Attaques contre les civils : « L’image de ces enfants restera à jamais gravée dans ma tête ; c’est tout simplement horrible »
jeudi 24 janvier 2013 - 07h:34
PCHR Gaza
« Depuis que j’étais enfant, j’ai toujours rêvé de travailler dans la Protection Civile. Lorsque les camions des pompiers traversaient les rues, je prenais ma bicyclette et je m’amusais à les suivre, » raconte Jamal Sehwail, 55 ans, Directeur de l’Evacuation et du Développement dans la Protection Civile de Gaza.
- Jamal Dayem Sehwail, 55 ans, et derrière lui des équipements de lutte contre les incendies. Locaux de la protection civile, Gaza.
« Je m’occupe principalement des tâches complexe, notamment lorsqu’il y a une nécessité de coopérer entre les pompiers et les auxiliaires médicaux pour secourir les travailleurs, » explique Jamal en poursuivant : « Je suis également responsable de la maintenance et du développement de nos équipements et de nos installations. Il est vrai qu’à cause du blocus, nous souffrons de sérieuses pénuries en matière de ressources et de réserves, mais nous parvenons quand même à y faire face de façon créative. Par exemple, nous sommes à présent capables de produire nos propres mousses d’extinction et écrans ignifuges pour nos pompiers. »
Durant la toute dernière offensive israélienne sur la Bande de Gaza (du 14 au 21 novembre 2012), Jamal était appelé à coordonner plusieurs opérations de sauvetage et d’évacuation. D’après des enquêtes du PCHR, 171 civils ont été tués et plus de 1250 ont été blessés, dont 650 cas ayant subi des blessures moyennes à graves. Dans ce cadre, Jamal raconte au PCHR les conditions dans lesquelles, ses collègues et lui ont dû intervenir : « La dernière guerre a été particulièrement rude et pénible ; les bombardements incessants étaient très intenses. Même les journalistes ont été pris pour cible. En fait, c’est une guerre qui aspirait à instiller la peur chez les gens, et la guerre de 2008-2009 en est la preuve. »
Jamal évoque les incidents survenus ces dernières années, notamment pendant l’Opération Plomb Durci lorsqu’Israël avait attaqué la Bande de Gaza du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009. Cette offensive avait, pour rappel, tué 1419 Palestiniens « La Quatrième convention de Genève est supposée nous protéger, nous les éléments de la protection civile ainsi que les paramédicaux et les journalistes. » souligne Jamal, et d’ajouter : « Cependant, la réalité sur le terrain est tout autre ; nous sommes attaqués par Israël ce qui veut dire clairement qu’il n’existe point de dispositions de la Quatrième Convention Genève, et ce n’est pas moi qui le dis, mais c’est Israël qui a transmis ce message en bombardant notre personnel et nos locaux, mettant en danger nos vies et nos missions. L’armée israélienne ne nous épargne jamais et dès qu’il y a une tension qui s’installe, nous commençons par évacuer nos locaux en prévision d’éventuelles attaques. Nous vivons toujours sur nos nerfs et nous n’avons aucun moment de répit. Nous sommes tenus d’être disponibles à tout moment et prêts à sortir de chez nous même au beau milieu de la nuit. »
Durant la récente offensive, Jamal et ses collègues ont travaillé 24h sur 24 pour tenter de sauver des vies. Ils ont mené un travail où des scènes macabres s’invitaient partout, et ils ne sont certainement pas près de les oublier. Jamal garde un souvenir vivace d’un incident particulier, en l’occurrence le massacre de la famille Dalou. Il témoigne : « J’étais présent dans une tour d’appartements qui venait d’être bombardée lorsque j’ai aperçu un missile descendre du ciel, à quelques centaines de mètres. J’ai ensuite entendu une très forte explosion suite à quoi, je me suis précipité vers la maison touchée. Mes collègues et moi avons passé trois jours à tenter de secourir les personnes coincées dans ce qui restait de la maison. Les enfants tués avaient le même âge que les miens. Après la fin de la guerre, nous avons trouvé encore deux corps ensevelis, dont celui d’une fille. J’avoue que durant toute ma carrière, la chose la plus horrible et la plus atroce à faire était de tirer des enfants des décombres. Une chose est sûre, l’image de ces enfants restera à jamais gravée dans ma tête : c’est tout simplement horrible. »
Le personnel de la protection civile se trouve traumatisé après chaque rude épreuve de la guerre, néanmoins, aucune assistance psycho-sociale ne leur est apportée. Jamal avoue : « Au terme de chaque guerre, nous parlons entre nous de nos expériences ; c’est l’unique moyen pour une thérapie psychologique. Aussi, nous remercions tous les membres de notre équipe et nous rendons visite aux familles de nos collègues morts ou blessés lors de l’accomplissement de leurs nobles tâches. »
Jamal jouit d’un riche palmarès puisqu’il a, depuis 2007, participé à 1500 opérations de sauvetage. Il conclut : « Le secours des personnes et la récupération des corps et cadavres resteront gravés dans ma mémoire et défileront devant mes yeux même si, pour la plupart du temps, je ne connais ni les victimes ni leurs noms. »
Pourtant, les lois et le droit international sont très clairs à ce sujet. Pour l’Article 147 de la Quatrième Convention de Genève et les Articles 8 (2) (a) (i) et 8 (2) (b) (i) du Statut de Rome pour la Cour Pénale Internationale, le fait de « Cibler, blesser gravement ou tuer des civils, considérés comme des personnes protégées, constitue un crime de guerre. »
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16 janvier 2013 – PCHR Gaza – Vous pouvez consulter cet article :
http://www.pchrgaza.org/portal/en/i...
Traduction : Info-Palestine.eu - Niha