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"Israël ne peut pas se permettre de rester une forteresse plus longtemps"

jeudi 6 septembre 2007 - 07h:04

Abdallah II, roi de Jordanie - Le Monde

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Les Etats-Unis ont appelé à la relance du processus de paix israélo-palestinien et à une conférence internationale pour novembre. Qu’en attendre ?

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Le roi Abdallah II de Jordanie (à droite) et le président palestinien Mahmoud Abbas, à Amman en novembre 2006 (Ph. AP/Y. Allan)

Cette relance aurait dû avoir lieu l’an dernier. Nous approchons des élections aux Etats-Unis. Les Américains vont concentrer leur attention - c’est déjà le cas - sur leurs affaires intérieures. Or, que cela plaise ou non, dès lors qu’il est question d’Israël et du processus de paix, il faut une implication américaine.

Ainsi, la seule opportunité, c’est maintenant. Après décembre et quel que soit le parti qui gagnera ensuite les élections, deux ou trois ans seront nécessaires avant que l’Amérique puisse à nouveau s’engager sur cette question. Or je suis extrêmement préoccupé par ce qui pourrait se produire durant ce laps de temps.

Pour l’heure, les informations qui émanent des discussions entre Israéliens et Palestiniens paraissent très positives. C’est encourageant parce que, d’ordinaire, il y a toujours des problèmes quand ils se rencontrent.

— Que peut-il sortir d’une conférence de paix à laquelle l’un des principaux acteurs du conflit, le Hamas palestinien, n’est pas invité ?

Ce ne sont pas les partis politiques qui sont invités, mais les institutions d’Etat. Dans un monde idéal, nous aurions pu attendre que les factions palestiniennes [Hamas et Fatah] résolvent leurs petits problèmes internes. Nous n’avons pas ce luxe. Ensuite, le Hamas est-il en situation de prendre des décisions en toute indépendance ? Non. Nous savons bien qu’il reçoit ses ordres d’ailleurs.

— D’où ?

Si Khaled Mechaal [chef du bureau politique du Hamas, expulsé de Jordanie en 1999] est installé à Damas, c’est, à mes yeux, pour y prendre ses ordres de l’Iran.

— Mais pensez-vous vraiment qu’Israël est prêt, aujourd’hui, à échanger les terres qu’il occupe contre la paix ?

La situation a changé. Ce qu’Israël doit comprendre, c’est qu’il ne s’agit plus seulement de son problème avec les Palestiniens. Il y a d’autres conflits dans notre région dans lesquels il est impliqué. Israël doit prendre une décision aujourd’hui parce que, si nous résolvons cette question, nous pourrons peut-être éviter d’autres crises à venir.

Du point de vue des Israéliens, pour beaucoup d’entre eux en tout cas, il est facile de rester un Etat-forteresse : c’est le cas depuis trente ou quarante ans. Mais il y a aujourd’hui d’autres acteurs dans la région.

L’Iran a de l’influence au Liban à travers le Hezbollah, il a de l’influence dans la "rue palestinienne" via le Hamas : la question israélo-palestinienne n’est plus notre seul petit problème. Il y a la question du Liban, de la Syrie, de l’Irak, de l’Iran.

Je ne pense pas qu’Israël puisse se permettre de rester cette forteresse plus longtemps. Je pense que les Israéliens commencent à comprendre qu’ils doivent prendre une décision.

La question pour eux est simple : voulez-vous éternellement vivre comme vous le faites aujourd’hui, demeurer ce bastion de "je-ne-sais-quoi" tel qu’il est présenté à l’Occident, ou bien voulez-vous vous intégrer à la région ? C’est ce que nous leur offrons, une intégration complète, du Maroc et de l’Atlantique jusqu’à Oman et l’océan Indien. Mais cela a un prix.

— Pensez-vous qu’ils sont prêts à le payer ?

A Washington, le vieux projet d’une confédération palestino-jordanienne semble refaire surface... Si on en reparle à Washington, c’est que cela vient de Tel-Aviv. Je suis censé établir une confédération avec qui exactement ? Avec une entité indéfinie ? Avec des personnes privées ?

Créons d’abord un Etat palestinien, ensuite nous pourrons éventuellement discuter d’un projet confédéral. En attendant, ce que j’espère, c’est que notre offre d’intégration régionale [l’initiative arabe] est suffisante pour que ces Israéliens qui rejettent la solution de deux Etats se disent : eh bien, pour assurer notre avenir et celui de nos enfants, il est peut-être temps de donner un futur aux Palestiniens.

— La France peut-elle jouer un rôle utile dans ce conflit sachant que le président Sarkozy a déclaré son attachement à l’une des parties ?

Le président [Sarkozy] est un ami d’Israël. Ce n’est pas un problème. Qu’y a-t-il de mieux qu’un ami d’Israël pour faire passer des messages aux Israéliens ?

Peut-être qu’ils écouteront leurs amis et que cela aidera à les réunir avec les Arabes. Lors de ma première rencontre avec M. Sarkozy, j’ai été rassuré par sa vision, très claire, du Moyen-Orient. Quoi qu’on en dise, la France sera toujours très active politiquement du Maghreb jusqu’au Golfe. Personnellement, je m’en réjouis.

— Parlons de l’Irak. La stratégie américaine vous paraît-elle produire les résultats escomptés ?

Nous attendons tous les rapports qui doivent être remis à la Maison Blanche à la mi-septembre sur cette question. Y aura-t-il une révision fondamentale du déploiement militaire dans le pays ?

Cela aura un impact sur toute la région. Il faudra bien s’adapter. Nous avons vraiment besoin de savoir s’ils vont développer une nouvelle stratégie. Nous avons tous, dans la région, des discussions sur ce qu’ils ont l’intention de faire. Certains disent que la situation s’améliore là-bas. Mais par rapport à quoi ? Globalement, je pense qu’il est encore trop tôt pour se prononcer sur l’Irak.

Propos recueillis par Patrice Claude et Gilles Paris
Le Monde, le 3 septembre 2007


L’armée israélienne va renforcer ses troupes terrestres

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Un char Merkava en action dans la bande de Gaza, lundi 3 juillet 2006 (Ph. AP/D. Furst)

L’armée israélienne veut renforcer ses forces terrestres. Sur une période de cinq années, "l’objectif principal de ce plan est de bâtir, équiper et entraîner l’armée de telle sorte qu’elle puisse remplir sa tâche, la défense d’Israël et de ses citoyens", a affirmé, lundi 3 septembre, le général Gaby Ashkenazi.

L’un des pans majeurs de ce vaste projet de réarmement sera "la production du char Merkava 4 [en raison de son coût élevé, le gouvernement avait envisagé l’arrêt de la production de ce blindé], (...) et la fabrication de centaines de transports de troupes blindés lourds de type Merkava-Tigres", a fait savoir le chef d’état-major.

Cette annonce survient après de virulentes critiques israéliennes contre l’armée pour ne pas avoir réussi à abattre l’appareil militaire du Hezbollah libanais lors de la guerre de l’été 2006.

"Investissement dans la paix"

Par ailleurs, l’Etat juif doit recevoir des Etats-Unis 30 milliards de dollars sur dix ans, au titre de l’aide militaire, selon un protocole d’accord signé le 16 août 2007 à Jérusalem. En échange de ce pactole américain, le premier ministre Ehoud Olmert s’est engagé à ne pas s’opposer à un contrat de 20 milliards de dollars de ventes d’armes américaines - missiles air-air, bombes à guidée laser - à l’Arabie saoudite.

Le Monde, le 3 septembre 2007


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