16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Syrie : le CNS à l’agonie ?

samedi 18 août 2012 - 06h:52

Abdel Bari Atwan

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Trois des principaux pays occidentaux, les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne, ont perdu leur confiance dans le Conseil national syrien (CNS), et commencent à chercher une alternative pour parler au nom du soulèvement syrien.

Cela signifie que le SNC a gaspillé une occasion rare de conduire cette insurrection et de représenter le large segment de la population syrienne qui la soutient.

Ces trois pays occidentaux avaient reconnu précédemment le CNS et avaient même joué un rôle dans sa mise en place, avec l’objectif de créer un corps politique provisoire en Syrie similaire au Conseil national de transition libyen.

Le trio occidental convoquait les dirigeants du CNS à toutes les réunions des « Amis de la Syrie », montrant par là la légitimité qu’ils voulaient leur conférer.

Toutefois, les divergences au sein du CNS grandissaient et son échec à unifier sous sa direction les groupes d’opposition en Syrie, ou même de simplement maintenir des canaux de contact constants avec les groupes qui combattent sur le terrain, a conduit le trio occidental à tourner le dos au CNS.

Le développement des événements en Syrie est un facteur majeur dans la perte de confiance des pays occidentaux à l’égard du CNS, et le soulèvement syrien, de sa phase pacifique à sa phase militaire, dispose d’organisations à l’intérieur extrêmement plus représentatives que des groupes s’activant à l’étranger.

Il était clair que les dirigeants de l’opposition interne n’étaient pas très enthousiastes de la reconnaissance du CNS au niveau international, et de sa présence dans les conférences et réunions internationales. Cette question se reflétait dans les déclarations de plusieurs dirigeants de l’opposition interne, disant que les membres du CNS, expatriés de longue date, avaient perdu tous les liens avec les conditions réelles en Syrie.

La plupart des membres du CNS sont des universitaires et des idéalistes qui ne connaissent rien de la lutte politique et militaire sur le terrain. Ce qui semble susceptible d’être la fin du CNS n’est ni choquant ni inattendu et les expériences précédentes prouvent que ceux qui portent des armes et s’impliquent dans les combats sont généralement ceux qui obtiennent le droit de s’exprimer.

Ceux qui sont engagés dans les combats meurtriers qui ont lieu à Alep, Homs, Hama, Idlib, Deir ez-Zor et le reste des provinces syriennes ne sont pas tenus de se placer sous la direction d’un groupe d’universitaires qui vivent à Paris, Londres ou à Washington, et ils n’ont rien à voir avec leurs compétitions pour les postes futurs et leurs échanges d’accusations.

L’insurrection syrienne est désormais totalement militarisée, à cause principalement de l’Armée libre syrienne (ALS). Il est donc évident que les commandants sur le terrain sont ceux qui vont prendre la tête du soulèvement, du moins à ce stade. Cela pourrait expliquer pourquoi certains responsables occidentaux comme l’ancien ambassadeur des États-Unis en Syrie Robert Ford, et l’envoyé britannique pour l’opposition syrienne, John Wilkes, ont récemment rencontré des représentants de l’ALS pour évaluer leurs besoins financiers et militaires.

La confusion des puissances occidentales, qui se reflète dans leur soutien puis leur abandon du CNS, est juste un signe de l’échec de l’Occident à comprendre la situation réelle en Syrie. Cet échec ne devrait pas être surmonté rapidement.

Les groupes djihadistes islamistes qui ont renforcé leur présence en Syrie ont ces derniers mois bénéficié d’aides militaires et financières, et ils agissent indépendamment du CNS et de l’opposition traditionnelle en Syrie, y compris les Frères musulmans. Ces groupes représentent actuellement une puissante tierce partie dans le conflit, et constituent l’épine dorsale des groupes qui luttent sur le terrain contre le régime.

Le trio des États-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne est maintenant pris au piège entre deux choix : soit reconnaître ces groupes et leur rôle sur le terrain, soit les combattre avant qu’il ne soit trop tard.

Toutefois, ce n’est pas un choix facile, car reconnaître ces groupes signifierait que l’Occident ferme les yeux sur son hostilité à l’encontre des organisations djihadistes. D’autre part, lutter contre ces groupes signifierait que l’Occident finirait par prendre parti pour le régime syrien.

Nous n’allons pas préjuger de la décision occidentale face à ce dilemme, mais on peut dire avec confiance que les groupes djihadistes occupent maintenant le devant de la scène et posent un problème impossible à résoudre dans l’équation syrienne. Il est trop tard pour que n’importe quelle décision américano-occidentale puisse changer cet état de fait.

* Abdel Bari Atwan est palestinien et rédacteur en chef du quotidien al-Quds al-Arabi, grand quotidien en langue arabe édité à Londres. Abdel Bari Atwan est considéré comme l’un des analystes les plus pertinents de toute la presse arabe.

Du même auteur :

- L’implication israélienne dans l’attaque dans le Sinaï - 12 août 2012
- Les rebelles syriens coupables d’exécutions sommaires - 7 août 2012
- À la chasse au « vote juif », Romney promet encore plus de guerres - 2 août 2012
- Israël se lamente à cause de l’élection de Morsi - 30 juin 2012
- Les élections égyptiennes et la culture de la terreur - 8 juin 012
- Chaos en Libye - 16 mai 2012
- Israël, c’est la guerre ! - 22 avril 2012
- Le Sinaï se transforme en base pour la résistance - 12 avril 2012
- Égypte : les Frères musulmans commettent une grave erreur - 9 avril 2012
- Nous n’aurions pas le droit de pleurer nos enfants assassinés ? - 25 mars 2012
- L’argent et les armes font la loi en Libye - 4 mars 2012
- Israël veut mordre l’Iran - 9 février 2012

15 août 2012 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.abdelbariatwan.com/SNC%2...
Traduction:Info-Palestine.net


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.