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La révolution commence maintenant

dimanche 15 juillet 2007 - 07h:06

Osamah Khalil - The Electronic Intifada

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Le temps est venu pour l’ensemble des Palestiniens de relancer et ranimer l’institution que le monde reconnait toujours comme « seule représentation légitime du Peuple palestinien ».

Jamais encore dans les épisodes récents de son histoire, le peuple palestinien n’est apparu si sombre et si désespérée. Divisé à l’intérieur, éparpillé dans le monde, dépourvu d’une véritable représentation, le mouvement palestinien semble toucher le fond. De plus, la Palestine d’aujourd’hui semble préfigurer le futur d’un monde arabe encerclé, occupé par des forces extérieures alliées à des collaborateurs de l’intérieur chargés de semer et d’entretenir les divisions.

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Des écoliers Palestiniens prennent part à une manifestation lors du 59e anniversaire de la Nakbah - Naplouse le 15 mai 2007 - Photo : Rami Swidan/MaanImages

Hors de Palestine, les réfugiés et les exilés sont soumis aux menaces et aux pressions des régimes arabes et des gouvernements occidentaux, sans ou presque sans soutien des institutions traditionnelles qui auparavant les représentaient sur la scène internationale. Cependant, s’il y a un espoir pour les Palestiniens il réside dans la momification et l’évidente agonie de l’OLP. Le temps est venu pour l’ensemble des Palestiniens de relancer et ranimer l’institution que le monde reconnaît toujours comme « seule représentation légitime du Peuple palestinien ».

Il faut commencer par la dissolution de l’Autorité Palestinienne.

Tous les Palestiniens ayant vécu les 40 années de la main mise sur la partie Ouest et à Gaza, doivent déclarer qu’ils ne seront plus partie prenante de leur propre occupation. Qu’ils ne permettront plus à Israël de détenir illégalement le revenu des taxes tout en se livrant impunément à des incursions répétées et des raids meurtriers. Qu’ils ne permettront plus aux représentants de leur « gouvernement » de bénéficier, matériellement et politiquement de l’occupation israélienne, qu’il s’agisse du mur consacrant l’apartheid israélien, de l’extension des colonies sur la terre palestinienne ou de l’interdiction des activités politiques.

Pour les rejetons préférés du président américain Georges Bush - Mahmoud Abbas, Salam Fayyad, Mohammad Dahlan et leurs semblables - qu’ils démissionnent avec le peu de dignité qu’il leur reste et quittent la Palestine pour n’importe où pour permettre l’émergence d’un nouvel OLP vierge des souillures de la corruption et de la collaboration. Aucun gouvernement impliqué dans le soutien militaire et financier de l’ennemi de son peuple ne mérite en rien le titre de « Palestinien » ou d’ « Autorité ». Le temps est en effet venu de mettre un terme à cette mascarade qui n’a que trop duré.

Tandis qu’approche le soixantième anniversaire de la Nakba, il est temps pour les réfugiés palestiniens dans le monde arabe et au-delà de réaffirmer leur position d’avant garde du mouvement national palestinien. Il est temps qu’ils demandent à ne plus être présentés comme les éléments encombrants d’un marchandage où ils sont bradés par des négociateurs plus soucieux de leur propre profits que des intérêts des réfugiés ou de la reconnaissance de leurs droits sur le plan international. Il faut absolument que les Palestiniens sous occupation ou en exil s’unissent pour ranimer et réformer l’OLP et réélire le Congrès National Palestinien (CNP). Une fois réélu, un nouveau CNP se réunirait pour annoncer la formation d’un Etat palestinien indépendant, d’un gouvernement en exil, et une stratégie pour vaincre pouvant unifier les groupes palestiniens autour d’un spectre large allant des laïques aux islamistes.

Une OLP revivifiée devrait aussi faire le lien entre la pléthore d’organisations qui se sont multipliées pour s’opposer à l’apartheid israélien par des méthodes politiques et militant pour le droit au retour. Le plus souvent, ces organisations travaillent indépendamment les unes des autres, ne se coordonnent que de façon occasionnnelle et souffrent d’un manque de soutien financier et organisationnel à l’échelle internationale. Elles ont déjà à leur actif d’étonnants succès et ont consenti de terribles sacrifices dans la recherche d’une solution juste pour le peuple palestinien. Chacun peut imaginer ce qui aurait pu être réalisé avec une telle organisation durant les sept dernières années avec le soutien institutionnel d’une organisation internationalement reconnue représentant tous les Palestiniens. De fait, à l’ère de la communication instantanée, nous n’avons pas à imaginer le possible, nous devons travailler à le rendre réel.

Les Palestiniens ont la chance de compter un grand nombre d’individus remarquables dans les générations qui ont vécu sous occupation ou parmi les exilés. Ces individus peuvent et doivent prendre la tête de ce nouveau mouvement. Beaucoup ont été politiquement actifs et ont milité pour obtenir justice, que ce soit avec l’OLP d’avant Oslo ou dans différents groupes jusqu’au début de la seconde Intifada. L’organisation doit également s’ouvrir à tous les Palestiniens qui veulent réellement un programme d’unité nationale, qui veulent y militer et travailler à atteindre les buts clairement affichés par une nouvelle OLP. L’auto détermination commence par la non-dépendance. Il fut un temps où la volonté de justice et d’autodétermination d’un peuple opprimé était représentée par le mouvement national palestinien. Cela doit revenir.

Cependant, les Palestiniens doivent renoncer à chercher le soutien du monde arabe, des Etats-Unis, de l’Europe ou des Nations Unies. L’histoire des soixante dernières années démontre clairement que ces entités n’ont aucun intérêt à une autodétermination des Palestiniens ou à une Palestine vraiment indépendante. Plus encore, elles ont activement collaboré avec les Etats-Unis et Israël pour en empêcher l’émergence.

En effet, la pléthore des initiatives de « paix » ratées, dont les papiers sans valeur pourraient paver une route allant de Washington à Jérusalem, et les débris fétides du « processus de paix » pourrissant sur pied illustrent l’échec complet et l’impuissance délibérée de la communauté internationale pour mettre fin au drame palestinien.

Tandis que des membres de ces nations ou groupes peuvent aider et seront les bienvenus, les Palestiniens doivent se libérer eux-mêmes. Le mouvement national palestinien qui a su dans le passé trouver fièrement sa place aux côtés d’autres luttes nationales ne doit pas mourir dans le chaos des combats de factions, des chefferies de guerre et de la loi des armes. Il est urgent d’inverser un mouvement au bout duquel il y a non pas un Etat palestinien indépendant ou une « solution nationale », mais des Palestiniens regroupés dans des prisons à ciel ouvert, gardées par des collaborateurs locaux avec la bénédiction et la légitimation de la communauté internationale.

Ce défi ne doit pas être sous estimé. La création du Moyen Orient contemporain à la fin de la première guerre mondiale, assortie de pressions extérieures et de conflits internes entre factions a profondément déstabilisé la région. En outre, comme le démontrent les événements récents à Gaza et au Liban, le peuple palestinien reste encerclé par des ennemis puissants qui veulent sa soumission et sa défaite.

Comme après 1948, les gouvernements arabes renouent activement avec une pratique d’interdiction des activités politiques palestiniennes, tout en affichant publiquement les thèmes rhétoriques de l’unité et de la fraternité. Pendant ce temps la « vision » de Bush d’un Etat palestinien a tourné au cauchemar, à une chimère digne d’un Guernica, dans les abîmes desquels nous glissons rapidement. Nous ne devons ni piétiner ni échouer ; le temps du changement est venu. Si la révolution ne commence pas aujourd’hui elle ne commencera jamais.

* Osamah Khalil est étudiant en thèse en histoire des Etats-Unis et du Moyen-Orient à l’université de Bekeley en Californie ; il se spécialise sur la politique étrangère des Etats-Unis au Moyen-Orient. Palestinien-Américain, il a voyagé et étudié dans l’ensemble du Moyen-Orient. Il peut être contacté à okhalil@Berkeley.edu

Sur le même thème :

- Vers une réactivation du rôle de l’OLP
- Construire l’unité palestinienne et réformer l’OLP

6 juillet 2007 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction : Anne Ramaré


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