Imaginons un instant qu’une puissance étrangère vienne encercler Israël, détruit le port de Haïfa et l’aéroport de Tel Aviv, et interdit aux Israéliens d’exporter leurs productions, quelle sera alors la réaction des israéliens ? Oh, c’est vrai, placer les Palestiniens au même rang que les Israéliens, et considérer les Palestiniens comme des êtres humains dignes relève de l’impertinence.

1. Les faucons israéliens se représentent comme partie engagée dans un « processus de paix » avec les Palestiniens, mais dont le Hamas refuse d’y adhérer. La réalité sur le terrain démontre qu’Israël a refusé de mettre fin à ses activités de colonisation et de vol des terres Palestiniennes ; une attitude qui dure depuis très longtemps et entrave l’engagement d’Israël dans des négociations fructueuses avec les Palestiniens. Ainsi, Tel Aviv annonce systématiquement et unilatéralement de nouveaux projets de construction de logements sur les territoires Palestiniens de Cisjordanie. Il n’y a donc pas de processus de paix : c’est une pure comédie et tromperie israélo-américaine.

En effet, parler de processus de paix aspire à cautionner les activités des nationalistes israéliens qui sont déterminés à s’emparer des biens des Palestiniens et à les réduire (à nouveau) à des réfugiés sans le sou.

2. Des actions à l’instar de l’assaut sur Gaza n’atteindront jamais un véritable objectif stratégique à long-terme. Elles sont donc lancées pour faire en sorte que les juifs israéliens soient les premiers à exploiter les ressources clés et essentielles. Les tentatives d’intimidation des Palestiniens sont un prétexte qui encourage la confiscation des terres et la construction de colonies sur les territoires Palestiniens. Autrement dit, les actions militaires menées contre la population de Gaza ne sont que des manœuvres de diversion ; l’objectif principal et originel est le Grand Israël, une affirmation de la souveraineté israélienne sur tout le territoire Palestinien, autrefois sous Mandat Britannique.

3. Les faucons israéliens définissent leur guerre d’agression comme une « auto-défense » Néanmoins, ignorant qu’il était toujours en direct sur la BBC, le grand rabbin de Grande-Bretagne Jonathan Sachs avait affirmé que « les attaques sur Gaza ont quelque chose à voir avec l’Iran »

4. Les faucons israéliens diabolisent les palestiniens de Gaza en leur collant l’étiquette de « mauvais voisins » qui n’acceptent pas la présence d’Israël. Mais en réalité, 40% des habitants de Gaza sont des réfugiés qui vivent pour la plupart d’entre eux dans des camps de réfugiés et sont originaires de la Palestine d’avant 1948 où ils y ont vécu, ainsi que leurs ancêtres pendant des millénaires.

L’histoire retiendra qu’en 1948, les Palestiniens ont fait l’objet d’une campagne de nettoyage ethnique et ont été expulsés de leurs terres, connues maintenant sous le nom d’Israël. Aujourd’hui, les Palestiniens n’ont reçu aucune compensation ni réparation pour tous les crimes commis contre eux par des Israéliens qui vivent désormais dans leurs maisons et qui cultivent leurs terres. Par voie de conséquence, ce refus d’indemniser les Palestiniens constitue une violation flagrante du droit international. En d’autres termes, Israël refuse aux Palestiniens le droit d’exister tandis qu’il demande sans cesse à tous, y compris aux Palestiniens déplacés et vivant sous occupation, de reconnaître le droit d’Israël à l’existence.

5. Les faucons israéliens et leurs alliés américains décrivent Gaza comme un état étranger et hostile, en guerre avec Israël. Pourtant, la Bande de Gaza n’est qu’un petit territoire de 1.7 millions d’habitants, militairement occupé par Israël ; un acte convenu par l’ONU et autres organisations internationales. De ce fait, les Israéliens refusent aux gazaouis le droit d’avoir un port, un aéroport et même d’exporter ce qu’ils produisent. D’autres part, les Palestiniens n’ont pas le droit d’accéder à leurs terres ; ils ne cultivent en effet que le tiers car Israël utilise le reste comme zone de sécurité (zone tampon.) Or, les Règlements de la Haye de 1907 et la Quatrième Convention de Genève notifient clairement le type de traitement que doit recevoir la population occupée par son occupant militaire. Sur le terrain, l’occupant (Israël) s’adonne à des bombardements aveugles contre les territoires occupés, ce qui est illégal aux yeux du droit international.

6. Les faucons israéliens se considèrent comme des victimes innocentes placées dans le collimateur d’une rage palestinienne ahurissante. Et pourtant, c’est Israël qui enferme les Palestiniens de Gaza dans la plus grande prison du monde à ciel ouvert, en les maintenant pendant des années sous un blocus illégal qui avait pour but de limiter au maximum leur nutrition sans les faire mourir de faim. J’avais auparavant écrit au sujet des conséquences réelles de la malnutrition : « Environ 10% des enfants gazaouis de moins de 5 ans ont eu la croissance freinée à cause de la malnutrition. Dernièrement, un rapport de Save the Children et Aide Médicale pour la Palestine a révélé la propagation de l’anémie qui touche plus des deux-tiers des bébés, 58.6% des écoliers et plus du tiers des femmes enceintes. »

Essayons d’inverser les rôles. Imaginons un instant qu’une puissance étrangère vienne encercler Israël, détruit le port de Haïfa et l’aéroport de Tel Aviv, et interdit aux Israéliens d’exporter leurs productions, quelle sera alors la réaction des israéliens ? Oh, c’est vrai, placer les Palestiniens au même rang que les Israéliens, et considérer les Palestiniens comme des êtres humains dignes relève de l’impertinence.

7. Les faucons israéliens diabolisent les résidents de Gaza et les présentent comme les partisans du Hamas, le mouvement de résistance islamique, alors que la moitié des Palestiniens de Gaza sont mineurs et n’ont jamais voté pour le Hamas.

8. Les faucons israéliens justifient leur agression contre les Palestiniens d’actes d’auto-défense. Toutefois, Israël est un pays de 7.5 millions d’habitants avec des chars, des véhicules blindés, une artillerie, des hélicoptères de combat, des F-16 et des F-18 et plus de 400 têtes nucléaires. De l’autre côté, il y a Gaza. C’est un petit territoire occupé regroupant 1.7 millions d’habitants qui ne possèdent pas d’armes lourdes mais juste de vieux fusils et quelques missiles largement inefficaces. Les Israéliens rapportent qu’en 2012, des centaines de missiles lancés à partir de Gaza se sont abattus sur Israël, mais ce que les Israéliens omettent de souligner, c’est que (juste avant la dernière attaque d’Israël) ces missiles n’ont pas tué un seul israélien (même s’ils ont blessé quelques-uns le mois de mars dernier lorsqu’il y a eu une escalade de combats entre Israéliens et Palestiniens.)

En réalité, Gaza représente une menace pour Israël comme ce fut le cas autrefois avec le Bantoustan du Transkei qui représentait une menace pour l’apartheid Sud-Africain.

9. Les faucons israéliens soutiennent qu’ils ont été poussés à lancer la dernière attaque. Mais en vérité, Ahmad Jabari, le chef de la branche militaire du Hamas qu’Israël a assassiné la semaine dernière avait entamé des pourparlers avec la partie israélienne en vue d’une trêve. Ainsi, user de la ruse des pourparlers pour perpétrer ce type d’assassinats mènera sans l’ombre d’un doute vers la suspension définitive des pourparlers.

10. Bien que les médias américains encouragent et soutiennent le parti du Likud, le monde commence en fait à être excédé de l’agressivité d’Israël. Le mouvement de boycott et des sanctions croîtra probablement avec le temps, entraînant les faucons israéliens dans l’impasse.

John Ricardo Cole (né en octobre 1952) est un universitaire américain, historien du Moyen-Orient moderne et Asie du Sud, commentateur politique, et intellectuel public. Il a publié plusieurs ouvrages universitaires sur le Moyen-Orient moderne et est un traducteur d’arabe et en persan. Son blog est : Informed Comment (Commentaires éclairés)

17 novembre 2012 – Juan Cole – Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.juancole.com/2012/11/top...
Traduction : Info-Palestine.net - Niha