70 % d’entre eux ne percevaient aucune compensation et un tiers vivait en dessous du seuil de pauvreté. Ils obtiennent... 14 ? par mois et par personne. "Trop tard et trop peu" répliquent les intéressés.

A l’annonce, lundi 30 juillet, du plan du gouvernement israélien destiné à venir en aide aux rescapés de l’Holocauste, leurs représentants n’ont pas eu besoin de sortir de calculatrice pour crier à la supercherie.

120 millions de shekels (20 millions d’euros) d’argent public, divisés par 120 000 bénéficiaires, cela fait 1 000 shekels (170 euros) par an et par personne, soit 83 shekels (14 euros) supplémentaires à la fin de chaque mois. "C’est une mascarade, s’est exclamée Gita Koifman, 68 ans, présidente d’une association de défense des rescapés de la Shoah, interrogée par le quotidien Ha’aretz. Les survivants dont nous parlons ne sont peut-être pas en manque de pain, mais ils ont besoin de médicaments qu’ils ne peuvent pas s’acheter par eux-mêmes. Le gouvernement se moque d’eux."

Le 15 avril, veille de la journée de commémoration de la Shoah, le premier ministre, Ehoud Olmert, s’était engagé à revoir à la hausse les aides attribuées aux 240 000 Israéliens qui ont grandi dans un pays sous occupation nazie et qui sont considérés à ce titre comme "survivants". Bousculé par la presse qui révélait que 70 % d’entre eux ne percevaient aucune compensation et qu’un tiers vivait en dessous du seuil de pauvreté, le ministre des Affaires sociales, Ytzhak Herzog, promettait qu’Israël s’acquitterait de sa "dette morale et financière à l’égard de ceux dont le temps est désormais compté".

"VIVRE DE MANIÈRE RESPECTABLE"

Trois mois et demi plus tard, le compte ne semble pas vraiment bon. Le plan présenté ne concerne que les 120 000 rescapés âgés de plus de 70 ans et titulaires d’une pension vieillesse. Budgété à 120 millions de shekels pour 2008, l’aide sera doublée l’année suivante et atteindra 300 millions en 2011. De quoi, à cette date-là, verser 520 shekels (88 euros) par mois à un couple, affirme le gouvernement. Trop tard et trop peu, répliquent les intéressés. "Il est attristant et insultant de voir qu’Israël préfère solutionner de façon biologique le calvaire des survivants de l’Holocauste", affirme Noah Plug, l’une de leurs représentantes, qui précise que chaque année, 10 % d’entre eux décèdent.

Sourd à ces critiques, Ehoud Olmert s’est félicité d’avoir mis un terme à la "négligence" des précédents gouvernements. "Les rescapés de la Shoah vivant en Israël ont le droit de vivre de manière respectable sans atteindre le moment où ils ne peuvent pas s’offrir un repas chaud", a déclaré le premier ministre.

Ces décisions, précise le communiqué émis par son bureau de presse, sont basées sur les conclusions de la commission interministérielle mise en place au printemps dernier. Affirmation juste à un détail près. Ladite commission suggérait une allocation de 1 000 shekels, non par an, mais par mois.


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31 juillet 2007 - Le Monde - édition du 1er août 2007