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La résistance à la politique américaine plus forte que jamais

mercredi 1er août 2007 - 06h:37

Lucy Fielder - Al Ahram Weekly

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Un an après la guerre israélienne contre le Hizbullah, la résistance à la politique américaine dans la région est plus forte que jamais.

L’échec israélien dans la tentative d’affaiblir le Hizbullah n’a jamais été aussi patent que cette semaine. Alors que le groupe de la guérilla chiite entamait les célébrations du premier anniversaire de sa « divine victoire » contre l’état juif, son secrétaire général Sayed Hassan Nasrallah annonçait que les capacités du mouvement étaient plus fortes que jamais, puis il rencontrait le président de l’Iran, principal soutien du groupe. La Syrie, l’autre allié-clé du Hizbullah, envoyait également des signes encourageants.

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Sayed Hassan Nasrallah

Dans une interview publiée en deux émissions par Al-Jazeera, Nasrallah a affirmé de la façon la plus claire que le Hizbullah avait pleinement reconstitué ses stocks d’armements depuis la fin de la guerre, le 14 août de l’an passé. « En juillet et août 2006, il n’y avait pas une place en Palestine occupée que les fusées de la résistance ne pouvaient atteindre, que ce soit Tel Aviv ou d’autres villes. Nous pouvons le faire aujourd’hui. Sans problème, » a-t-il affirmé.

D’après des sources de la sécurité libanaise, l’arsenal de fusées du Hizbullah a été reconstitué après que le groupe en ait tiré près de 4000 l’été dernier, et l’Iran a renforcé ses défenses anti-chars et anti-aérienne avec de nouveaux missiles.

Dans une description détaillée de la tactique militaire utilisée l’été passé, Nasrallah a indiqué que pendant la guerre la Syrie avait averti Israël par l’intermédiaires de médiateurs qui si ses forces entraient dans la région libanaise d’Arqoub, près de Damas, la Syrie s’engagerait dans la bataille, même en territoire libanais.

« Les Israéliens ont pris ce message au sérieux ; aucune avancée terrestre ne s’est produite dans cette zone, et pas un seul soldat israélien n’y a pénétré, » a-t-il ajouté. Près de 1200 Libanais, essentiellement des civils, et 157 Israéliens, principalement des soldats, ont été tués durant cette guerre de 34 jours.

Nasrallah a rencontré le président Mahmoud Ahmadinejad à Damas le 19 juillet. Bien que les discussions aient eu lieu derrière des portes closes, le principal message qui en est sorti était qu’avaient échoué les efforts au niveau international pour isoler le front de la résistance contre les plans américains dans la région [« Jebhat Al-Mumanaa » — dont font partie l’Iran, la Syrie, le Hizbullah et le Hamas]. Ahmadinejad rencontra aussi le responsable du mouvement Hamas Khaled Meshaal durant sa visite d’une journée, ainsi que le président syrien Bashar Al-Assad.

« Cette réunion a consacré le partenariat entre les membres du « Jebhat Al-Mumanaa » — Ahmadinejad rencontrant Nasrallah et le Hamas à Damas — comment est-ce que cela pourrait être plus clair ? » déclara Amal Saad-Ghorayeb du centre Carnegie [Carnegie Endowment’s Middle East Centre] basé à Beyrouth. « Et la réunion se tenait au bon moment à cause de tous ces signes envoyés concernant la paix entre Israël et la Syrie. »

Israël a répondu aux ouvertures syriennes pour la paix en demandant à ce que la Syrie coupe ses liens avec l’Iran. Israël occupe les hauteurs du Mont Golan depuis 1967 et les deux pays étaient proches d’un accord durant l’année 2000. La Syrie pour sa part avait reçu des assurances qu’Israël se retirerait des hauteurs du Golan avant que les pourparlers ne puissent débuter. Chaque côté avait rejeté les conditions de l’autre.

Lors d’une autre initiative que l’isolement de l’Iran facilite, un second tour de discussions au niveau des ambassadeurs iraniens et américain a démarré cette semaine à Baghdad.

Cependant, Saad-Ghorayeb estime que l’échec des Etats-Unis à affaiblir ses ennemis dans la région n’entraîne pas nécessairement de bonnes nouvelles pour ses adversaires au Liban. « Quand les Etats-Unis sont affaiblis dans la région ils commencent à s’investir au Liban et en Palestine - ce sont devenus des cas d’école, » dit-elle encore.

La tant vantée capacité du Hizbullah à se défendre contre une attaque israélienne est d’une utilité incertaine dans le champ des affrontements internes où l’opposition qu’il anime et où le gouvernement pro-occidental ont déclenché leurs sirènes depuis maintenant huit mois.

Après des discussions ayant servi à « briser la glace » entre les principaux représentants plus qu’entre les principaux dirigeants à Saint-Cloud près de Paris il y a deux semaines, les deux côtés attendent maintenant un dialogue renouvelé. Mais personne ne diminue le niveau de ses exigences.

Pour l’opposition, un gouvernement national d’unité accordant chrétien Michel Aoun du Mouvement du Front Patriotique dirigé par Michel Aoun « un tiers bloquant » des postes ministériels est primordial. Pour la majorité de l’actuel parlement, une élection présidentielle doit être organisée préalablement en septembre.

Le mouvement du « 14 mars » actuellement au pouvoir a menacé d’élire un président par majorité simple au lieu des deux tiers des députés nécessaires au choix du chef de l’état. Mais les protestations surgies dans ses propres rangs rendent cette option de moins en moins plausible.

Le mandat de Lahoud a été prorogé de 3 ans en septembre 2004 sous la pression syrienne, ce qui a demandé un amendement constitutionnel et a sucité l’opposition de la part de son petit voisin à la domination d’après-guerre par Damas.

Des espoirs prudents sont placés sur la visite du ministre fançais des affaires étrangères Bernard Kouchner le 28 juillet. Jean- Claude Cousseran, l’envoyé de Kouchner, a visité Beyrouth pour le deuxième fois cette semaine pour rencontrer des hommes politiques des deux bords et tenter de démarrer un dialogue rapide.

L’approche positive de Kouchner à l’égard de Damas apparaît comme un signe supplémentaire de différenciation de la politique française par rapport à la politique américaine et par rapport à celle de l’ex-président français Jacques Chirac qui était un ami proche de Rafik Al -Hariri, l’ancien premier ministre libanais assassiné.

Cousseran s’est rendu en Syrie la semaine passée, ce qui constituait la première visite d’un officiel français depuis le meurtre [d’Hariri] en 2005 qui avait plongé le Liban dans la crise et gelé les relations franco-syriennes.

Kouchner a déclaré aux journalistes que l’aide syrienne à la tenue de la réunion à Saint Cloud avait pavé la voie au voyage de Cousseran. « Un certain nombre d’obstacles ont disparu du fait de la volonté syrienne », a-t-il déclaré. « Nous avons envoyé un premier émissaire pour discuter avec le gouvernement syrien car cela nous parait un bon signe sur la voie qui nous mène à l’émélioration des relations ».

Al Hayat, le quotidien en langue arabe basé à Londres, a rapporté que le secrétaire-général de la Ligue Arabe Amr Moussa pourrait accompagner Kouchner au Liban. Tous les obstacles vont être levés, semble-t-il, pour trouver un accord parlementaire sur un candidat à la présidence et éviter un vide de pouvoir.

Un autre évènement marquant avant cette élection est le renouvellement le 5 août des sièges de députés dans la région chrétienne de Metn dans les montagnes au nord de Beyrouth et dans le quartier principalement sunnite de la capitale. Les deux élections visent à remplacer deux assassinés du mouvement du « 14 mars » : Pierre Gemayel élu dans la région du Metn et tué en novembre dernier, et Walid Eido tuée par une voiture piégée à Beyrouth le mois dernier.

Un candidat loyal à Saad Harriri [fils de l’ancien premier ministre] devrait l’emporter à Beyrouth, mais la région de Metn, une place-forte d’Aoun, devrait être disputée car les chrétiens représentent la principale communauté au Liban qui soit divisée entre « le rassemblement du 14 mars » et l’opposition.

L’ancien président Amin Gemayel s’est lancé dans la bataille cette semaine. Aoun conteste la légitimité des élections - qui devront se tenir sans approbation présidentielle - et son Mouvement Patriotique Libre a annoncé son intention de s’opposer à Gemayel.


A propos d’Hassan Nasrallah :

- Comment porter un jugement sur Hassan Nasrallah
- Rencontre avec Hassan Nasrallah
- Nasrallah s’oppose à une invasion du camp de Nahr el-Bared
- Liban : Nasrallah dénonce le « piège » confessionnel

27 juillet 2007 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2007/855...
Traduction : Claude Zurbach


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