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Les faucons se retrouvent à Riyad

lundi 5 mars 2007 - 06h:14

il manifesto

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Les craintes de plus en plus fondées et menaçantes d’une prochaine attaque étasunienne contre l’Iran - sous prétexte du nucléaire ou de l’interférence iranienne dans la guerre irakienne - voient se multiplier les efforts diplomatiques pour éviter l’explosion d’un nouveau, et encore plus dévastant, foyer de déstabilisation.

Le président irakien Nouri al-Maliki (chiite du Sciri pro-iranien) a peur - non sans raisons - de se retrouver écrasé comme une noix au milieu d’un conflit belliqueux ouvert entre les Usa et l’Iran. En raison de quoi il a lancé l’idée - qui sonne de façon un peu désespérée- de la conférence qui doit se tenir à Bagdad le 10 mars, où sont invités les 5 membres permanents du Conseil de sécurité, Onu, ligue arabe et Oci, Arabie Saoudite, Egypte, Jordanie, Koweït, Turquie et deux pays de l’ « axe du mal » : Syrie et Iran (mais aucun volte-face ou rencontre bilatérale, « notre stratégie ne change pas » se sont-ils dépêchés de glapir à Washington).

Le président iranien Mahmoud Ahmanidejad doit faire face à un double défi, croisé : celui du nucléaire avec la « communauté internationale » qui s’apprête, à travers l’Onu, à durcir les sanctions, et celui de l’affrontement avec l’administration Bush qui a une grosse envie de frapper.

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Riyad (Arabie Saoudite)

Donc, le faucon de Téhéran arrivera demain (samedi 3 mars, NDT) à Riyad et rencontrera des leaders saoudiens, les faucons de la ligne sunnite et pro étasunienne. Visite d’une journée, demandée par Ahmanidejab et non due à un invitation de l’Arabie saoudite - berceau d’un fondamentalisme musulman, wahhabite, pareillement féroce (exception faite sur les pétrodollars), qui voit la république islamique (mais chiite) d’Iran comme sa bête noire, outre son apostasie. Et pas seulement depuis 2005, avec l’élection surprise de l’outrancier Ahmanidejab.

Riyad, comme les Usa et Israël, accuse Téhéran de cacher, derrière ses programmes nucléaires « pacifiques », son ambition d’arriver rapidement à la bombe. Mais aussi de fomenter l’insurrection chiite dans tout le monde arabe. De l’Irak au Liban en passant par états et autres petits royaumes de la région où les chiites - très minoritaires (15-20%) par rapport aux sunnites chez les musulmans- ou bien sont majoritaires, comme au Liban des Hezbollah et au Bahreïn, ou bien représentent de toutes façons des minorités conséquentes et inquiètes, comme en Azerbaïdjan ex soviétique, et jusqu’en Turquie.

La réunion de demain n’est pas le premier voyage de Ahmanidejab en Arabie saoudite -il a déjà été comme pèlerin à La Mecque- mais le premier en tant que chef d’état. Pas de détails sur la visite, ni sur les rencontres, ni sur le programme. D’aucuns pensent qu’un des objectifs de Ahmanidejab serait d’essayer de rompre la glace entre les saoudiens et les iraniens, - qui demeurent la clé de voûte de toute solution au Liban - en vue du prochain sommet de la Ligue arabe, fixé pour la fin du mois à Riyad, le gel entre saoudiens et syriens est criant et se fait de plus en plus rude au fur et à mesure de l’aggravation de la crise intérieure libanaise.

D’un autre côté, certains pensent que les saoudiens pourraient profiter de l’occasion pour essayer de miner l’étroite alliance d’intérêts entre l’Iran et la Syrie : il semble probable que Ahmanidejab rencontrera, en plus du roi Abdallah, le prince Bandar Ben Sultan, l’homme des américains (jusqu’à il y a deux ans et ambassadeur à Washington pendant 22 ans ainsi qu’ami très proche de la famille Bush), l’homme qui tire les ficelles de la stratégie saoudienne pour arrêter l’influence iranienne croissante au Moyen-Orient.

Stratégie, si l’on s’en tient à ce qu’a écrit le célèbre reporter étasunien Seymour Hersh dans le dernier numéro de la revue New Yorker, qui prévoit une nouvelle et étrange « Sainte alliance », du type de celle des années 80 en Afghanistan. A l’époque les moudjahiddines de Ben Laden, prince de naissance saoudienne, chassèrent les envahisseurs soviétiques, puis prirent goût à l’aventure et devinrent... les talibans à Kaboul, et, au Moyen-Orient et dans le reste du monde, les salafites.

La réédition de cette expérience réussie, qui selon Hersh a eu le feu vert de l’administration étasunienne, prévoit l’utilisation des dollars (et des peurs) saoudiens pour recruter salafites et membres de al-Quaeda à lancer dans la guerre sunnite contre la guerre sainte chiite. Si l’hypothèse de Hersh se vérifiait, cela reviendrait à dire, en schématisant, que Bush recruterait (à nouveau) Ben Laden pour arrêter les chiites en Irak, au Liban et en Iran. Pas mal comme idée.

S.D.Q., Riyad - il manifesto, le 2 mars 2007
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio


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