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Retour aux accords de la Mecque ?

dimanche 23 septembre 2007 - 07h:31

Khalid Amayreh - Al Ahram

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L’autorité palestinienne (AP) prévient Israël qu’elle cherchera à se réconcilier avec le Hamas si la prochaine conférence de Washington, tenue sous les auspices des Etats-Unis, n’ouvre pas la voie vers la fin d’une occupation israélienne de la Cisjordanie, de la Bande de Gaza et de Jérusalem Est, occupation qui dure depuis quarante ans.

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De gauche à droite : Mahmoud Abbas, le Président Palestinien, Khalid Mesha’al, responsable du bureau politique du Hamas, et Ismaïl Haniyeh, Premier Ministre Palestinien

Suite à la prise du pouvoir par le Hamas dans la Bande de Gaza à la mi-juin, le Président de l’AP, Mahmoud Abbas, a renvoyé le gouvernement d’unité nationale dirigé par le Hamas présidé par Ismail Haniyeh ; il a ensuite nommé un gouvernement de facto à Ramallah dirigé par Salam Fayyad, ancien ministre palestinien des finances agréé par les Etats-Unis. Son désaccord avec le Hamas a valu à l’AP la levée de sanctions financières et politiques draconiennes, mais il a encore affaibli la position palestinienne vis-à-vis d’Israël.

Cette semaine, Abbas a manifesté sa contrariété face au refus catégorique d’Israël d’arriver à un accord avec l’AP concernant les questions essentielles au c ?ur de la détresse palestinienne.

Parmi ces questions on citera : la fin de l’occupation israélienne, le tracé des frontières entre un futur Etat palestinien en Cisjordanie et Israël proprement dit, Jérusalem et le droit au retour pour cinq millions de réfugiés palestiniens selon un chiffre estimatif.

Nimr Hammad, proche conseiller d’Abbas, aurait déclaré que le président de l’AP n’assisterait pas à la conférence de paix supposée en novembre à moins qu’Israël n’accepte d’arriver à un règlement final. « Si Olmert dit qu’il y aura simplement une déclaration, il ne vaut pas la peine d’aller à la réunion de Washington » aurait dit Hammad.

Un autre confident proche d’Abbas a lancé la même mise en garde. « Nous n’irons pas simplement pour le plaisir (d’aller à la conférence) » a-t-il dit, poursuivant : « Nous pouvons nous passer du sommet, mais au cas où il se tiendrait effectivement, son échec serait dangereux pour toute la région. C’est la raison pour laquelle, nous ne devons pas participer à une telle conférence ».

Dimanche, le Premier Ministre israélien, Ehud Olmert, s’est efforcé de calmer les anticipations de progrès à la conférence. Il a dit aux membres de son parti, le Kadima, qu’il n’y aura pas d’accord sur un statut final entre Israël et les Palestiniens à cette occasion. « Il n’est pas question d’un accord détaillé, mais plutôt d’une déclaration commune d’intentions », a-t-il dit.

Selon le commentateur politique palestinien, Hani Al-Masri, une déclaration d’intentions serait « un euphémisme pour échec. Ce serait le moyen d’éviter les questions-clés qui définissent le conflit avec Israël. Et ce serait un fiasco retentissant pour les Palestiniens », a confié Al-Masri à Al-Ahram Weekly.

Il n’est cependant pas certain que le régime d’Abbas, quasi totalement dépendant de l’appui politique et financier de l’Occident, spécialement de celui des Etats-Unis, sera en mesure de tenir tête à la Secrétaire d’Etat, Condoleezza Rice qui présidera la conférence.

Rice est arrivée en Israël mardi pour évaluer le succès des réunions bihebdomadaires tenues entre Abbas et Olmert ; selon les observateurs, tant palestiniens qu’israéliens, ces réunions n’ont pas donné grand-chose en ce qui concerne les questions importantes.

En outre, on ne sait pas très bien si les menaces de boycotter la conférence et de renouer le « dialogue » avec le Hamas sont sérieuses ou traduisent simplement le découragement d’Abbas. Celui-ci a de plus en plus l’impression qu’Israël ne veut pas vraiment arriver à une paix juste et durable permettant aux Palestiniens de se débarrasser de l’occupation militaire israélienne.

« Dans l’entourage immédiat d’Abbas, beaucoup de gens croient que si Israël et les Etats-Unis ne tiennent pas leurs promesses, la direction palestinienne pourra passer outre tout engagement vis-à-vis du Hamas », dit Al-Masri.

« Il est ironique que l’échec de la conférence sera une bonne nouvelle pour l’unité nationale palestinienne et vice-versa. En d’autres termes, les Palestiniens auraient à choisir entre la réussite d’une conférence quels que soient ses résultats réels, et la restauration d’un semblant d’unité nationale ».

La semaine dernière, Abbas s’est rendu en Arabie saoudite où il a rencontré le roi Abdullah. En privé, le leadership saoudien avait blâmé le Fatah pour l’effondrement de l’Accord de La Mecque passé entre le Fatah et le Hamas le 8 février. Abbas aurait été invité après une conversation téléphonique entre Haniyeh, Premier Ministre du gouvernement Hamas basé à Gaza, et le Prince royal Sultan.

Au cours de cette conversation, le dirigeant du Hamas a dit au dirigeant saoudien que le Hamas était disposé et était prêt à faire tout qu’il fallait pour restaurer l’unité nationale palestinienne conformément à l’accord de La Mecque. Abbas a réaffirmé son engagement et celui du Fatah par rapport à l’accord de La Mecque, précisant que c’était la seule base permettant de résoudre le désaccord avec le Hamas.

Il est intéressant de relever que les officiels saoudiens ont, eux aussi, prévenu qu’ils n’assisteraient pas à la prochaine conférence de paix si des décisions importantes n’y étaient pas prises. « Si à cette conférence, les participants ne discutent pas de questions sérieuses dans le but de résoudre le conflit, ne fixent pas l’initiative arabe comme objectif-clé, n’établissent pas un ordre du jour détaillant convenablement les problèmes et n’obligent pas Israël à se retirer des territoires occupés, la conférence échouera et s’enlisera dans de longues négociations », a dit cette semaine le Ministre des affaires étrangères, Saoud Al-Faisal.

Faisal a aussi rappelé que son pays maintient son engagement tant vis-à-vis du Hamas que du Fatah. Il aurait dit : « Les dispositions des accords de La Mecque sont claires et concertées. Tout désir de réconciliation doit se référer aux termes des accords et les mettre en application ».

Le fait que le Fatah et le Hamas continuent à adhérer à l’accord de La Mecque devrait faciliter les efforts saoudiens visant à rapprocher les deux parties en litige. Toutefois, il n’est pas certain qu’Abbas veuille vraiment se réconcilier avec le Hamas. Pour le dirigeant palestinien, une telle réconciliation, surtout à ce stade, représenterait un risque et non un atout spécialement dans ses relations avec les Américains et les Israéliens. Tant Israël que les Etats-Unis ont prévenu Abbas que la reprise d’un partenariat avec le Hamas ne serait pas acceptable.

Toutefois, en menaçant de boycotter la conférence de Washington, Abbas veut peut-être, au moins en partie, inciter le leadership israélien à le prendre plus au sérieux ; dans ce sens, Israël pourrait peut-être lui faire une « certaine concession » qu’il pourrait présenter à son peuple comme une réalisation valable et qui isolerait le Hamas encore davantage.

Le Hamas aussi se trouve aussi dans une situation vraiment difficile du fait du blocus hermétique, blocus politique, financier et économique, imposé par Israël à la Bande de Gaza depuis que le groupe islamique a arraché des mains du Fatah le contrôle du territoire côtier il y a trois mois. Selon Ahmed Youssef, assistant principal de Haniyeh, le leadership de Gaza envisage « une série de mesures et de gestes qui faciliteraient la réconciliation nationale ». Youssef a dit au Weekly que Haniyeh déclarerait que son gouvernement veut rendre au Fatah l’ancien siège de ses forces de sécurité à Gaza dont le Hamas s’est emparé vers la mi-juin.

Dimanche, Haniyeh a téléphoné au roi du Bahreïn et à l’émir du Koweït leur demandant leurs bons offices pour mettre fin au désaccord entre Palestiniens. En outre, un membre Hamas du Parlement a laissé entendre au Weekly que « le Hamas fera le premier pas pour des raisons psychologiques et qu’ensuite la balle serait dans le camp du Fatah ».

Hatem Qafisha, un des rares législateurs affiliés au Hamas qui n’a pas été incarcéré par Israël, a aussi révélé qu’Abbas a demandé à un ancien ministre de cabinet indépendant d’établir des contacts avec le Hamas.

Du même auteur :

- Palestine : un état policier sans état
- De minables politiciens faisant de grandes ombres
- Abbas joue gros !

21 septembre 2007 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2007/863...
Traduction de l’anglais : amg/mcc


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