Ni les alliés du régime syrien ni ceux de la rébellion n’ont fait ce qu’il fallait faire pour éteindre l’embrasement. Au contraire, ils ont poussé leurs protégés à la confrontation. Ils sont d’un égal cynisme dans leur comportement, car tous ne voulant qu’une issue au conflit conforme à leurs intérêts et desseins en Syrie et dans la région du Moyen-Orient.

Le clan des Assad et tous ceux en Syrie qui se sentent menacés par sa chute sont dos au mur et se battront jusqu’à la dernière extrémité et peu leur importe que le pays soit à feu et à sang. La rébellion qui les combat est dans la même détermination et fait preuve d’une indifférence égale au sort de la population principale victime des affrontements qui font des milliers de victimes en son sein et l’ont poussée dans un exode intérieur et extérieur d’une ampleur dramatique. Engagés dans un combat sans merci, les deux camps excluent toute solution au conflit autre que la victoire par les armes. S’ils s’en tiennent à cette unique solution, c’est parce qu’ils y sont encouragés respectivement par leurs « amis étrangers » qui leur prodiguent le nerf de la guerre indispensable : les finances, l’armement et le soutien diplomatique qui leur permettent de la poursuivre.

Le plan Annan aurait pu faire cesser la tragédie syrienne. L’entêtement des deux camps l’a fait échouer. Son échec que l’on l’impute au régime ou à la rébellion a d’abord et avant tout été provoqué par les protagonistes étrangers impliqués pour une raison ou une autre dans la crise syrienne. Ni les alliés du régime syrien ni ceux de la rébellion n’ont fait ce qu’il fallait faire pour éteindre l’embrasement. Au contraire, ils ont poussé leurs protégés à la confrontation. Ils sont d’un égal cynisme dans leur comportement, car tous ne voulant qu’une issue au conflit conforme à leurs intérêts et desseins en Syrie et dans la région du Moyen-Orient.

Ni ceux d’entre eux qui versent des larmes de crocodile sur les massacres qui se perpétuent en Syrie, ni ceux qui justifient leur soutien au régime en s’abritant derrière le principe de la non-ingérence extérieure n’usent de l’influence qu’ils ont sur l’un ou l’autre camp des belligérants syriens pour les contraindre à la solution négociée pouvant mettre fin au carnage. Le régime et l’opposition ont certes leurs propres raisons de se combattre, mais leur conflit a pris une dimension et recèle des enjeux dont ils ne maîtrisent plus la gestion. Il se joue en effet en Syrie par leur intermédiaire et sur le dos du peuple syrien un « kriegspiel » international dont les protagonistes déterminants sont les puissances internationales et régionales en conflit d’intérêts géostratégiques pour lesquels l’issue de la donne syrienne est d’une extrême importance. Ni les uns ni les autres ne sont décidés à faire cesser l’affrontement qu’ils attisent en poussant les uns, le régime, les autres, la rébellion, à poursuivre la tuerie. Peu leur importe le bain de sang qui n’est que syrien.

C’est cette sinistre réalité qui entoure la situation syrienne. Et ce n’est pas l’invocation par les uns ou les autres des grands principes de liberté, de démocratie ou de non-ingérence qui fait leur cynisme moins choquant et révoltant. Les peuples arabes seront toujours une masse manoeuvrable tant qu’ils prendront naïvement le cynisme de leurs « amis étrangers » pour de l’altruisme et de l’humanitaire.

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2 août 2012 - Le Quotidien d’Oran - Analyse