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Le destin du Soudan en balance

mercredi 22 décembre 2010 - 08h:52

Kharroubi Habib - Le Quotidien d’Oran

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C’est un secret de Polichinelle que l’Etat d’Israël est l’un des plus fermes soutiens du SPLM dont elle a armé la rébellion dès son départ. Le nouvel Etat qui s’installera dans le Sud Soudan n’aura de ce fait rien à refuser à l’entité sioniste, qui, de ce fait, disposera d’un point d’appui névralgique pour sa politique de pénétration en Afrique et de nuisance contre les Etats arabes.

Point d’orgue de l’accord de paix signé au Soudan en 2005 mettant fin à deux décennies de guerre civile entre le Nord musulman et le Sud en grande partie chrétien ou animiste, le référendum prévu dans cette dernière région pour le 9 janvier prochain devrait, sans surprise, entériner la partition du pays.

Les analystes pronostiquent en effet le triomphe de l’option indépendantiste prônée par les ex-rebelles sudistes regroupés dans le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), et à laquelle adhère la population de la région. Si donc le résultat du scrutin ne fait pas de doute, la question reste posée de savoir si la sécession annoncée du Sud Soudan va se faire dans l’entente et la coopération entre le Nord et le Sud ou si elle préfigure au contraire pour eux une reprise des hostilités.

Une séparation pacifique entre les deux entités suppose que celles-ci trouvent au plus vite un terrain d’entente aux quatre enjeux post référendaires clefs. A savoir la citoyenneté, le partage des ressources naturelles, la sécurité et le respect des accords internationaux, y compris ceux afférents à la répartition des eaux du Nil. Enjeux auxquels il faut ajouter celui ayant trait à la question d’Abyci, une région contestée située à la lisière du Nord et du Sud Soudan revendiquée par les deux parties.

A quelques jours de la tenue du référendum, il ne semble pas que les Nordistes du Parti du Congrès national (NCP), présidé par Omar El Bachir, et les Sudistes du SPLM qui négocient depuis juillet sur ces questions, parviennent à s’entendre. D’où l’inquiétude qu’exprime la communauté internationale sur l’éventualité d’un scénario catastrophe, conséquence du référendum prévu.

Il y a que malgré cette inquiétude, des parties étrangères oeuvrent à attiser le feu entre Nordistes et Sudistes pour asseoir les desseins géopolitiques qu’ils ont en cette affaire, inséparables de visées économiques.

La sécession du Sud Soudan constituera en tout cas une première qui mettra fin au dogme de l’intangibilité des frontières héritées du colonialisme sur lequel se sont entendus les Etats du continent africain depuis leur indépendance. L’on comprend pourquoi ces Etats, même ceux étant en mauvais termes avec le Soudan et sensibles à la cause de sa population sudiste, n’encouragent pas la solution de la partition prônée par le SPLM.

Ce sont les pressions multiformes des Etats-Unis et de l’Europe qui ont rendu celle-ci possible. Pressions officiellement justifiées par des considérations d’humanitarisme et du droit des peuples à s’autodéterminer. Mais en fait inspirées par la volonté de l’Occident d’imposer son influence dans une région éminemment stratégique tant au plan géographique qu’économique.

Israël est l’autre acteur dont les agissements en cette affaire ont beaucoup contribué à rendre irréversible la partition du Soudan. C’est un secret de Polichinelle que l’Etat d’Israël est l’un des plus fermes soutiens du SPLM dont elle a armé la rébellion dès son départ. Le nouvel Etat qui s’installera dans le Sud Soudan n’aura de ce fait rien à refuser à l’entité sioniste, qui, de ce fait, disposera d’un point d’appui névralgique pour sa politique de pénétration en Afrique et de nuisance contre les Etats arabes. Lesquels récoltent ce qu’ils ont semé, à savoir avoir soutenu aveuglément la politique criminelle suivie par les régimes successifs de Khartoum à l’égard de la population du Sud Soudan.

Telle qu’elle se présente, la situation au Soudan menace de donner lieu à d’inextricables conflits qui détourneront une bonne partie des nations africaines de leur idéal unitaire et de coopération.


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22 décembre 2010 - Le Quotidien d’Oran - Analyse


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