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Un gouvernement d’indépendants autour de Mahmoud Abbas

jeudi 21 juin 2007 - 08h:32

Michel Bôle-Richard - Le Monde

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"Israël n’est pas au service d’Ismaïl Haniyeh", a martelé Ephraïm Sneh, vice-ministre de la défense, expliquant "qu’il va y avoir une crise dans la bande de Gaza parce qu’elle est contrôlée par des gangs qui ne font preuve d’aucune responsabilité à l’égard de la population".

Face aux risques de dégradation de la situation dans ce petit réduit totalement isolé par les Israéliens, Saëb Erekat, proche collaborateur de Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, a demandé aux Israéliens que les livraisons soient poursuivies, car "les habitants de Gaza ne doivent pas être punis en raison du coup de force du Hamas". "La requête sera examinée", lui a-t-on répondu. Pour l’ancien premier ministre Benyamin Nétanyahou, "Israël doit boucler entièrement la bande de Gaza et l’isoler économiquement et politiquement, car le régime du Hamas doit disparaître", a-t-il déclaré dimanche soir.

Vent de panique à Gaza

Un vent de panique souffle dans la bande de Gaza. Des stations-service ont commencé à limiter la vente de carburants. Des queues se sont formées devant les boulangeries. Les habitants qui ont les moyens d’acheter ont commencé à faire des stocks en prévision des pénuries. Les dirigeants du Hamas ont menacé de punir les commerçants qui augmentaient leur prix. L’agence de l’ONU pour l’aide aux réfugiés palestiniens (Unrwa) a critiqué Israël et son intention de couper les vivres aux Palestiniens de la bande de Gaza. Un million de Gazaouis dépendent de l’aide internationale pour continuer à se nourrir. Coupée du monde, Gaza se demande comment elle va survivre. Ses nouveaux maîtres s’interrogent, eux, sur les moyens dont ils disposent, non pour asseoir leur autorité, mais pour assurer le quotidien d’une population qui ne tardera pas à être aux abois.

Après la prise de contrôle de la bande de Gaza par les islamistes du Hamas, Israël a l’intention de renforcer le blocus de ce territoire. Benyamin Ben Eliezer, ministre des infrastructures, a indiqué, dimanche 17 janvier, qu’il fallait "isoler la bande de Gaza et ne plus rien laisser passer, sauf l’électricité et l’eau". Les postes-frontières sont fermés et la compagnie privée qui fournit le carburant à ce territoire de 1,4 million d’habitants a décidé, sous la pression des autorités, de stopper la fourniture du combustible. Les experts estiment que les réserves sont de l’ordre d’environ deux semaines. Après, la bande de Gaza sera paralysée. Les voitures ne pourront plus rouler et les groupes électrogènes s’arrêteront. Ces derniers fournissent une grande partie de l’électricité, notamment dans les hôpitaux, à la suite de la destruction en juin 2006, après l’enlèvement du caporal israélien Gilad Shalit, de l’unique centrale de la bande de Gaza.

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Le gouvernement d’urgence palestinien a tenu sa première réunion lundi à Ramallah
(Ph. Muheisen/AP)

Pendant ce temps, le nouveau gouvernement d’urgence de Salam Fayyad a prêté serment dimanche. Le premier ministre va cumuler les fonctions de ministre des finances et des affaires étrangères. Le cabinet est composé de onze membres, dont aucun n’appartient au Fatah ou au Hamas. Il s’agit de personnalités indépendantes dont "la tâche sera de mettre fin aux sanctions et d’offrir une aide économique et financière à notre peuple" ainsi que l’a formulé le président Abbas. Ce qui ne devrait plus être un problème. Le nouvel exécutif palestinien a reçu l’imprimatur de pratiquement toute la communauté internationale. Avant de s’envoler pour les Etats-Unis samedi soir, Ehoud Olmert, le premier ministre israélien, a qualifié le nouvel exécutif de "partenaire pour la paix". "La situation actuelle offre une occasion que l’on n’avait pas connue depuis longtemps. Cela crée des opportunités", a-t-il déclaré. M. Olmert doit rencontrer George Bush le 19 juin.

Le gouvernement de crise palestinien ne peut excéder trente jours. Il peut être prolongé de trente autres jours avec l’accord du Conseil législatif palestinien (Parlement) à une majorité des deux tiers (1). Samedi soir, M. Abbas a abrogé par décret ces dispositions de la loi fondamentale qui fait office de Constitution. Ce qui signifie que le régime d’exception qui vient de se mettre en place peut durer longtemps. Le président Abbas a également décidé de déclarer hors la loi les organisations armées affiliées au Hamas. Toutes ces mesures ont été rejetées en bloc par les islamistes. Il y a désormais un double pouvoir chez les Palestiniens.


(1) - Note ajoutée par la rédaction :

Aux termes de la loi fondamentale palestinienne, l’état d’urgence ne peut excéder 30 jours. Il peut cependant être prolongé de 30 jours, mais uniquement avec l’accord du parlement à une majorité des deux tiers. Le problème tient à ce que près de la moitié des députés Hamas, majoritaire au parlement, sont actuellement détenus par Israël et qu’il semble dans ces conditions très difficiles de réunir le quorum au Conseil législatif. - Reuters

Michel Bôle-Richard, correspondant à Jérusalem - Le Monde, le 18 juin 2007

Du même auteur :
- Hypocrisie internationale autour de Gaza
- 1967-2007 : la Palestine démembrée


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