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K. Habib : Une indignation et des accusations sélectives

jeudi 27 septembre 2012 - 08h:37

Kharroubi Habib - Le Quotidien d’Oran

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La diatribe du président français contre l’unilatéralisme dans la gouvernance mondiale n’a convaincu personne. Car dans le même temps la diplomatie de son pays est totalement alignée sur celle de l’Amérique...

L’opposition de la Russie et de la Chine bloque le dossier syrien au Conseil de sécurité, à la grande « indignation » du groupe « Amis du peuple syrie n » dont les chefs d’Etat, de gouvernement ou ministres des Affaires étrangères se succèdent à la tribune de la 67ème session de l’Assemblée générale pour stigmatiser cette situation et exhorter l’ONU à « agir » pour y mettre fin. Il y a effectivement urgence que la communauté internationale s’entende sur une solution à un conflit dont l’aggravation est en train de devenir « une menace grave et croissante pour la paix et la sécurité internationale » ainsi que l’a déclaré Ban Ki-moon dans son intervention à la même tribune. Sauf que les « amis du peuple syrien » ne s’indignent de la paralysie de l’ONU que sur le « dossier syrien » alors que l’organisation internationale l’est tout autant sur celui de la Palestine et ce depuis plus de 60 ans, empêchée qu’elle est d’agir par les mêmes Etats qui fustigent son comportement sur le premier.

Dans cette 67ème Assemblée de l’ONU, les Etats-Unis, la France et d’autres puissances occidentales sont à la man ?uvre pour contraindre les Etats membres de l’organisation à se prononcer contre le blocage du Conseil de sécurité par la Russie et la Chine, mais agissent parallèlement pour les dissuader d’en faire de même concernant le veto qu’ils opposent en cette même instance à la demande palestinienne de reconnaissance internationale de l’Etat palestinien dont les frontières sont celles d’avant l’agression de 1967. D’aucuns trouveront à rétorquer que l’urgence de l’intervention des Nations unies dans le conflit syrien est sans commune mesure avec celle que l’on peut invoquer dans celui de la question palestinienne. Sauf qu’une telle réplique vise à faire accepter que l’ONU ne peut et ne doit intervenir dans les conflits internationaux qu’après accord express et sélectif donné par ces puissances occidentales.

Le président français François Hollande qui s’est exprimé mardi devant l’Assemblée générale de l’ONU a formellement pris position contre l’unilatéralisme qui caractérise la gouvernance mondiale depuis la fin de la guerre froide. Sans pour autant aller jusqu’à en faire la cause de la paralysie dont pâtit l’Organisation des Nations unies. Or c’est bien à cet unilatéralisme uniquement hégémonique et brutal que la Russie, la Chine et les pays émergents ont décidé de s’en prendre en refusant de jouer les suivistes consentants de ceux qui en ont fait le mode de gouvernance des affaires internationales. Ce qui n’est pas le cas de la France dont le rejet de l’unilatéralisme n’est affirmé qu’en guise de revendication à être associée aux décisions qui en découlent.

La diatribe du président français contre l’unilatéralisme dans la gouvernance mondiale n’a convaincu personne. Car dans le même temps la diplomatie de son pays est totalement alignée sur celle de l’Amérique dont les interventions imposent ce concept à la communauté internationale. D’accord avec Obama pour exiger de l’ONU qu’elle agisse dans le cas de la Syrie, il aurait dû être conséquent en formulant la même exigence sur celui de la Palestine et dénoncer avec la même intransigeance les Etats qui sont la cause du blocage en ce dernier. Ce qu’il s’est gardé de faire car en l’occurrence la France en fait partie aux côtés de l’Amérique.


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[...]

27 septembre 2012 - Le Quotidien d’Oran - Analyse


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