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Israël nucléaire : image d’horreur apocalyptique

samedi 19 mai 2012 - 21h:28

Ismaïl Salami

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Imaginez un monde plongé dans les ténèbres et le froid extrême, avec la lumière du soleil assombrie par un épais nuage de poussière. Imaginez un monde replongé dans le chaos. C’est l’image conçue d’un monde abandonné à la déréliction par des armes de fin du monde.

Selon la théorie de l’Option Samson, Israël se réserve l’option de riposter massivement avec des armes nucléaires au cas où son existence serait gravement menacée par la puissance militaire d’un autre pays - même si le régime refuse d’admettre qu’il possède un important arsenal militaire.

Le premier signe de menace nucléaire date de la guerre du Kippour ("Grand Pardon") en 1973, considérée comme le plus féroce des conflits arabo-israéliens : alors que les forces arabes sont sur le point de défaire les forces israéliennes, la Première Ministre sioniste Golda Meïr ordonne que 13 bombes atomiques soient préparées pour être utilisées soit par des missiles soit par l’aviation. Et le Président Nixon accède à la demande israélienne. En fait, l’option Samson est un plan effrayant conçu par des dirigeants israéliens pour faire tomber le Moyen-Orient et le monde entier si nécessaire, et déclaré « kasher ». Seymour M. Hersh, auteur lauréat du prix Pulitzer, a émis l’hypothèse suivante : « Si la guerre éclatait au Moyen-Orient et si les Syriens et les Egyptiens perçaient à nouveau comme ils l’ont fait en 1973 [guerre du Kippour], ou si une nation arabe tirait à nouveau des missiles sur Israël, comme l’Irak [pendant la guerre du Golfe en 1991], une escalade nucléaire, naguère inconcevable sinon en tout dernier ressort, serait à présent une forte possibilité ».

Le 2 novembre 2011, Israël a testé et tiré un missile qui selon lui serait capable de porter une tête nucléaire et de cibler toute partie du Moyen-Orient, y compris l’Iran.

Les autorités israéliennes maintiennent que le missile à capacité nucléaire peut toucher toute cible dans un rayon de 10.000 km. En d’autres mots, il peut toucher la Russie, la Chine ou n’importe quelle partie de l’Europe.

Il est maintenant de notoriété publique que Tel Aviv est une puissance nucléaire qui dispose d’un vaste arsenal supposé accueillir 300 à 400 têtes nucléaires. Les Israéliens ont longtemps gardé le silence sur la question et refusent toujours de reconnaître l’existence de cet arsenal nucléaire.

Dans son livre plein de révélations « The Samson Option » (1991), Seymour Hersh arguait que l’idée de produire des armes nucléaires a été initiée par le dirigeant militaire Moshe Dayan début 1968. Depuis, Israël s’est mis à produire trois à cinq bombes par an. Après tout, les activités nucléaires illégales d’Israël remontaient à 1950 à Dimona, ville dans le désert du Neguev idéalement localisée pour ce genre d’activités clandestines. Si Hersh a dit vrai, Israël devrait donc posséder à présent plus de 200 bombes atomiques. Le régime sioniste a signé un accord avec la France au début des années ’60 et reçu le matériel nécessaire pour entamer un programme d’armement nucléaire incluant un réacteur, une usine d’extraction de plutonium et la conception. En 1962 les Français ont aidé à construire l’implantation de l’usine de plutonium souterraine, qui fut achevée en 1965. Les Israéliens ont assuré une sécurité rigoureuse autour du périmètre de l’usine nucléaire. En 1973 ils ont abattu un avion de tourisme libyen volant à proximité et tué ses 104 passagers. Le régime a été classé sixième producteur mondial de bombes nucléaires dans les années ’60. Le reste du matériel nécessaire comme l’uranium et l’eau lourde a été fourni par la Norvège, la France et les Etats-Unis.

Une opération au nom de code Plumbat a été exécutée conjointement par le Mossad et LAKAM (une agence de renseignement du Ministère de la Défense israélien spécialisée dans le vol de technologie pour Dimona) pour mener l’effort d’armement nucléaire. Un cargo allemand transportant 200 tonnes d’oxyde d’uranium disparut subitement. Quand il fut retrouvé dans un port turc, le chargement avait disparu. Plus tard il devint évident qu’il avait été transféré sur un navire israélien grâce aux efforts conjoints de Mossad et Lakam.

Avant que Seymour Hersh n’éclaire les aspects cauchemardesques des bombes nucléaires israéliennes, c’est Mordechai Vanunu, un ancien technicien de Dimona qui avait attiré l’attention de la communauté internationale sur le programme d’armement nucléaire israélien, en 1986. Mordechai Vanunu, de gauche et soutenant les droits de l’homme palestiniens, a sorti clandestinement des dizaines d’images et de documents de Dimona et les a transmis au Sunday Times de Londres. Les images et documents prouvaient qu’Israël était en possession d’un arsenal nucléaire assez important, soit 200 bombes thermonucléaires hautement sophistiquées. Ils révélaient également que la capacité de Dimona avait énormément augmenté au fil des années et qu’Israël produisait 1,2 kilos de plutonium par semain, suffisamment pour produire 10 à 12 bombes par an. Toutefois Vanunu a payé le prix fort pour ces révélations et a passé 18 ans en prison, dont 11 années à l’isolement carcéral.

Israël suit une politique d’opacité nucléaire

En d’autres mots, on a conseillé au régime de ne pas faire connaître voire de nier la possession d’armement nucléaire. Bouche cousue est le terme israélien pour politique nucléaire... Dans une réunion secrète entre la Première ministre Golda Meïr et le Président US Richard Nixon, les deux parties ont convenu qu’aussi longtemps qu’Israël refuserait de déclarer publiquement la possession du nucléaire ou les essais, les Etats-Unis supporteraient et dissimuleraient le programme nucléaire du régime. C’est devenu une part indispensable de la politique US-Israël. Néanmoins en 2006, le nouveau Secrétaire à la Défense Robert Gates déclara à une commission sénatoriale, dans un moment d’égarement momentané (?), qu’Israël avait des armes nucléaires.

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Mordechaï Vanunu, avec en arrière-plan l’image satellite du centre de Dimona (Silvia Cattori)

En fait cela n’a rien changé au programme nucléaire israélien au cours des années et les autorités de Washington ont exprimé leur soutien constant à Israël et à sa sécurité. En juillet 2011 le Président Barack Obama a même rassuré le Premier ministre Benjamin Netanyahou quant au soutien inconditionnel au régime :
« Nous croyons fermement que vu sa taille, son histoire, la région où il se trouve ... Israël a des exigences sécuritaires uniques. Israël doit pouvoir se défendre - par ses propres moyens - contre toute menace ... Et les Etats-Unis ne demanderont jamais à Israël aucune démarche qui menacerait ses intérêts sécuritaires ».

L’histoire du programme d’armement nucléaire israélien est triste et douloureux et le fait que certains pays européens ont secrètement catapulté ce régime dans le cauchemar nucléaire est une honte. En revanche ce qui est encore bien plus honteux, c’est que pendant toutes ces années les USA ont été au courant de ces activités illégales clandestines et les ont même soutenues.

Le pire est encore à venir

Avec 300 à 400 bombes nucléaires Israël a été transporté dans un tableau d’horreur apocalyptique pour tout le Moyen Orient si pas pour le monde entier.

* Ismaïl Salami est un écrivain iranien spécialiste du Moyen-Orient, iranologue et lexicographe. Il écrit beaucoup sur les dossiers étatsuniens et moyen-orientaux et ses articles ont été traduits dans un grand nombre de langues.

11 mai 2012 - Palestine Chronicle - Vous pouvez consulter cet article à :
http://palestinechronicle.com/view_...
Traduction : Info-Palestine.net - Marie Meert


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