Une compagnie de vente d’énergie israélienne a coupé une première partie des approvisionnements en carburant vers la bande de Gaza tandis qu’Israël man ?uvre pour d’isoler le mouvement de Hamas après que celui-ci ait pris le contrôle du territoire côtier.

Dans la ville de Gaza, des centaines d’habitants se sont rués sur les échoppes et les stations-service pour s’approvisionner de crainte de pénuries ou d’une reprise des violences interpalestiniennes - Photo : AFP/Mahmoud Hams

« Nous fournissons toujours du carburant pour les centrales électriques de Gaza, mais pas pour de plus petites stations, » a déclaré ce dimanche un porte-parole de Dor Alon, une des plus importantes compagnies de carburant israéliennes.

Cette annonce a été faite alors qu’Ephrain Sneh, le ministre adjoint de la Défense, disait à la radio publique israélienne que des unités militaires avaient pris position au nord de la bande de Gaza.

« Ce sont des mouvements à caractère préventif, car pour le moment nous n’allons pas déclencher d’offensive sur la bande de Gaza, » a-t-il encore dit.

Les troupes ont été placées sur les emplacements de deux anciennes colonies juives qui avaient été démantelées en 2005.

Plan militaire

Jacky Rowland, le correspondant d’Al Jazeera à Jérusalem, a indiqué : « Nous comprenons que le gouvernement a demandé à l’armée israélienne de planifier un tel scénario... au cas où Israël décide qu’il est dans ses intérêts d’entrer dans Gaza et d’essayer de détruire le Hamas. »

« Apparemment ils étudient des scénarios qui entraîneraient peut-être le déploiement de 20 000 soldats israéliens. Mais c’est beaucoup un plan de circonstance basé sur l’idée que la contrebande d’armes et les envois de fusées se poursuivront. »

Plus tôt, Benyamin Ben-Eliezer, ministre israélien des Infrastructures dont le bureau contrôle les approvisionnements en carburant, a réclamé une séparation complète entre la bande de Gaza et la Cisjordanie.
« Nous devrions simplement renforcer l’isolement de Gaza, » a dit Ben-Eliezer à la radio de l’armée. « Je veux tout stopper jusqu’à ce que nous comprenions ce qui se passe là-bas. »

Les médias israéliens ont indiqué que les coupures en approvisionnements par Dor Alon signifieraient que la plupart des véhicules dans Gaza pourraient s’arrêter de rouler dans un délai de deux semaines.

« Pour le moment nous avons de l’essence, mais nous ne savons pas si du carburant sera disponible au-delà de quelques jours, » dit Mahmoud, qui travaille dans une station-service dans la ville de Gaza. « Les personnes ont peur qu’avec une coupure israélienne prolongée, cette réserve s’épuise. »

Israël a insisté sur le fait que la compagnie avait coupé ses approvisionnements vers Gaza à la demande du gouvernement de Mahmoud Abbas, mais les conseillers du président palestinien ont vigoureusement nié l’accusation.

Saeb Erekat, un des premiers conseillers d’Abbas, a dit avoir demandé aux Israéliens de livrer à nouveau du carburant et des matières premières aux 1,5 million de Palestiniens vivant dans Gaza.

« J’ai transmis aux Israéliens la demande du Président Abbas de maintenir la livraison de nourriture, de médicaments, de carburant, d’électricité et d’eau vers Gaza, » a-t-il dit.

Craintes pour la nourriture

Nour Odeh, correspondante d’Al Jazeera dans la bande de Gaza, a indiqué qu’il y avait une situation de panique dans le territoire en raison des informations selon lesquelles Israël bloquerait les approvisionnements en nourriture.

« Tout au long des deux dernières journées nous avons vu des personnes dépenser tout ce que elles ont, tout ce que elles avaient pu épargner... pour faire des provisions d’aliments, d’eau, de carburant pour les voitures, et de médicaments dont elles ont besoin ou pensent pouvoir avoir besoin, » a-elle-dit.

« [Israël] ne sera pas en mesure de nous faire littéralement mourir de faim mais la vie dans la bande de Gaza deviendra très difficile. Nous avons déjà vu des prix augmenter en raison de cette crainte d’épuisement des ressources. »

Des files d’attente ont été vues devant les boulangeries et les supermarchés à travers le territoire.

« De plus en plus de gens sont venus, achetant tout pour l’entreposer dans leur maison, » dit Samir Nasser, le propriétaire d’une supérette dans la ville de Gaza. « Ils ont peur d’un couclage israélien prolongé. »

Un haut fonctionnaire voyageant avec Ehoud Olmert, le Premier ministre israélien, à l’occasion d’une visite aux USA, a insisté sur le fait qu’Israël assurerait la livraison des approvisionnements de base.

« Il n’y aura pas de crise humanitaire dans Gaza, » a déclaré le fonctionnaire [en ne tenant pas compte du fait que cette crise dure à différents niveaux depuis 40 ans - N.d.T].

Frontières bouclées

Certains habitants de Gaza essayent de partir du territoire appauvri où 80% de la population est dépendante de toutes sortes d’aides extérieures.

Environ 500 Palestiniens, la plupart du temps des femmes, des enfants et des personnes âgées, s’étaient rassemblés au poste-frontière d’Eretz ce dimanche, s’asseyant sur des valises sous un soleil de plomb sans nourriture ou eau, ont dit des témoins.

Un porte-parole de l’armée israélienne a déclaré que des centaines de Palestiniens s’étaient approchés de la barrière.

« Ils ont été refoulés par des soldats qui ont tiré des coups de feu en l’air. Israël n’a aucune intention de permettre à des Palestiniens de rentrer. Seulement ceux qui ont un statut spécial peuvent traverser, » a-t-il dit.

Des militants de l’aile armée du Hamas ont établi un point de contrôle environ 700 mètres plus loin pour empêcher plus de personnes d’atteindre la frontière.

Les agences internationales humanitaires ont invité Israël à rouvrir les points de passage vers Gaza pour éviter une crise humanitaire.

« La fermeture des postes-frontières n’est pas une option. La bande de Gaza est totalement dépendante de l’aide, mais également de tout le commerce, » a dit à l’AFP John Ging, le responsable dans Gaza de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

17 juin 2007 - Al Jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/NR/exe...
[Traduction : Info-palestine.net]

Et aussi, sur Al Jazeera.net : Le Hamas refuse le limogeage du gouvernement et défie l’autorité d’Abbas