16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Gaza : la souffrance pour tous

samedi 25 août 2007 - 15h:29

Saleh Al-Naami - Al Ahram Weekly

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


L’activité industrielle à Gaza s’est pratiquement arrêtée, 3 190 usines ont fermé et 56 000 travailleurs supplémentaires sont au chômage.

JPEG - 24.4 ko
20 août 2007 - Des enfants contemplent les restes d’une voiture qui transportait des combattants du Hamas et dont six d’entre eux ont été assassinés.
Photo : Hatem Omar/MaanImages

A l’exception des heures de la prière et de la sieste, Mohamed Saleh et Hassan Barak ont passé ensemble la majeure partie de leur journée, à échanger les conversations au niveau des carrefours qui séparent leurs maisons dans le quartier sud du camp de réfugiés Al-Maghazi, situé au centre de Gaza. Salah et Barak, qui travaillent tous deux dans le bâtiment, sont au chômage depuis que le Hamas a pris le contrôle de la Bande de Gaza. Dès lors, Israël a durci son siège étouffant du territoire et a interdit l’entrée du matériel de construction, condamnant ainsi tout le secteur au chômage.

Le programme de construction de logements sociaux qui avait commencé avec les Européens et les financements arabes dans les banlieues du quartier de Tel Sultan, au Sud de Rafah, s’est immobilisé tout comme les projets d’infrastructures des conseils municipaux à travers le territoire.

L’activité industrielle à Gaza s’est pratiquement arrêtée elle aussi. Selon les statistiques de l’association palestinienne des hommes d’affaires, 3190 usines ont fermé dans la Bande de Gaza pour cause d’impossibilité à importer des matières premières. Ceci a mis 56 000 travailleurs au chômage. Et pour couronner le tout, Israël a interdit aux agriculteurs palestiniens d’exporter leurs récoltes par les passages commerciaux le long de la frontière qui sépare la bande de Gaza d’Israël, ce qui a provoqué la chute des prix et la faillite du marché intérieur pour les producteurs.

Maher Al-Tabaa, directeur des relations publiques à la Chambre de commerce à Gaza, a noté que, à cause du siège imposé sur le territoire, les commerçants perdaient 5 millions de dollars par jour. Quand elle est répartie, cette somme influe sur la vie et sur la survie de milliers de familles. Al-Tabaa prévient que les prix des produits de consommation vont monter de façon importante à cause de la fermeture des passages commerciaux de Gaza.

La situation due au siège a naturellement aggravé la pauvreté partout dans la bande de Gaza. D’après le Bureau central palestinien des statistiques, en 2006, 57% des familles palestiniennes avaient un salaire mensuel en dessous du seuil de pauvreté, dont 44% sont dans une situation de pauvreté extrême. Adnane Abou Hasna, porte-parole de l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine) a déclaré à Al-Ahram Weekly que le nombre de personnes dépendant des aides de l’ONU dans la bande de Gaza s’élèvait à 782 000. Il a noté que l’on s’attend à une hausse prochaine de ce nombre. En effet, « en l’espace de quelques semaines les gens vont entièrement dépendre de l’aide extérieure si la situation reste telle qu’elle est ».

En outre, le siège a engendré une détérioration catastrophique des conditions sanitaires. D’après les statistiques du Centre Palestinien des Droits de l’Homme, plus de 150 types de médicaments sont épuisés dans les hôpitaux et les cliniques. La majorité de ces médicaments sont essentiels pour soigner les maladies chroniques. Le centre note que 20 genres de médicaments manquent dans toutes les pharmacies privées de Gaza, ce qui affecte sérieusement l’état de santé de milliers de personnes. Il y a deux semaines, des centaines de malades dialysés ont envoyé une lettre déchirante au Président palestinien Mahmoud Abbas et à son Premier ministre déchu Ismail Hanieyh, leur demandant de leur fournir le traitement dont dépend leur vie.

Le manque de médicament n’est pas l’unique problème que rencontrent les patients à Gaza à cause du siège. Une grande partie des équipements médicaux, notamment les machines à rayons X, ne fonctionnent plus, faute de la maintenance nécessaire. Maawiya Hasanein, directeur du département des urgences au ministère palestinien de la Santé a déclaré au journal Al Ahram Weekly que 80% des machines à rayons X dans les hôpitaux de Gaza sont en panne, tout comme la plupart des machines de tomographie [technique d’imagerie très utilisée dans l’imagerie médicale - N.d.T] par ordinateur. Les machines à dialyses et d’autres équipements médicaux ne peuvent pas être fournies. Hasanein a souligné que de nombreuses opérations ont été retardées parce que l’équipement et les anesthésiants nécessaires ne sont plus disponibles.

Basim Naim, le ministre de la Santé du gouvernement de Haniyeh a déclaré que le siège et la fermeture des passages de Gaza sont la cause des graves problèmes que connaissent les patients gazaouites. Dans une déclaration au Weekly, Naim a affirmé que la plupart des médicaments au ministère de la Santé se trouvent à Ramallah. Et d’ajouter que les conditions sanitaires à Gaza sont d’autant plus tragiques que les grandes entreprises de médicaments sont en Cisjordanie, ce qui pour cette partie des Territoires, rend l’accès relativement facile l’accès aux traitements et la réponse aux besoins médicaux.

Naim ne tient pas pour responsable le gouvernement du ministre Salam Fayyad, nommé par Abbas, de la détérioration de la situation sanitaire à Gaza. Il a noté que malgré les divergences entre les deux gouvernements, il y a une coopération étroite dans le but de résoudre la crise causée par le manque de médicaments.

Évidemment, le siège a largement augmenté les restrictions sur la liberté de mouvement des Palestiniens. Bien que la plupart de ceux qui ont échoué sur le passage frontalier aient maintenant regagné Gaza, des milliers de Palestiniens de Gaza veulent partir pour des obligations personnelles, à cause de leur état de santé ou pour poursuivre leur enseignement supérieur.

La situation n’est pas si différente en Cisjordanie, même si elle n’est pas aussi difficile. D’après Abdul-Rahman Al-Tamini, le président de l’association des hydrologistes palestiniens, 600 000 des Palestiniens vivant en Cisjordanie sont privés d’eau potable parce qu’ils ne peuvent pas payer leur factures d’eau. Al Tamimi affirme que, à cause de la détérioration de la situation, 50% des consommateurs ne paient pas actuellement leurs factures d’eau, ce qui à son tour a diminué la capacité des conseils municipaux en Cisjordanie à payer l’eau qui leur est fournie par la compagnie qatari- israélienne d’eau, Mekorot.

Il est étonnant que contrairement à l’impression que Abbas et ses conseillers avaient essayé de donner, les rencontres avec les Israéliens n’aient pas résulté en une amélioration des conditions de vie des Palestiniens. Au contraire, celles-ci ont empiré. Mustafa Al Barghouti, ex ministre palestinien de l’Information et président du bloc indépendant palestinien au Conseil législatif palestinien, a noté que malgré les promesses d’Israël de supprimer les check points militaires des routes en Cisjordanie, ces check points ont au contraire augmenté, leur nombre est passé de 545 en 2005 à 693 actuellement. « Ces rencontres créent une fausse impression et sont une couverture permettant à Israël de continuer son projet d’expansion et d’agression contre le peuple palestinien », a déclaré Barghouti au Weekly.

Barghouti a noté que le nombre des colons en Cisjordanie a augmenté de 50% depuis qu’Israël a entamé son plan de désengagement de Gaza en 2005. Et d’ajouter que depuis que 255 prisonniers palestiniens ont été relâchés, à l’issue du dernier sommet de Sharm el Sheik, Israël a arrêté 336 palestiniens, 50% plus qu’il n’en a relâché. Barghouti a déclaré qu’Israël détient actuellement 11 000 Palestiniens dont 426 enfants. Barghouti se plaint du fait que, en continuant d’organiser des rencontres avec le Président israélien Ehud Olmert, Abbas contribue à la tromperie de l’opinion publique palestinienne, arabe et internationale. Barghouti suggère qu’Israël est en réalité en train de coordonner une campagne de relations publiques à travers ces rencontres, rien de plus.

Barghouti insiste sur le fait que le rôle que jouent les intérêt étrangers ont un impact négatif sur les relations interpalestiniennes, notamment entre le Fatah et le Hamas. Il a proposé une initiative de dialogue qui vise à sauver les Palestiniens de la crise actuelle, initiative basée sur la formation d’un gouvernement de transition et sur la dissolution des deux gouvernements fixes en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza. Pour Barghouti, la première mission à entreprendre est celle de réunifier le contrôle administratif palestinien en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza.

En outre, il faut insister sur la réforme des agences de sécurité palestiniennes, sur leur reconstruction sur des bases professionnelles loin des intérêts partisans. Son projet de gouvernement de transition se chargerait de préparer de nouvelles élections dans lesquelles toutes les parties palestiniennes seraient impliquées, pour aboutir à la formation d’un vrai gouvernement d’union nationale.



Du même auteur :

- Baiser de Judas pour le Fatah ?

Sur le même sujet :

- Entendez-vous les cris de Gaza ?
- « La bande de Gaza est dans un état économique et humanitaire dramatique »

16 août 2007 - Al Ahram weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2007/858...
Traduction : Thouraya Ben Youssef


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.