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Le Hamas accusé de préparer un coup d’état

jeudi 14 juin 2007 - 08h:04

Serge Dumont - Le Temps

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Les violences interpalestiniennes s’étendent à toute la bande de Gaza et elles pourraient gagner la Cisjordanie. La présidence accuse le Hamas de préparer un coup d’Etat.

La situation est devenue incontrôlable dans la bande de Gaza. En effet, en quelques heures, les violences entre le Hamas et le Fatah se sont étendues à l’ensemble de ce territoire. Dans la nuit de lundi à mardi, la famille d’un responsable du Fatah (8 femmes et enfants) a ainsi été massacrée à domicile.

Les factions ennemies se sont également battues à l’intérieur des hôpitaux de Beit Hanoun, de Gaza-City et de Khan Younès afin de contrôler les toits de ces bâtiments pour les transformer en postes de tir. Une roquette a ensuite été tirée sur le domicile du premier ministre Ismaïl Haniyeh (Hamas) mais ce dernier n’a pas été touché puisqu’il vit dans la clandestinité. En représailles, l’organisation islamiste a bombardé la résidence officielle du président Mahmoud Abbas (Fatah) avant d’attaquer les bases principales des services de sécurité de l’Autorité palestinienne (AP).

« Le Hamas a décidé de punir les leaders des agresseurs et les assassins qui se prévalent de l’autorité du drapeau national », a déclaré le porte-parole de l’organisation, Fawzi Barhroum. Nous ne ferons preuve d’aucune pitié ni d’aucune faiblesse contre ces traîtres. »

De fait, plus de 200 membres de la Force exécutive et des Brigades Ezzedine el-Qassem (les deux principaux corps armés du Hamas) ont encerclé quelque 500 membres des services de sécurité de l’AP retranchés dans leurs casernes. « Nous sommes encerclés », a reconnu un officier du Service de sécurité préventive interrogé au téléphone par la télévision satellitaire arabe Al-Arabya. « Nos opposants sont mieux armés et mieux entraînés que nous, mais nous avons suffisamment de vivres et de munitions que pour tenir. »

« Le Hamas tente un coup de force mais nous ne nous laisserons pas faire. [...] Un petit groupe d’individus sans scrupules tente de nous entraîner dans une sale guerre civile », a déclaré Mahmoud Abbas en recevant les dirigeants du Fatah qui devaient, dans la soirée, décider de la démission de leur parti du gouvernement d’union nationale. Au terme de cette rencontre, le président de l’AP s’est toutefois montré apaisant en proposant aux factions de « reprendre le dialogue ». Mais dans le même temps, son entourage a publié un communiqué accusant le Hamas de « tenter un coup d’Etat contre la légitimité palestinienne ». Dans la foulée, la Sécurité nationale a d’ailleurs démantelé les studios de Al-Aksa TV (la chaîne du Hamas) et arrêté les membres de son personnel.

Selon des sources médicales, les affrontements d’hier ont fait 28 morts et 150 blessés.

A Gaza-City comme à Ramallah, en Cisjordanie, l’expression « guerre civile » est évidemment sur toutes les lèvres. Beaucoup redoutent d’ailleurs de voir les violences s’étendre à la Cisjordanie puisque le vice-ministre palestinien des Transports (Hamas) a été enlevé à Ramallah par un commando des Brigades des martyrs d’Al-Aksa (Fatah) et que le domicile de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Nabil Chaath (Fatah), a été dévasté par un commando du Hamas. Une opération menée par 200 hommes armés et au cours de laquelle le garde du corps de l’ex-ministre a été tué.

Directeur général du Programme de santé mentale de la communauté de Gaza (GCMPH), le docteur Eyad el-Sarraj explique cette escalade par l’« environnement malsain » dans lequel baigne la population de ce territoire depuis de nombreuses années. « Les divergences idéologiques entre le Hamas et le Fatah ne suffisent pas à expliquer pourquoi certains miliciens se livrent à des exécutions de sang-froid en insultant leurs victimes, dit-il. La cassure est plus profonde. Car bon nombre de ceux qui se battent aujourd’hui dans les milices sont âgés d’une vingtaine ou d’une trentaine d’années. Ils sont nés pendant la première Intifada (ndlr : 1987-1991) et ils ont été élevés sur fond de violence avec Israël. »

« Ces miliciens cagoulés de noir qui n’ont que les mots « vengeance » et « épuration » à la bouche ne sont pas des monstres, poursuit le docteur. Ce sont des jeunes gens qui ne sont jamais sortis de la bande de Gaza. Ils y tournent en rond depuis leur naissance en ressassant leurs frustrations de ne pas pouvoir mener une vie normale. Pour eux, l’usage de la force est naturel, ils ne comprennent pas ce qu’il y a d’indécent à cela. »

Serge Dumont, Tel Aviv - Le Temps, le 13 juin 2007

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