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Un tribunal hors normes
lundi 2 mars 2009 - Kharroubi Habib - Le Quotidien d’Oran

Ce qu’ont exploité les forces libanaises opposées à la présence syrienne dans leur pays et les puissances occidentales, Etats-Unis et France au premier chef, pour exiger le retrait des troupes de Damas du Liban et la constitution d’une commission internationale d’enquête sur l’assassinat. Le régime syrien était ainsi désigné comme l’instigateur probable de l’attentat qui a coûté la vie à l’ancien chef du gouvernement libanais, et a fait l’objet de pressions internationales si fortes, qu’il fut contraint de procéder au retrait du Liban de ses forces militaires et paramilitaires.

Dans le même temps, l’ONU, sous conditionnement franco-américain, décidait de la création de la commission internationale d’enquête et, fait unique dans les annales judiciaires internationales, de celle d’un tribunal international chargé d’instruire et de juger les coupables de l’assassinat de l’homme d’Etat libanais.

Lequel tribunal international a commencé à siéger avant-hier, à la Haye, sous la présidence du magistrat canadien, Daniel Bellemare, sur la base du dossier rassemblé au bout d’une enquête qui aura duré quatre années.

Pour les milieux libanais et occidentaux hostiles au régime syrien, la responsabilité et la culpabilité dans l’attentat contre Hariri, ainsi que ceux ayant pris pour cible d’autres personnalités libanaises politiques ou du monde de la presse, ont été les présupposés qu’ils ont voulu imposer en tant qu’axiome à l’opinion internationale ainsi qu’aux enquêteurs en charge de la recherche de la vérité.

La thèse et les accusations de ces milieux ont trouvé, au premier temps de l’enquête internationale, une oreille complaisante en la personne du magistrat allemand désigné pour en coordonner les travaux. Celui-ci s’est, en effet, empressé d’orienter l’enquête exclusivement sur la piste d’une main syrienne derrière l’attentat de Beyrouth de 2005.

Ce magistrat, qui a confondu conviction politique et matérialité des preuves, a été depuis remplacé et rien dans les investigations entreprises depuis par la commission d’enquête n’est, semble-t-il, parvenu à établir irrévocablement la responsabilité de Damas dans l’ assassinat de Hariri.

La question est alors posée de savoir si le tribunal international institué va statuer dans l’affaire Hariri sur la base de preuves indubitables fournies par l’enquête ou, comme le voudraient ces parties anti-syriennes, faire le procès politique du régime de Damas. La déclaration à l’ouverture des travaux du tribunal par le procureur général qu’il n’y aura pas un procès de ce genre tendrait à confirmer qu’il ne sera pas question de mettre les autorités syriennes sur la sellette, en l’absence de preuves tangibles et irrécusables. Cela d’autant que le contexte des relations de Damas avec certaines parties libanaises et internationales, ayant été parmi ses plus acharnés accusateurs, n’est plus celui du temps où a eu lieu l’assassinat de Hariri.

La Syrie a désormais des rapports normaux sinon apaisés avec le Liban. elle a renoué d’encourageants contacts avec la France dont le président de l’époque, Jacques Chirac, a activé avec zèle pour la mettre au banc des accusés. Et plus encore, elle est dans des tractations souterraines de normalisation avec les Etats-Unis qui, sous l’ère terrifiante de la présidence de Georges W.Bush, l’ont classifiée dans l’axe du mal avec tout ce que cela a fait peser de menace, pour elle, de déstabilisation.

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2 mars 2009 - Le Quotidien d’Oran - Analyse