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Les voies de l’occupation :
Aed B. - violence de soldats

lundi 30 juillet 2012 - 12h:01

DCI-Palestine

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Nom : Aed B.
Date de l’incident : avril 2012
Age : 13 ans
Lieu : mer de Gaza
Nature de l’incident : attaque d’un bateau de pêche

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Aed B. : "Je ne suis pas retourné en mer depuis cet incident. Mon père parle beaucoup de ce qu’il se passait il y a six ans, quand lui et les autres pêcheurs s’en allaient pêcher à 20 milles de la côte et attrapaient beaucoup de poissons, mais aujourd’hui, ils n’en attrapent guère et que des petits."




En avril 2012, un garçon de 13 ans se trouve sous les balles d’un M16 et des grenades tirées depuis un patrouilleur de la marine israélienne alors qu’il pêchait avec son oncle et des cousins dans la zone de pêche autorisée au large de la côte de Gaza.

Aed, 13 ans, vit avec sa famille dans le camp de réfugiés d’Ash Shati, dans le nord de Gaza. Son père et ses oncles sont pêcheurs.

- J’aime pêcher en mer, dit-il, je vais pêcher avec mon père et mes cousins pendant les vacances d’été et même les jours fériés et les week-ends pour aider mon père et faire un peu d’argent. Par jour, je fais environ 10 ou 15 shekels (2 ou 3 ?).

En avril 2012, Aed est allé pêcher avec son oncle et des cousins.

- Nous avons quitté la maison vers 6 h du matin, rappelle-t-il, nous sommes montés à bord et pris la direction ouest. Nous savons que la pêche est autorisée à l’intérieur de trois milles nautiques. Nous étions à environ deux milles et demi de la côte quand nous avons vu trois patrouilleurs israéliens à environ 100 mètres de nous. Soudain, nous nous sommes trouvés sous les tirs des soldats, et des balles ont commencé à frapper l’eau près de notre bateau, poursuit Aed. Il y avait peut-être dix soldats qui étaient en train de nous tirer dessus avec des fusils M16. Nous nous sommes tous cachés dans les containers où nous mettons les poissons que nous attrapons... (...) Ils ont continué de tirer, et j’étais effrayé. Où j’ai eu le plus peur, c’est quand ils ont jeté des grenades sur notre bateau. Elles sont toutes tombées dans l’eau, près du bateau, en faisant d’énormes explosions. J’étais sûr que nous j’allais mourir, parce qu’à tout instant, une balle pouvait toucher le moteur qui exploserait et nous noierait tous.

L’oncle d’Aed a pu éloigner le bateau des soldats et regagner rapidement la côte sans que quiconque de la famille ne soit blessé.

- J’ai vraiment eu peur, dit Aed. Je ne sais pas comment le décrire. Mon c ?ur battait à toute vitesse et mon visage était très pâle. Tous les quatre, nous sommes arrivés indemnes à la plage, mais sans un seul poisson. C’a été un miracle que nous ayons survécu ce jour-là. "Je ne retournerai jamais en mer" que j’ai dit à mon oncle, "parce que j’ai eu trop peur". Il a ri et m’a dit "Cela arrive aux pêcheurs tous les jours". J’ai demandé, "Mais nous n’avons pas dépassé les trois milles. Pourquoi nous ont-ils chassés alors ?". "Il n’y avait aucune raison. Simplement, ils ne veulent pas que nous vivions là" a répondu mon père.

Aed dit que ce fut le jour le plus effrayant de sa vie.

- Je ne suis pas retourné en mer depuis cet incident. Mon père parle beaucoup de ce qu’il s’est passé il y a six ans, quand lui et les autres pêcheurs s’en allaient pêcher à 20 milles de la côte et attrapaient beaucoup de poissons, mais aujourd’hui, ils n’en attrapent guère et que des petits. Nous vivons dans des conditions épouvantables à cause du blocus israélien sur Gaza et des limites à la pêche. Nous nous inquiétons à chaque fois que mon père part pêcher en mer, parce qu’il pourrait être blessé, ou arrêté.

A cause du blocus terrestre, aérien et maritime imposé sur Gaza depuis 2007, l’organisme des Nations unies OCHA estime que 85 % des eaux de pêche de Gaza sont partiellement ou totalement inaccessibles en raison des restrictions israéliennes. Depuis 2009, l’armée israélienne empêche les pêcheurs gazaouis de pêcher au-delà de trois miles nautiques à partir de la côte ; une restriction qui, selon OCHA, compromet gravement les moyens de subsistance de 35 000 personnes.

2 juin 2012





A ce sujet, lire l’article de Joan Deas (chercheuse au Gaza Community Mental Health Programme) :

"A Gaza, la mer rétrécit" ,

"La Méditerranée a toujours revêtu une importance majeure pour la population de Gaza. Elle est un horizon sans limites qui, depuis des décennies, aide à supporter le poids du conflit israélo-palestinien. Mais pour les pêcheurs toujours en activité, la mer est devenue, ces dernières années, synonyme de danger et de frustration.

Depuis 1993, la zone de pêche autorisée par Israël aux pêcheurs de Gaza s’est réduite comme peau de chagrin. Initialement fixée à 20 milles nautiques par les accords d’Oslo, elle a été progressivement restreinte pour des raisons de sécurité - notamment pour éviter les trafics d’armes et de personnes, importants à une époque mais désormais mineurs. De 12 milles en 2002, elle est passée à 6 milles en 2006, pour atteindre sa limite actuelle de 3 milles à la suite de l’opération Plomb durci, en décembre 2008 et janvier 2009. Aujourd’hui, selon l’Office de coordination des affaires humanitaires (OCHA) des Nations unies, 85 % des eaux de pêche sont, en violation du droit international, partiellement ou totalement interdites d’accès."

[...]

paru dans Le Monde diplomatique d’août 2012 (en kiosque).

24 juillet 2012 - DCI-Palestine
Traduction : Info-Palestine.net


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