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Egypte : les Frères musulmans veulent l’ouverture complète du passage de Rafah

jeudi 22 mars 2012 - 11h:23

Tom Perry & Nidal al-Mughrabi

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Les Frères musulmans veulent faire ouvrir au commerce la frontière égyptienne avec la bande de Gaza, un changement qui devrait transformer la vie des Palestiniens. Mais il est frappant de voir la résistance des autorités égyptiennes, réticentes à changer une politique de longue date.

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Un étudiant égyptien brandit un Coran lors d’une manifestation au Caire

Le plus grand parti en Egypte au nouveau parlement - les islamistes qui ne sont pas encore au gouvernement - cherchent des moyens pour atténuer l’impact des restrictions imposées par Israël et l’Egypte sur le territoire géré par le Hamas, lequel est affilié idéologiquement à la Fraternité .

Voulant atténuer les pénuries chroniques d’électricité dans la bande de Gaza, la Fraternité a récemment fait pression sur le gouvernement égyptien pour conclure un accord afin de fournir du carburant pour l’unique station énergétique sur le territoire assiégé.

Toutefois, les coupures de courant qui continuent d’affecter la bande de Gaza depuis plusieurs semaines montrent qu’au Caire il est plus facile de faire des proclamations que de réellement changer de politique, car le gouvernement est encore en grande partie dirigé par les ex-fidèles de Hosni Moubarak.

« C’est la continuation de la méthode Moubarak dans le traitement de la question palestinienne », a déclaré Gamal Hishmat, le vice-président du comité parlementaire égyptien des affaires étrangères et un député des Frères musulmans.

Le carburant n’est pas encore arrivé dans la bande Gaza à cause d’un différend sur la façon dont il devrait être livré, selon le Hamas et les députés de la Fraternité qui connaissent le dossier. Le Hamas veut qu’il vienne dans la bande de Gaza par la frontière avec l’Egypte, un précédent qui pourrait conduire à une extension du commerce par le biais de la frontière palestinienne, laquelle n’est pas contrôlée directement par Israël.

L’Egypte avait initialement soutenu cette idée puis est revenue en arrière en disant qu’il fallait passer par Israël, selon les sources du Hamas et de la Fraternité. Les responsables du ministère du pétrole égyptien n’ont pas pu être joints pour un commentaire.

Avec ses 1,7 millions d’habitants, la bande de Gaza est sous un strict embargo depuis que le Hamas a pris le contrôle du territoire en 2007. Le Hamas est profondément hostile à Israël, qui a signé un traité de paix avec l’Egypte en 1979. Sous la pression internationale, Israël a un peu assoupli les importations dans la bande de Gaza en 2010, mais les entreprises ne peuvent pas exporter.

Les manifestations organisées par le Hamas à la frontière cette semaine durant la crise de l’énergie ont montré une impatience croissante vis-à-vis des restrictions, les Palestiniens estimant qu’elles auraient dû disparaître après la chute de Moubarak.

Les militaires au pouvoir dans l’Egypte dirigée par le feld-maréchal Tantawi Hussein ont assoupli les restrictions pour le passage des voyageurs l’an dernier, mais le changement est loin de ce que les Palestiniens souhaitaient.

« Le feld-maréchal de l’Egypte et son gouvernement, comme le monde entier, gardent le silence alors que la bande de Gaza reste sous blocus », déclare Mohammed Ashour, un responsable local de la bande de Gaza lors d’un rassemblement, sa voix allant au-delà de la frontière par les haut-parleurs.

Une priorité de la Fraternité

Le commerce a été contraint à la clandestinité par des tunnels sous la frontière. Les dernières années du pouvoir Moubarak ont été marquées par la suspicion sur la frontière, avec une franche hostilité envers le Hamas, un cousin idéologique de l’organisation de la Fraternité interdite sous de son règne.

« Je veux que le passage s’ouvre complètement, de sorte que celui qui veut voyager à partir de la bande de Gaza puisse venir en Egypte », a déclaré Mahmoud Ghozlan, porte-parole de la Fraternité. « Nous sommes favorables à l’ouverture du passage [de Rafah] pour les importations et les exportations. »

Le Hamas veut la même chose. « Nous ne sommes pas satisfaits avec les tunnels », a déclaré à Reuters Mahmoud Al-Zahhar, un dirigeant du Hamas dans Gaza.

Pour la Fraternité, la première justification est d’ordre moral. Le blocus de Gaza est l’une des questions les plus émotionnelles dans le monde arabe. Cette ouverture serait également un avantage économique pour le nord du Sinaï, l’une des régions les plus pauvres de l’Égypte.

Côté israélien, l’idée ne semble pas un réel sujet de préoccupation.

« Le ministre israélien des Affaires étrangères a suggéré que nous fassions tout notre possible pour que Gaza ne dépende pas d’Israël et traite directement avec l’Egypte », a déclaré un diplomate israélien. Il a ajouté que des contrôles seraient nécessaires du côté égyptien pour empêcher les armes d’atteindre la bande de Gaza, mais il a dit aussi que l’accord sur le carburant n’a rien d’alarmant.

La position égyptienne a longtemps été conditionnée par la préoccupation qu’Israël voulait se débarrasser de toute responsabilité sur la bande de Gaza si la frontière avec le Sinaï était ouverte. Avec la montée en force du Hamas dans la bande de Gaza, Le Caire était aussi guidé par son souci que le militantisme palestinien ne déborde en Egypte.

Un diplomate familier avec la bande de Gaza explique que le souci du Caire est que s’il cédait aux exigences du Hamas, cela affaiblirait les moyens de pression dont dispose le pouvoir [militaire] en Egypte sur le groupe, et saperait ses efforts pour imposer au Hamas une réconciliation avec l’Autorité palestinienne.

Certains Palestiniens partagent la crainte que l’ouverture de la frontière avec l’Egypte ne permette à Israël de se laver les mains de la bande de Gaza, tout en aggravant la fracture avec l’Autorité palestinienne basée à Ramallah.

Mahmoud Zahhar ne s’attendait pas à un changement sérieux dans la politique égyptienne avant l’élection d’un nouveau président, ce qui devrait achever à la fin juin la période de transition avec la domination des militaires. « Dans cette période intérimaire, je ne crois pas qu’il puisse y avoir de changements fondamentaux », a-t-il dit.

21 mars 2012 - Ma’an News - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.maannews.net/eng/ViewDet...
Traduction : Info-Palestine.net


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