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Israël apporte un soutien limité à Mahmoud Abbas

mercredi 27 juin 2007 - 06h:19

Michel Bôle-Richard - Le Monde

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En présence du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, du roi Abdallah de Jordanie et du président égyptien Hosni Moubarak, le premier ministre israélien, Ehoud Olmert, a prononcé un long discours, lundi 25 juin, à Charm el-Cheikh pour expliquer que "ce sommet pouvait faire avancer la région vers un avenir meilleur". "Je crois, a-t-il indiqué, que les conditions sont mûres pour cela. J’ai l’intention d’explorer toutes les possibilités avec vous de façon à ce que ces espoirs ne soient pas déçus et afin de les transformer en réalités. Je suis naturellement optimiste et c’est précisément en raison de ces derniers jours tumultueux que je vois une chance. Une occasion a été créée pour faire avancer le processus politique dans la région et je n’ai pas l’intention de laisser passer cette opportunité."

Pour le moment, le seul résultat concret du sommet est la décision annoncée par M. Olmert de relâcher environ 250 prisonniers palestiniens du Fatah "en signe de bonne volonté". Les noms seront désignés dimanche, au cours du prochain conseil des ministres. Ces hommes ne devront pas "avoir de sang sur les mains et devront s’engager à abandonner la violence". Il y a environ 11 000 détenus palestiniens dans les prisons israéliennes, dont près de 800 sont des prisonniers administratifs, incarcérés sans inculpation et sans jugement.

Pour le reste, le premier ministre israélien a expliqué qu’il allait "transférer sur une base régulière" tout ou partie des 600 millions de dollars (près de 460 millions d’euros) de droits de douane et de taxes collectés par Israël et retenus illégalement depuis avril 2006. Les modalités et les conditions de cette rétrocession d’argent n’ont pas encore été déterminées.

M. Olmert a également annoncé que "la liberté de mouvements des Palestiniens de Cisjordanie allait être améliorée de façon significative", sans qu’aucune précision ne soit donnée sur le nombre des quelque 500 barrages qui pourraient être levés et si le désenclavement des principales villes allait être effectué.

"Nous allons travailler avec le nouveau gouvernement et nous allons maintenir des liens constants avec lui", a également déclaré Ehoud Olmert, ajoutant : "Les habitants de Cisjordanie vont comprendre que le choix d’une conduite qui n’est pas celle de la terreur et de la violence, mais plutôt celle du dialogue et de la paix, ouvre la voie à de nouvelles possibilités politiques et conduit à une meilleure vie."

Concernant la bande de Gaza qui, depuis le 15 juin, est passée sous le contrôle du Mouvement de la résistance islamique (Hamas), M. Olmert a assuré que "l’eau, l’électricité, les soins médicaux, la nourriture et les médicaments continueront à être fournis de manière à éviter une crise humanitaire. Nous n’avons pas l’intention de punir la population simplement parce qu’elle est dirigée par une organisation terroriste".

Rien n’a été dit sur l’arrêt de la colonisation, sur la construction de la "barrière de sécurité" et sur les perspectives de la création d’un Etat palestinien réclamé par Mahmoud Abbas. "J’attends du premier ministre israélien, a déclaré le président de l’Autorité palestinienne, qu’il entame des négociations politiques sérieuses, conformément au calendrier accepté avec pour objectif la création d’un Etat palestinien indépendant." "Ma main est tendue vers le peuple israélien", a-t-il conclu.

"Nous sommes d’accord pour nous rencontrer au moins une fois toutes les deux semaines, a répondu M. Olmert, de manière à établir un horizon politique nécessaire ainsi que les conditions appropriées qui conduiront, le plus tôt possible, aux pourparlers visant à créer un Etat palestinien qui vivra à nos côtés en paix et en sécurité." Et d’ajouter : "Je n’ai pas l’intention de retarder cela. Au contraire, je vais faire tous les efforts nécessaires pour activer le processus qui va conduire à des négociations."

Alors que Mahmoud Abbas a exprimé le souhait que les résultats de ce sommet de Charm el-Cheikh soient rapidement visibles sur le terrain et ne restent pas que de louables intentions, le président égyptien, Hosni Moubarak, a appelé à "briser l’immobilisme du processus de paix" et a demandé "la réunification des rangs palestiniens par le dialogue".

Ismaïl Haniyeh, le premier ministre, issu du Hamas, du gouvernement palestinien d’union nationale révoqué le 14 juin par Mahmoud Abbas, a immédiatement répondu favorablement à cet appel. Mais ni le président palestinien, ni les autorités israéliennes n’ont l’intention d’ouvrir un quelconque dialogue avec les islamistes. Qualifié de "vrai partenaire" par M. Olmert, Mahmoud Abbas a été accusé par un député du Hamas, Mouchir Al- Masri, de "courir devant M. Olmert pour implorer une rencontre" plutôt que de parler à "ses frères palestiniens".

Michel Bôle-Richard, Jérusalem - Le Monde, le 26 juin 2007

Du même auteur :
- Pris au piège de sa victoire, le Hamas cherche à éviter l’isolement total de la bande de Gaza
- Hypocrisie internationale autour de Gaza


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