Abbas se voit déjà le président d’un prochain bantoustan palestinien
jeudi 1er août 2013 - 06h:30
Haidar Eid
La reprise de négociations ne signifie pas que les Palestiniens et les Israéliens seront en mesure de résoudre les problèmes des frontières, des colonies et de la sécurité, a déclaré à Russia Today le Dr Haidar Eid, analyste politique à l’Université Al Aqsa de Gaza.
Russia Today : Si une telle proportion de la population [palestinienne] n’est pas représentée, les négociateurs vont-ils refléter ce que les Palestiniens veulent vraiment ?
Haidar Eid : Eh bien, en fait, ce que les Palestiniens veulent vraiment se reflète non seulement dans les vues du mouvement Hamas sur la question de la reprise de négociations entre les Palestiniens et les Israéliens. La semaine dernière, il y avait également une réunion du Politburo de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), et presque toutes les organisations palestiniennes représentées au bureau politique ont voté contre la reprise de négociations, sauf à la condition qu’Israël reconnaisse le droit des Palestiniens à l’autodétermination et la solution des deux États, et mette fin à ses activités de colonisation en Cisjordanie.
RT : Les négociations seront longues. Résoudront-elles les points fondamentaux comme les frontières, les colonies et la sécurité ?
HE : Eh bien, c’est une question brillante en fait. Parce que, en 1993, des négociations avaient débuté à Oslo et les Oslo accords ont été signés à Washington, et pendant 20 ans, rien n’a avancé. Mais en fait ce qui s’est passé a été en réalité l’annexion par Israël de plus en plus de terres de la Cisjordanie. Israël a érigé un mur monstrueux en Cisjordanie et a imposé un siège médiéval mortel sur la bande de Gaza. Maintenant, le point de référence pour les accords d’Oslo n’est pas le droit international, parce que la loi internationale garantit le droit à l’autodétermination pour le peuple palestinien. Et le droit à l’autodétermination du peuple palestinien entraînera le droit au retour pour plus de 7 millions de réfugiés palestiniens qui sont dispersés partout dans le monde, qui vivent dans des conditions misérables et les camps de réfugiés les plus misérables du monde entier.
Le droit international garantit aussi le droit à l’égalité à plus de 1,2 million de citoyens palestiniens de l’État d’Israël, qui sont traités comme des citoyens de 2ème voir de 3ème catégorie. Mais aussi le droit international garantit le droit des Palestiniens dans la bande de Gaza et la Cisjordanie à vivre librement et libre de toute occupation militaire. Et je ne pense pas, vous le savez bien, que la reprise des négociations signifie que les Palestiniens et les Israéliens seront en mesure de faire face à ces graves problèmes.
RT : La déclaration de Mahmoud Abbas qui dit qu’il ne veut pas d’Israéliens sur son sol, est-elle réaliste ?
HE : Eh bien, je pense que M. Abbas vit sous l’illusion de devenir le président d’un État palestinien indépendant, oubliant le fait qu’Israël a réellement créé de nouveaux faits sur le terrain, en faisant de la création d’un État indépendant et souverain dans la bande de Gaza et la Cisjordanie une impossibilité. Parce que, je le répète, il a déjà exproprié plus de 55% des terres de la Cisjordanie. Le nombre de colons israéliens en 1993, lorsque l’OLP a signé les accords d’Oslo avec Israël, était d’environ 200 000, et aujourd’hui il est de plus que 600 000 en Cisjordanie et à Jérusalem.
Et je pense que cela illustre la réalité des relations entre les Israéliens et les Palestiniens. Cette relation entre l’oppresseur et l’opprimé n’est pas sans rappeler la relation entre le système de l’apartheid blanc d’Afrique du Sud dans les années 1970 et 80, et le mouvement anti-apartheid. Et la solution n’a pas été d’aller à la table des négociations ou essayer d’avoir un courtier injuste comme les Américains, exactement comme nous, Palestiniens, avons en ce moment. La solution a été en fait de soutenir une campagne BDS, [boycott, désinvestissements et sanctions], de construire la résistance populaire contre l’oppresseur et de demander au niveau international une intervention en soutien aux opprimés, aux colonisés. Et je ne pense pas que M. Abbas et ceux qui ont signé les accords d’Oslo soient vraiment sérieux lorsqu’ils parlent de soutenir une résistance populaire contre l’occupation.
* Le Dr. Haidar Eid est un professeur associé aux Etudes Culturelles à l’université gazaouie d’Al-Aqsa et au conseil d’administration de la Campagne Palestinienne pour le Boycott Académique et Culturel d’Israël.
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30 juillet 2013 - Russia Today - Vous pouvez consulter cet article à :
http://rt.com/op-edge/abbas-palesti...
Traduction : Info-Palestine.eu - Al-Mukhtar