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Echanger des perles contre des queues de cerises
jeudi 18 octobre 2007 - Khalid Amayreh - Al Ahram Weekly
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Village de Ein Kenya, près de Ramallah, un jour de cueillette des olives... Palestine éternelle ! - Photo : AP/Muhammed Muheisen

Les négociateurs palestiniens et israéliens ont entamé une série de réunions secrètes lundi [8 octobre] pour tenter de rédiger un document commun pour la prochaine conférence pour la paix convoquée par les Etats-Unis et programmée en novembre à Annapolis dans le Maryland. Les deux cotés continuent à être profondément divisés sur les questions qui sont au coeur du conflit israélo-palestinien.

Selon les officiels palestiniens qui suivent de près les entretiens, les deux équipes de négociateurs risquent de passer plus de temps à formuler et affirmer leurs propres positions qu’à faire des ouvertures permettant d’établir des liens entre eux. Tandis que l’Autorité Palestinienne continue à vouloir un accord pour un statut final sur la base des résolutions 242 et 338 des Nations Unies et dans le cadre de la formule généralement nommée « la terre pour la paix », Israël qui considère les territoires occupés comme « contestés » plutôt que comme « occupés » est déterminé dans son refus du droit au retour et veut conserver les principales colonies juives installées sur les terres arabes occupées.

Azmi Al-Shuebi, un ancien ministre du cabinet palestinien, a fait savoir à ?Al Ahram weekly’ que « des liens entre les propositions » avaient été étudiés afin de surmonter les divergences concernant l’ampleur de l’éventuel retrait israélien de Cisjordanie.

La principale proposition consiste en un « échange de terre » dans le cadre duquel Israël annexerait 3 à 5% de la surface totale de la Cisjordanie, principalement dans Jérusalem-est et à l’ouest du mur de séparation [mur d’apartheid - N.d.T], en échange de quoi Israël cèderait à l’état palestinien une surface comparable de terres israéliennes.

C’est une arnaque. Israël offrirait aux Palestiniens des terrains sableux dans le désert du Negev le long de la frontière de Gaza en échange de l’annexion de grandes colonies juives, dont Ma’ali Adomim, Pisgad Ze’ev, Ariel, Efrata et jet Itzion dans et autour de Jérusalem-est. Comme le disait un officiel palestinien, la proposition revient à échanger une perle contre un morceau de charbon de la même taille.

La décision de commencer à rédiger le document israélo-palestinien ne signifie pas que la série de réunions de haut niveau entre Abbas et Olmert ait été un succès. Selon les observateurs, les deux côtés veulent calmer Washington et éviter de donner l’impression de bloquer les avancées.
Olmert a indiqué au cabinet israélien cette semaine que lui et Abbas n’étaient parvenus à aucune conclusion au cours de leur réunion du 4 octobre, laquelle était prévue pour définir une perception commune sur ce à quoi devait ressembler un accord final.

« Il n’y a eu aucun accord ou arrangement entre moi et Abu Mazen, » a dit Olmert, ajoutant qu’ils n’avaient pas fait plus que d’« examiner les problèmes et les questions centrales qui serviraient de base aux négociations qui se conclueraient par deux états pour les deux peuples ».
Les remarques d’Olmert ont prouvé qu’en dépit de ses rencontres « positives » et « cordiales » avec Abbas, les deux hommes discutent toujours de formalités et de questions de procédures.

On peut supposer sans se tromper que si les entretiens continuent à ce pas de tortue, les deux côtés iront à Annapolis sans aucun accord, ce qui mènera alors la conférence à l’échec.

Selon Hanan Ashrawi, le succès ou l’échec de la conférence à venir dépend de la volonté de l’administration Bush de s’impliquer. Ashrawi a indiqué à ?Al Ahram Weekly’ que deux principaux facteurs militaient contre la conférence : d’abord, l’administration Bush doit encore faire la preuve d’une véritable volonté de faire pression sur Israël, et deuxièmement, la situation palestinienne au niveau interne est plus mauvaise que jamais.

Ashrawi a condamné le remaquillage de l’équipe de négociation palestinienne avec les « mêmes vieilles têtes incompétentes qui nous rappellent les échecs de l’époque d’Oslo ».

En attendant, la tactique israélienne de cette semaine consistant à gagner du temps a incité l’ancien négociateur palestinien Ahmed Qurei à avertir que si un document commun israélo-palestinien sur les questions liées au statut final n’était pas mis au point avant la conférence d’Annapolis, les Palestiniens pourraient bien ne pas être présents.

Le négociateur palestinien de l’époque d’Oslo et ancien premier ministre a précisé que les principes pour un accord définitif étaient clairs des deux côtés, et que ce qui est nécessaire maintenant c’était de prendre une décision.

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Olmert-Abbas : un joli marché de dupes ?

Olmert n’avait pas tari d’éloges sur Abbas, insistant sur le fait que « pour la première fois, il y a une direction palestinienne qui veut arriver à la paix avec Israël sur la base de deux états vivant côte à côte dans la sécurité et où Israël resterait un état juif. » Le ministre israélien a décrit Abbas comme « sérieux et fiable... opposé au terrorisme et prêt pour un dialogue sérieux avec Israël ».

Une tel éloge venant d’un homme connu parmi les Palestiniens davantage pour son esprit retors que pour sa droiture, a suscité l’appréhension, faisant se répandre des rumeurs selon lesquelles Abbas était en train de faire des compromissions sur la question de Jérusalem et sur le droit au retour, les deux questions qui plus que toute autre sont au c ?ur du conflit israélo-palestinien.
Salman Abu Sitta, un défenseur fameux du droit des Palestinien à retourner dans leur patrie comme cela est reconnu dans la résolution 149 des Nations Unies, a prévenu Abbas cette semaine de ne pas « traiter avec légèreté le droit au retour ».

« Nous nous rendons compte des pressions que vous subissez pour abandonner les principes palestiniens, » a écrit Abu Sitta dans une lettre ouverte adressée à Abbas cette semaine. « Mais ce qui a retenu notre attention plus que toute autre chose sont les tentatives israéliennes de redéfinir l’idée de la solution à deux états. Israël veut maintenant la reconnaissance mutuelle d’une patrie nationale pour les juifs et, sur ce qui reste de la terre de Palestine, d’une patrie nationale pour les Palestiniens. »

L’appréhension palestinienne au sujet des dangers d’une négociation précipitée et sous contrainte excluant le droit au retour a incité un certain nombre de factions palestiniennes basées à Damas à appeler à une réunion dans la capitale syrienne pour réaffirmer les buts nationaux palestiniens dont le droit au retour. On s’attend à ce que ces organisations, qui incluent des groupes islamiques et de gauche, avertissent Abbas de ne pas succomber à la pression américaine visant à sacrifier le droit au retour en échange d’un état palestinien miniature et non-viable en Cisjordanie.

Le vol par Israël de la terre palestinienne s’est entretemps poursuivi sans discontinuer alors qu’Olmert parle de paix avec les Palestiniens. Lundi, la presse israélienne a annoncé que l’armée israélienne avait décidé de confisquer des terres à l’est de Jérusalem dans le but de construire des milliers d’unités supplémentaires d’habitations pour les colons.

La construction de la nouvelle colonie, nommée E-1, ferait disparaître la continuité géographique qui subsiste encore entre la Cisjordanie méridionale (Hébron et Béthlehem) et la région de Ramallah.

Du même auteur :

- Une paix supposée
- Ramper sur les mains et les genoux
- Palestine : un état policier sans état

12 octobre 2007 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2007/866...
[Traduction : Claude Zurbach - Info-Palestine.net]