

Bien que le Président Abbas nie publiquement être d’accord pour la reprise des entretiens avec le Hamas, les sources du Fatah indiquent que ses remarques sont censées éviter de fâcher Israël et de provoquer des réactions américaines avant la conférence d’Annapolis.

Le Président Abbas est convaincu qu’Israël est peu susceptible de lui proposer un accord semblant acceptable aux Palestiniens. Mais il estime que n’importe quelle déclaration concernant des entretiens avec le Hamas serait faire un cadeau à Israël parce que cela justifierait son inflexibilité à Annapolis. Israël et les Etats-Unis ont abondamment expliqué qu’ils étaient opposés à ce qu’Abbas reprenne des entretiens avec le Hamas. C’est pourquoi le président palestinien veut que le dialogue avec le Hamas demeure secret. Une fois que la conférence d’Annapolis aura été tenue et n’aura donné aucune satisfaction, les entretiens Fatah-Hamas seront alors rendus publics.

Le président Abbas n’est pas optimiste au sujet des entretiens d’Annapolis. Il est arrivé à la conclusion que toutes les mesures punitives prises à l’encontre du Hamas, avec l’aide de la communauté internationale, n’empêcheront pas le Hamas de garder son contrôle sur Gaza. En fait, il apparaît que le Hamas a consolidé sa main-mise sur Gaza et a restructuré les services de sécurité et les institutions.

Les responsables du Fata en Palestine ou à l’étranger aussi bien que l’Arabie Saoudite et l’Egypte avaient invité Abbas à discuter avec le Hamas. Pendant sa récente visite à Riyadh, le roi Abdullah a de façon tranchante demandé au président palestinien pourquoi il ne discutait pas avec le Hamas. Abbas a répondu ne pas vouloir s’aliéner les Américains.

Les rapports au sujet de la volonté du Fatah de parler au Hamas ont incité les responsables israéliens à demander à Washington de réagir. Selon Haaretz, le bureau d’Olmert a envoyé un message à l’administration américaine lui demandant de faire pression sur l’Egypte pour qu’elle cesse sa médiation.

Pour l’instant le Hamas et le Fatah s’affrontent en public, mais une fois que la conférence d’Annapolis aura échoué --- comme cela est prévu --- les deux pourront alors jeter par-dessus bord leurs différents.


Du même auteur :

- Troisième Intifada
- Jouer lâchement avec les mots
- Gaza : la souffrance pour tous

18 octobre 2007 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2007/867...
[Traduction : APR - Info-Palestine.net]


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