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Conflit palestinien : - il n’est de désapprobation sans sanctions
- Gag géopolitique

mercredi 5 décembre 2012 - 09h:45

K. Habib/M. Saadoune - Le Quotidien d’Oran

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La seule chose capable de faire reculer le cabinet israélien serait que la désapprobation internationale, celle notamment des pays occidentaux, se traduise par des sanctions contre son pays, diplomatiques, mais aussi économiques et autres...

...le président français s’est empressé de dire que son pays n’allait pas entrer dans la logique des sanctions. Personne n’en doutait, bien sûr, même si l’on peut observer qu’en matière de sanctions et quand il ne s’agit pas d’Israël, la tendance est à dégainer très vite.

Conflit palestinien : il n’est de désapprobation sans sanctions

par K. Habib

Des pays occidentaux ont réagi aux mesures de représailles annoncées par le cabinet israélien suite à la décision de l’ONU d’élever le statut de la Palestine à celui d’État observateur non membre aux Nations unies. Ce sont la France, l’Espagne et la Suède qui ont voté en faveur de ce statut, mais également la Grande-Bretagne qui s’y est opposée. Tous ont protesté contre ces mesures, ce qui est la moindre des choses, au vu de l’illégalité dont elles sont entachées. Mais cette fois les gouvernements de ces pays ont tenu à montrer la fermeté de leur désapprobation autrement que par la voie d’un communiqué. Ils ont usé d’un procédé auquel Israël n’est nullement habitué, celui de la convocation de ses ambassadeurs qui se sont vu notifier cette « désapprobation » et les « préoccupations » que les mesures annoncées suscitent.

Paris, Londres, Madrid et Stockholm ont ainsi signifié qu’ils n’entendent pas continuer à faire preuve de complaisance à l’égard d’Israël dont les décisions font obstacle à la solution à deux États dans le conflit palestino-israélien. Il faut bien entendu saluer leur geste de fermeté surtout venant de Paris et Londres, peu coutumiers d’une telle attitude à l’égard de l’État sioniste. Mais sans s’empresser d’y voir le signe que les pays concernés sont déterminés à aller plus loin à l’égard d’Israël que l’expression de la désapprobation.

D’ailleurs à l’intention de ceux qui ont sauté ce pas, le président français a été on ne peut plus clair en affirmant que « la France n’entrera pas dans la logique des sanctions contre Israël ». Autant dire que la « fermeté  » de Paris s’en tiendra à la remontrance verbale, un point c’est tout. Ce qui n’empêchera pas Netanyahu et ses ministres de dormir tranquillement et poursuivre leur politique de rétorsion contre les Palestiniens.

La seule chose capable de faire reculer le cabinet israélien serait que la désapprobation internationale, celle notamment des pays occidentaux, se traduise par des sanctions contre son pays, diplomatiques, mais aussi économiques et autres. Les pays occidentaux ont démontré qu’ils n’hésitent pas à pratiquer la politique des sanctions à l’encontre d’États dont les agissements bafouent la légalité internationale. Pourquoi s’y opposeraient-ils donc quand c’est Israël qui est en cause et qu’ils admettent que sa conduite fait reculer la cause de la paix au Proche-Orient ?

S’il faut prendre acte de la nouveauté positive qu’est la fermeté de la réprobation occidentale exprimée suite aux mesures annoncées par Israël, les amis du peuple palestinien ne doivent pas s’en contenter, mais réclamer de ceux qui l’ont manifestée qu’ils conforment leurs paroles et actes sur la question palestinienne. Faute de quoi Israël n’abandonnera jamais son dessein d’empêcher le projet de deux États de se réaliser. L’illégalité des constructions projetées par l’État sioniste étant reconnue par la communauté internationale, il s’agit maintenant de forcer son gouvernement à y renoncer. Les paroles ne suffisent pas même si la Cour internationale de justice saisie par l’Autorité palestinienne en condamne la décision. Il faut faire sentir à Israël qu’il n’est plus en situation de faire ce qu’il veut en ignorant la communauté internationale.

En Israël même des voix s’élèvent pour mettre en garde le pays contre l’excès d’aveuglement et d’arrogance dont il fait preuve et qui lui font mésestimer le revirement d’opinion défavorable à sa cause qui s’est opéré dans le monde et particulièrement au sein des sociétés des pays occidentaux jusque-là inconditionnels partisans de l’État sioniste. Pour une bonne part, la fermeté manifestée cette fois par la France et la Grande-Bretagne s’est imposée à leurs dirigeants au constat de ce revirement d’opinion qui s’exprime dans leurs pays respectif et les contraint à plus d’équité dans le conflit palestino-israélien.

Analyse


Gag géopolitique

par M. Saadoune

Les mesures de « représailles » prises par Israël après la reconnaissance de la communauté internationale d’un statut d’État observateur à la Palestine ne sont pas une surprise. Elles ne dérogent pas à la politique habituelle d’un occupant raciste qui œuvre à déloger les Palestiniens de leur terre. Le vote de l’Assemblée générale des Nations unies qui a été un échec des efforts d’une diplomatie américaine entièrement tendue à la défense de la politique d’Israël a cependant mis en relief, pour ceux qui ne veulent pas voir, le fait qu’Israël ne veut pas d’une solution politique. Pour le reste, il n’y a rien de nouveau sous le soleil de l’oppression.

La création de nouvelles colonies sur les territoires palestiniens n’est pas une nouvelle politique, elle est dans la continuité d’une action de purification ethno-religieuse. Il ne faut donc pas donner une importante démesurée à « l’irritation » très médiatique de certaines capitales occidentales après l’annonce de nouvelles colonies à Jérusalem et en Cisjordanie.

La convocation de l’ambassadeur israélien dans certaines de ces capitales n’est en aucun cas l’annonce d’un changement de politique. On est surtout dans le minimum d’expression médiatique à destination d’une communauté internationale qui supporte de moins en moins l’exception au respect du droit international que les Occidentaux consentent à Israël. Et pour ne pas laisser le moindre doute, le président français s’est empressé de dire que son pays n’allait pas entrer dans la logique des sanctions. Personne n’en doutait, bien sûr, même si l’on peut observer qu’en matière de sanctions et quand il ne s’agit pas d’Israël, la tendance est à dégainer très vite.

L’irritation des Occidentaux n’ira pas très loin, les lobbies pro-israéliens se chargeront d’ailleurs de rappeler aux décideurs de ces pays les très larges « limites » à ne pas dépasser. A la limite, on pourra concéder que cette « irritation » ostentatoire est le signe que les capitales occidentales se rendent compte que la défense d’Israël devient très compliquée dans un monde où l’on a appris, sur ce dossier en particulier, à s’informer ailleurs que dans les couvertures des médias dominants. Les capitales occidentales en sont réduites à marquer à destination de cette vraie communauté internationale qu’elles ne sont pas satisfaites des actions d’Israël. Sans plus. Pas question d’agir ou de peser pour l’obliger à respecter le droit international.

Pour les opinions dans le monde arabe, cette attitude des Occidentaux ne suscite presque pas de commentaires, c’est dans l’ordre des choses. Ces opinions s’irritent davantage du manque de courage de leurs gouvernements à dire aux Occidentaux, Américains en premier, que personne n’est dupe au sujet de leur politique à l’égard d’Israël.

Même quand certains de ces pays occidentaux ont accepté de voter la résolution en faveur de l’État palestinien à l’Onu, ils l’ont fait uniquement dans un souci de « favoriser » Abbas au détriment du Hamas. Ils ne l’ont pas fait parce qu’ils considèrent que le droit international qu’on ne cesse de brandir est constamment bafoué. Les opinions s’irritent de voir les États arabes peu offensifs sur le dossier palestinien, de les voir continuer, hypocritement, à s’en remettre aux États-Unis, ce qui est le plus grand gag géopolitique de l’histoire.

Contrairement à ce que véhiculent les responsables de ces États, ils ne sont pas démunis d’atouts. Ce qui leur manque, c’est la volonté.

Éditorial


De K. Habib :

- Palestine : une euphorie à l’épreuve du défi israélien
- Le double assassinat de Yasser Arafat
- "Syrie : la menace d’une tragédie dans la tragédie nationale"
- Hollande, choquant, provocateur
- Une indignation et des accusations sélectives
- Afin que nul n’oublie
- L’Etat français se défausse sur les pays producteurs de pétrole
- L’OCI s’est couchée à l’injonction d’Abdallah Ibn Abdelaziz

[...]

De M. Saadoune :

- "Tenir bon"
- La reconnaissance et... la résistance
- Viva Mariam !
- "Au printemps de quoi rêves-tu ?..."
- Sommet de Téhéran : « Communauté internationale »
- Le poison sectaire
- Un constat testamentaire
- Mission impossible
- Sur un appel syrien de Sant’Egidio
- Réserves
- Jusqu’au bout de la Syrie !

[...]

5 décembre 2012 - Le Quotidien d’Oran


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