16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Un ex-soldat israélien cherche à obtenir la citoyenneté palestinienne

vendredi 15 juin 2012 - 09h:50

AP - Egypt Independent

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Par une bizarre entorse à la saga multidécennale israélo-palestinienne, un ancien soldat israélien s’est lancé dans un nouveau combat : il renonce à sa citoyenneté israélienne et veut s’installer dans un camp de réfugiés palestiniens en Cisjordanie.

JPEG - 10.8 ko
André Pshenichnikov

André Pshenichnikov, jeune immigrant juif de 23 ans du Tajikistan, a récemment été arrêté par la police israélienne pour résidence illégale dans le camp de réfugiés de Deheishé, près de Bethléhem. Là, il a déclaré à la police qu’il voulait rompre tout lien avec Israël, abandonner la citoyenneté israélienne et obtenir à la place la citoyenneté palestinienne.

Pshenichnikov est actuellement en voyage en Europe pour deux mois. Il espère, à son retour, s’installer en Cisjordanie.

Il est extrêmement rare qu’un Israélien veuille vivre sous l’autorité palestinienne. Il n’y a que quelques Israélien-nes juif-ves connu-es dans ce cas, la plupart pour épouser un(e) Palestinien(ne), telle une journaliste du quotidien israélien Ha’aretz qui a déménagé à Ramallah et de là y écrit ses articles. On n’en connaît aucun qui ait renoncé à la citoyenneté israélienne - à part quelques Israéliens vivant à l’étranger. Aucun non plus qui ait recherché un droit de résidence palestinien. Les personnes ne sont pas autorisées à avoir la double citoyenneté.

Jointe à son domicile israélien, la mère de Pshenichnikov, Svetlana, s’est dite troublée par les projets de son fils.

« Je suis sa mère et j’essaie de le soutenir comme une mère doit le faire » a-t-elle dit. « Mais je ne soutiens pas sa guerre ».

La famille a immigré en Israël alors que Pshenichnikov avait treize ans. Israël accorde automatiquement la citoyenneté à toute personne juive. Plus tard, il a fait ses trois ans de service militaire obligatoire, il a été affecté ensuite comme programmeur informatique à un corps de transmission de l’armée, et il a même prolongé son temps d’un an et demi de plus comme militaire de carrière.

Mais c’est durant son service militaire qu’il lui est arrivé de s’interroger sur la relation d’Israël avec les Palestiniens. Depuis, il a complètement rejeté son pays d’adoption. Son temps d’armée terminé, il est allé dans le camp de réfugiés en avril, et y a travaillé comme serveur dans un hôtel de Bethléhem puis comme salarié de la construction à Deheishé.

« Je hais le sionisme... Je veux participer à la résistance palestinienne, » a dit Pshenichnikov à l’Associated Press. « J’appelle les autres Israéliens qui défendent l’existence d’un État palestinien à faire de même, à venir vivre en Cisjordanie ou à Gaza, comme Palestinien ».

Les Palestiniens veulent faire de la Cisjordanie une partie d’un État indépendant. Pour le moment, en vertu des accords passés avec Israël, ils n’ont pas, techniquement, de citoyenneté palestinienne, mais l’autorité autonome (palestinienne) publie des cartes d’identité de résidence et des passeports palestiniens.
Pshenichnikov dit qu’il a choisi de vivre près de Bethléhem avec l’espoir de profiter de sa maîtrise du russe pour guider les touristes russes dans la ville natale traditionnelle de Jésus.

Les habitants affirment qu’au début, il a été traité avec suspicion. De nombreux palestiniens l’ont soupçonné d’être un espion israélien et les responsables palestiniens ont fini par le remettre aux autorités israéliennes. Mais Pshenichnikov ne s’est pas découragé, il est revenu à Deheishé, où il a été à nouveau appréhendé par les forces palestiniennes et rendu à Israël.

La police israélienne l’a relâché sous certaines conditions et lui a interdit d’entrer dans les zones sous contrôle palestinien avant la fin des procédures engagées contre lui.

Pour Tareq Abu Sheikha, qui a loué une chambre à Pshenichnikov pendant un mois, il est « suspect et pas honnête ».

Selon Abu Sheikha, Pshenichnikov s’est présenté comme militant étranger russe, il l’a vu même lancer des pierres sur les soldats israéliens durant une manifestation. Mais il l’a aussi entendu parler en hébreu sur son téléphone et il portait son ancienne carte d’identité militaire sur lui.

« Nous n’avons aucun problème avec tout Israélien qui vient pour être l’un d’entre nous. Nous en serons honorés et nous leur donnerons une carte d’identité, mais ce jeune homme est suspect, et il a menti, et c’est pourquoi nous le rendons aux Israéliens, » a dit Abu Sheikha.

Renoncer officiellement à la citoyenneté israélienne est un processus long, compliqué. La porte-parole du ministère de l’Intérieur (israélien), Sabine Hadad, a dit qu’il fallait déposer une demande à un bureau de représentation israélienne à l’étranger, prouver que l’on avait une autre citoyenneté et alors attendre la décision, laquelle n’était pas toujours positive. Elle a dit aussi qu’elle connaissait mal le dossier Pshenichnikov, mais qu’il n’y avait que quelques centaines de personnes, chaque année, à annuler leur citoyenneté.

L’armée israélienne a refusé de parler de Pshenichnikov.

Abdel Fatah Hamayel, gouverneur de Bethléhem, a déclaré qu’en principe il n’y avait aucun problème pour accorder la citoyenneté palestinienne à Pshenichnikov, mais qu’il lui fallait passer par les voies légales.

« Il n’est pas censé entrer illégalement. Si les gens apprennent sa véritable identité, sa sécurité n’est plus garantie. Il doit informer le côté palestinien et déposé une demande officielle, alors sa requête sera prise en considération. » a-t-il dit.

Ramallah, Cisjordanie, le 15 juin 2012 - Egypt Independent - traduction : Info-Palestine.net/JPP


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.