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Gaza - Panique et déplacement

vendredi 7 décembre 2012 - 05h:30

Lydia de Leeuw

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Nous sommes en train de finaliser aujourd’hui le rapport PCHR sur les violations des droits pendant cette offensive israélienne, quand un de nos collègues fait irruption dans la pièce, paniqué. Il dit qu’il faut tout remballer en vitesse : « ils ont lancé des tracts dans le quartier nous disant d’évacuer la zone. Il faut que j’aille emmener ma famille quelque part ».

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Des femmes palestiniennes pleurent la mort de Mahmoud Raed Sadallah, âgée de 4 ans et qui a été tué lors d’une attaque israélienne sur le camp de réfugiés de Jabaliya dans la Bande de Gaza, le 16 Novembre – Photo : Anne Paq/ActiveStills

Bientôt on s’est rendu compte que son quartier n’était pas le seul à avoir été arrosé de tracts. Les habitants de la partie nord de la bande de Gaza, les secteurs près de la frontière, les quartiers est et sud de la ville de Gaza ont également trouvé des tracts dans leurs rues.

La traduction du tract dit que les zones suivantes de Gaza seront dangereuses : Sheikh Ajleen, Tel al Hawa, Rimal Sud, Zeitoun, Shuja’iyah Turkmani, et New Shuja’iyah. On dit aux gens d’évacuer leurs maisons immédiatement et d’aller vers certains autres quartiers.

Cela a provoqué une panique, tout le monde s’est mis à téléphoner de tous côtés pour parler des tracts à la famille et aux amis et trouver des points de chute.

Les voitures sillonnaient la ville, transportant des familles en fuite. Les familles emportaient ce qu’elles pouvaient, des valises, des couvertures, de la nourriture, des matelas.

Alors que la peur d’une invasion terrestre monte,la radio rapporte deux nouvelles frappes aériennes en ville et une à Deir el Balah, tuant 8 personnes dont 2 enfants.

« La guerre psychologique », c’est ce que m’ont dit plusieurs amis et collègues ces derniers jours. Pendant qu’on négocie une prétendue « trêve », les attaques contre les maisons et les voitures se poursuivent et les gens sont poussés à quitter leur quartier, répandant la crainte d’une offensive terrestre totale.

Tandis que j’écris ces mots, on annonce un cessez-le-feu égyptien ; il est censé commencer à minuit. Le Hamas, le Djihad islamique et le gouvernement égyptien ont dit les conditions du cessez-le-feu : les assassinats de Palestiniens par Israël doivent cesser ; les tirs de missiles depuis Gaza doivent cesser ; et Israël doit faciliter les passages aux postes-frontières (pas les ouvrir totalement). L’Egypte est le garant de cet accord.

Si la trêve tient, ce ne sera qu’un emplâtre sur une jambe de bois : l’occupation est toujours là, il y a toujours un bouclage illégal de la bande de Gaza – et Cisjordanie et Gaza restent séparées l’une de l’autre. Sans une solution équitable pour mettre fin à cette violence, ce n’aura été « qu’une escalade de plus de la violence » dans la bande de Gaza, qui aura ôté la vie à un nombre X de Palestiniens, et qui sera suivie d’autres violences. Difficile de prédire si cette trêve va tenir. Il y a quelques minutes, un drone israélien a frappé une voiture de la chaîne al Qods, tuant deux membres de son personnel.

L’obscurité est tombée et les gens attendent. Cette nuit semble être la nuit décisive entre toutes.

Avec les drones qui bourdonnent au-dessus de nous, nous attendons ...

* Lydia de Leeuw est une criminologue néerlandaise spécialisée en droits humains, crimes internationaux et crimes d’État. Elle travaille actuellement à Gaza.

Lire également :

- Une « précision chirurgicale » qui vise les civils à Gaza - 5 décembre 2012
- Un témoignage oculaire de Gaza (du 14 au 18 novembre) - 2 décembre 2012

20 novembre 2012 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://asecondglance.wordpress.com/...
Traduction : Info-Palestine.eu - Marie Meert


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