La journée du 31 mai 2012 a été marquée par le retour en Palestine des ossements d’un grand nombre de combattants Palestiniens morts lors des attaques menées contre Israël. Ce dernier a donc remis aux responsables Palestiniens de Ramallah 79 dépouilles, tandis que 12 autres ont été transférées vers la Bande de Gaza.

Les Palestiniens sont sortis en masse pour accueillir les cercueils des leurs, enterrés depuis des années en Israël

L’Autorité Palestinienne a, pour sa part, qualifié ces morts de « martyrs », tués depuis le début de l’occupation Israélienne de la Cisjordanie en 1967.

Ces martyrs - des combattants dont de nombreux kamikazes - avaient été enterrés par l’armée israélienne dans un cimetière désert en Cisjordanie, réservé aux « combattant ennemis ». Plusieurs d’entre eux y ont été inhumés durant des décennies.

La correspondante d’Al-Jazeera à Ramallah, Sue Turton, a rapporté que les 91 corps arrivés sur place ne représentent que le tiers des morts, enterrés dans des tombes anonymes dans les cimetières israéliens. Elle explique : « La majorité est originaire de Naplouse et de Hébron. Les familles ont récupéré de simples cercueils numérotés selon le code qui leur a été donné en Israël. A l’intérieur, il n’y avait pas que les corps mais également les effets personnels. »

Les cercueils retournés en Palestine comprennent, entre autres, les dépouilles de huit membres d’une escouade maritime qui avait attaqué en 1975 un hôtel à Tel Aviv, avant qu’ils ne soient tués lors de l’assaut donné par des commandos israéliens, et au terme duquel huit otages avaient également péri.

L’Autorité Palestinienne a donc organisé à Ramallah, en Cisjordanie, une petite cérémonie avec des honneurs militaires. Pour sa part, le Hamas a tenu sa propre cérémonie commémorative dans la Bande de Gaza.

Sur place à Ramallah, Al Jazeera s’est entretenue avec Fatima Abdelkarim, membre du Centre de Jérusalem pour l’Aide et les Droits de l’Homme qui tient à qualifier de « moment historique » cet évènement vécu par les Palestiniens. Toutefois, elle ne manque pas de critiquer les transactions du gouvernement Israélien.

A ce titre, elle souligne : « Le processus unilatéral israélien n’inspire pas confiance. Nous n’avons aucun contact du côté israélien pour nous donner plus d’informations car nous voulons connaître l’identité de chaque corps reçu, ainsi que les détails sur les tests ADN et sur la procédure suivie pour l’identification des morts. » Et d’ajouter : « Les appels que nous lançons sont motivés par le droit des proches des victimes de savoir ce que ces cercueils comportent. Ils ont vécu toutes ces années sans connaître le sort de leurs enfants. Le temps est donc venu pour qu’ils tirent un trait sur ces longues années d’attentes et pour qu’ils ferment à jamais ce chapitre de leur histoire. »

Prier sur sa tombe

La frontière qui sépare Israël et Gaza était ce jour bondée de familles, rassemblées pour accueillir les corps de leurs enfants, en brandissant leurs cadres et photos. Parmi les personnes présentes, il y avait Ahmad Kahlout. En l’interrogeant, j’ai appris que son fils Yehya avait été tué 17 ans auparavant lorsqu’il a attaqué une colonie israélienne. Il n’avait que 21 ans.

Soulagé, le père, âgé aujourd’hui de 78 ans, lance : « Je suis très content que le corps de mon fils me soit restitué. Ainsi je vais finalement pouvoir l’enterrer et prier sur sa tombe tant qu’il me reste encore à vivre. Une chose est certaine, je suis et je serai toujours fier de mon fils, jusqu’à mon dernier souffle. Je regrette seulement les années où nous n’avions pas eu la possibilité de l’enterrer ici pour pouvoir visiter sa tombe. »

Je me suis dirigée vers une autre famille : une autre histoire. Reem al-Reashi, ou du moins ce qui reste de son corps était parmi le cortège des cercueils retournés à Gaza. Appartenant au Hamas, Reem a été l’auteur, en 2004, d’un attentat-suicide qui a ciblé un checkpoint de l’armée israélienne. Son époux affirme que des parties de son corps ont déjà été enterrées, tandis que le reste est actuellement en route.

Pour rappel, ce renvoi des corps de Palestiniens morts en Israël a été annoncé le 14 mai par le cabinet du premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, expliquant qu’il s’agit d’un « acte pour le Président Mahmoud Abbas » et ce, explique Mark Regev, porte-parole de Netanyahu « dans le but que ce geste humanitaire permette et encourage l’établissement de la confiance entre les deux parties afin de remettre le processus de paix sur les rails. » Il a poursuivi : « Israël est prêt pour une reprise immédiate des négociations de paix sans aucune condition préalable. »

Du côté Palestinien, Abbas a fait savoir que le retour à la table des négociations est lié à l’arrêt immédiat des constructions de nouvelles colonies israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Et c’est justement la question des colonies qui a été la cause de la suspension des négociations.

L’agence de presse officielle Palestinienne WAFA a rapporté que les ossements humains seraient remis à leurs familles sauf un nombre de 17 cercueils qui seraient enterrés dans un charnier à Ramallah car leurs familles n’ont pas pu être identifiées.

Au mois de juillet dernier, évoquant le besoin de vérifier leurs identités, le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, avait bloqué le transfert de 84 restes humains appartenant à des Palestiniens enterrés dans des tombes numérotées dans le « cimetière des combattants ennemis » de la Vallée du Jourdain.

31 mai 2012 - Palestine Chronicle - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction : Info-Palestine.net - Niha