Attaques contre les civils : Quelques heures seulement pour voir le fruit de 50 ans de dur labeur et de travail éreintant partir en fumée
vendredi 14 décembre 2012 - 06h:39
PCHR Gaza
Lors de l’Opération Pilier de Défense, c’est-à-dire la toute récente offensive israélienne lancée du 14 au 21 novembre 2012, les forces israéliennes ont ciblé des rues, des maisons et des immeubles de civils se trouvant dans les zones les plus peuplées. Résultat : des destructions massives ont touché les biens civils à travers toute la Bande de Gaza.
- Mahmoud Nimer al-Bahtetee devant son immeuble qui a été sévèrement endommagé. Photo du PCHR
Vendredi 16 novembre, aux environs de 5h30, un missile israélien a fortement secoué la maison de la famille al-Bahtetee, située à Tel al-Hawa au sud de la ville de Gaza. En vérité, la frappe aérienne avait pour cible le Département Civil du Ministère de l’Intérieur qui se trouve à 15 pieds du domicile des al-Bahtetee.
La famille, composée de 27 éléments dont 13 enfants, avait réussi à fuir la maison de deux étages qui a quand même reçu quelques coups mais pas très graves. Cependant, tard dans la même journée, vers 21h30, des avions de guerre israéliens ont tiré 4 nouveaux missiles sur le même endroit. Cette fois-ci, l’impact de la seconde attaque a largement fait des ravages, endommageant ainsi la maison des al-Bahtetee et leur atelier automobile du rez-de-chaussée de l’immeuble.
Leur aîné, Mahmoud Nimer al-Bahtetee (62 ans) se souvient : « la première attaque s’est produite à l’aube lorsque tout le monde dormait encore. L’impact de cette attaque a fait éclater les fenêtres de la maison et les morceaux de verre brisé ont touché quelques enfants. Les pauvres ont eu de petites blessures et des contusions. »
« Tout de suite après l’attaque, poursuit-il, une équipe de la protection civile est arrivée sur place pour tenter d’éteindre le feu qui a éclaté dans l’immeuble du Ministère lorsque le générateur d’électricité s’est enflammé. L’incendie n’a pu être maîtrisé qu’après de longues heures. »
« Quant à ma famille, ajoute-t-il, nous avons décidé de nous réfugier auprès de nos amis et proches qui vivent dans d’autres parties de la ville. Nous nous sommes donc divisés en groupes car vu notre nombre, nous n’aurions jamais pu trouver un endroit pour nous abriter tous. Certains de mes enfants sont partis chez leurs beaux-parents avec leurs épouses et leurs enfants. Ce fut une solution, mais nous étions quand même séparés et nous n’avions pas le moyen de communiquer entre nous. »
Se tenant derrière le domicile familial, Mahmoud explique : « Pendant 50 ans, j’ai tout dépensé sur cette maison, et chaque goutte de sueur a durement contribué à la construction de l’avenir de ma famille. C’est pourquoi, je ne peux pas l’abandonner. Toutes nos affaires personnelles y sont restées et je tiens à tout préserver. »
Mahmoud était à la maison au moment de la deuxième attaque et décrit ce qu’il a vécu : « Cette attaque n’avait rien à voir avec la première ; elle était tout simplement très forte et très violente, d’ailleurs, elle a terriblement endommagé ma maison et mon atelier. Au moment de la frappe, j’étais réveillé et j’étais au deuxième étage de l’immeuble. L’attaque a mis le feu à la maison et les débris qui s’envolaient de chez moi et du Ministère tombaient un peu partout. Je me suis mis dans un coin de la chambre pour éviter que je ne sois blessé et j’ai assisté à un décor apocalyptique où les fenêtres, les portes et les briques des murs s’effondraient autour de moi. J’étais affreusement secoué par cette attaque et je me demande jusqu’à maintenant pourquoi ont-il lourdement ciblé à nouveau le Ministère, alors que la première attaque avait eu raison de lui. »
- Le premier étage de la maison des al-Bahtetee. Le Ministère nettement visible à travers la cavité. Photo du PCHR
Chagriné et affecté, Mahmoud déplore : « J’étais très peiné et horrifié en voyant mes petits-enfants pleurer et blessés. L’un d’eux, âgé d’à peine un an et demi n’a plus prononcé un mot depuis le jour de l’attaque, tandis que ma petite-fille de 16 ans est complètement traumatisée par toute l’histoire. A chaque fois qu’elle entend un bruit intense, elle court vers mon épouse et pleure sur son épaule. »
Il faut dire que la famille al-Bahtetee a une expérience solide en matière d’attaques militaires. Mahmoud possédait un atelier à al-Zaytoun. Il n’est plus exploité car il a été ciblé et sévèrement endommagé durant l’Opération Plomb Durci.
Mahmoud et son épouse logent à présent dans l’une des pièces du deuxième étage, tandis que leurs enfants et leurs petits-enfants sont toujours chez des « amis » et des proches car l’état de la maison ne permet pas leur retour.
D’autre part, et étant donné les expériences passées, la famille a perdu tout espoir d’indemnisation ou de solution. En silence, ses membres ont commencé à nettoyer l’endroit et à enlever les débris en tentant désespérément de retrouver l’argent dont ils ont besoin pour retaper la maison et l’atelier.
Tout cela arrive alors que le droit international, à l’instar de l’Article 53 de la Quatrième Convention de Genève interdit à la Puissance Occupante de détruire des biens mobiliers ou immobiliers, appartenant individuellement ou collectivement à des personnes privées, à l’Etat ou à des collectivités publique, à des organisations sociales, sauf dans les cas où ces destructions seraient rendues absolument nécessaires par les opérations militaires.
En outre, l’article 147 de la même Convention stipule que la destruction extensive des biens non justifiée par des nécessités militaires constitue une grave violation du Droit Humanitaire International. Par ailleurs, l’Article 8 (2) (b) (iv) du Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale indique clairement que « Le fait de diriger intentionnellement une attaque en sachant qu’elle causera incidemment des pertes en vies humaines dans la population civile, des blessures aux personnes civiles, des dommages aux biens de caractère civil ou des dommages étendus, durables et graves à l’environnement naturel et qui seraient manifestement excessifs par rapport à l’avantage militaire concret et attendu » constitue une crime de guerre.
- La rampe d’escalier sévèrement endommagée. Photo du PCHR
Consultez également :
Attaques contre les civils : « Nous espérons réellement parvenir à un cessez-le-feu. Nous voulons vivre comme des gens normaux, sans avoir peur » - 4 décembre 2012
28 novembre 2012 – PCHR Gaza – Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.pchrgaza.org/portal/en/i...
Traduction : Info-Palestine.eu - Niha