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Irak : La guerre devient une affaire privée
vendredi 6 juillet 2007 - T. Christian Miller - Los Angeles Times
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L’hélicoptère d’une compagnie privée survolant Bagdad, le 4 juin (Ph. AFP)

Le nombre de civils sous contrat présents en Irak dépasse désormais celui des militaires américains. Ces chiffres récemment rendus publics soulèvent de nouvelles questions quant à la privatisation de l’effort de guerre et à la capacité du gouvernement de mener une campagne militaire et un programme de reconstruction. Selon les chiffres du département d’Etat et du ministère de la Défense obtenus par le Los Angeles Times, plus de 180 000 civils - américains, étrangers et irakiens - travaillent actuellement en Irak avec un contrat américain. Avec le récent renforcement des effectifs, on compte actuellement en Irak 160 000 soldats et quelques fonctionnaires civils.

Le nombre total des civils sous contrat - bien plus élevé que ce qui avait été annoncé précédemment - montre à quel point le gouvernement Bush s’est reposé sur les sociétés privées pour assurer l’occupation du pays. "Ces chiffres sont élevés", constate Peter Singer, spécialiste des contrats militaires à la Brookings Institution. "Ils disent mieux que tout que nous sommes allés là-bas avec un nombre insuffisant de soldats. Il ne s’agit pas là de la coalition de volontaires, mais de la coalition de factures."

Les civils sous contrat comprennent au moins 21 000 Américains, 43 000 étrangers et environ 118 000 Irakiens - tous employés aux frais du contribuable américain. L’importance des civils sous contrat risque d’être évoquée dans plusieurs débats, par exemple la privatisation des missions de l’armée et le nombre de réfugiés irakiens autorisés à s’installer aux Etats-Unis. Ces chiffres, bien qu’en augmentation, pourraient cependant ne pas donner une idée complète de la situation. Les agents de sécurité privés, qui protègent les membres du gouvernement et les bâtiments officiels, n’ont pas tous été pris en compte, selon des responsables des entreprises et du gouvernement.

L’incertitude qui règne à propos du nombre de civils sous contrat armés irrite prodigieusement les experts militaires. "Nous ne contrôlons pas toutes les armes de la coalition en Irak. C’est dangereux pour notre pays", déclare William Nash, général à la retraite et spécialiste de la reconstruction. Le Pentagone "recrute des mercenaires : on peut se trouver des tas de bonnes excuses, mais cela est scandaleux".

Même si les sociétés privées interviennent dans les conflits depuis la guerre de Sécession, elles jouent en Irak un rôle plus important que dans les autres guerres, estiment les experts militaires. Les spécialistes craignent que les civils sous contrat - qui opèrent hors du contrôle de l’armée - ne refusent de livrer du matériel vital sous le feu et ne mettent ainsi en danger les soldats et leur mission.