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Airbnb fait son beurre avec la colonisation et l’Apartheid

mardi 12 janvier 2016 - 20h:08

Kate Shuttleworth

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Des dizaines de propositions d’hébergement sur Airbnb, présentées comme situées en Israël, sont en réalité dans les territoires palestiniens sous occupation et à l’intérieur de colonies juives, toutes illégales au regard du droit international.

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Les colonies juives en Palestine occupée sont toutes illégales au regard du droit international - Photo : AP/Bernat Armangue

Jérusalem - Des dizaines d’annonces de logements accessibles sur le service en ligne Airbnb font état de cottages impeccables, de petits déjeuners élaborés et de à flanc de collines situées « en Israël » - mais ce qui n’est pas dit, c’est que les propriétés en question sont situées dans les colonies juives (ou avant-postes) en territoire palestinien occupé.

L’une de ces annonces montre une maison d’allure soignée proposée à la location, avec trois chambres et une cour idyllique encadrée par une vigne verte luxuriante, pour le prix de 800 shekels (205 dollars) dans Tekoa, une colonie juive en Cisjordanie occupée.

La liste vante les avantages d’un « trois pièces, avec balcon, une tonnelle, un verger et un coin salon donnant sur le paysage spectaculaire du désert de Judée. Complètement équipé, admirablement décoré et avec meublé avec goût dans un style oriental authentique. »

Le logement est présenté comme étant situé à 15 minutes de Jérusalem, et « inspirant ».

Cette liste et d’autres semblables pour des locations de propriété dans les colonies et les avant-postes considérés illégaux en vertu du droit international, ont entraîné la condamnation de la communauté palestinienne.

« C’est seulement controversé, mais c’est illégal et criminel, » a indiqué à Al Jazeera Husam Zomlot, l’ambassadeur pour la Palestine. « Ce site Web vante des biens et des terres volés. »

Airbnb ne fait part d’aucun souci de protection et sécurité en relation avec ces listes, en dépit d’une escalade récente dans la violence en Israël et les territoires palestiniens sous occupation.

« Nous observons les lois et les règlements en relation avec les lieux où nous pouvons faire des affaires et nous étudions les inquiétudes soulevées par des listes spécifiques, » a prétendu devant al-Jazeera le porte-parole de la société, Peter Huntingford. Il n’a pas dit si les listes en question avaient été l’objet de vérifications.

Quand les centres serveurs affichent une propriété, ils ont pour obligation d’informer de façon exacte sur son emplacement, et peuvent être l’objet de recours s’ils ne font pas. Certaines des listes affichent que les propriétés sont en Israël, alors qu’elles sont dans les territoires palestiniens occupés.

L’expansion des colonies est depuis longtemps considéré comme un des obstacles majeurs à la construction d’un État palestinien viable, et sous le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahu, l’expansion coloniale n’a cessé de se développer.

La population de colons juifs dans l’ensemble de la Cisjordanie a augmenté de près de 25% depuis 2009, atteignant presque 400 000 personnes, comparées au taux de croissance globale de 10% de la population à l’intérieur de l’Israël durant la même période.

Itzhak Levit, qui a situé la propriété dans Tekoa, a indiqué à al-Jazeera : « Israël n’a jamais accepté que les résolutions de la Convention de Genève soient appliquées aux territoires occupés en 1967. Selon la loi israélienne, Tekoa, et la grande majorité des colonies en Cisjordanie, sont des colonies autorisées, donc entièrement compatibles avec le droit national. »

Tekoa est situé dans le Secteur C, qui est sous le plein contrôle militaire israélien. Sous les Accords d’Oslo, il était prévu qu’elle revienne à l’Autorité Palestinienne avant la fin 1999, mais ceci ne s’est jamais produit.

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Image idyllique depuis la colonie de Nokdim... Vanter les mérites de ce qui est le résultat d’un nettoyage ethnique,d’un vol qualifié et de meurtres innombrables, ne fait apparemment pas peur à Airbnb

Fadi Kattan, qui gère le dossier du tourisme pour l’Organisation de Libération de Palestine, a indiqué que les listes étaient non conformes et qu’il était très « bizarre » qu’Airbnb permette leur diffusion sur son site Web.

Le militant Dror Etkes, qui suit la politique colonial d’Israël, a déclaré que ceux qui s’opposent à cette politique doivent dénoncer les entreprises qui renforcent la colonisation. Airbnb ne devrait pas tolérer que des habitants de colonies en Cisjordanie puissent prétendre que leurs propriétés sont situées à l’intérieur d’Israël.

« C’est évidemment une erreur que beaucoup commettent, principalement en Israël, mais apparemment aussi à l’étranger. Airbnb devrait rectifier cette erreur, et s’ils s’obstinent à tromper leurs clients, ils devraient être dénoncés pour cela et payer le prix fort, » selon Etkes.

Parmi les autres offres controversées, un cottage attrayant avec un jardin bien entretenu est offert pour 471 shekels (120 dollars) la nuit ,dans la colonie d’Efrat, installée en 1983 sur des terres palestiniennes au sud de Jérusalem.

« Efrat est une belle ville, résidentielle et luxuriante près de Jérusalem, entourée de sites historiques et d’intéressants chemins de randonnée dans la nature, » dit une certaine Lily qui, contactée par al-Jazeera, ne donne pas son nom de famille. Habitante d’Efrat depuis 30 ans, elle a maintenu que sa propriété était une « partie de l’État d’Israël ».

« Les gens viennent chez nous sachant qu’Efrat fait partie de l’Etat d’Israël, et ils ne se sentent pas concernés par les questions de protection et de sécurité… Il y a des risques partout en Israël et dans le monde - Paris, la Californie, Tel Aviv, Chicago, » assure-t-elle. « C’est notre pays et nous avons l’intention d’y rester. »

12 janvier 2016 - Al-Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.aljazeera.com/news/2016/...
Traduction : Info-Palestine.eu


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