Dans l’actualité internationale de la semaine passée, dominée par l’Assemblée générale des Nations Unies et les tentatives encore fragiles et inconsistantes pour relancer les négociations israélo-palestiniennes, il est des évènements qui sont passés presqu’inaperçus.

Equipe nationale palestinienne

Pourtant, celui-ci est très intéressant et constitue un signal fort contre les pratiques illégales de l’administration israélienne dans le contexte international.

En effet, le président de l’Union européenne des associations de football (Uefa), Michel Platini, vient de déclarer que l’attitude d’Israël vis-à-vis du sport palestinien était susceptible de le pousser à reconsidérer la qualité de membre de l’Uefa pour Israël. Incroyable, non ? Il s’agit bien de remettre en cause la place d’Israël dans les mécanismes du football et les championnats européens. Comment est-ce possible ?

Venant de rencontrer au siège de l’Uefa à Nyon (Suisse), Jibril Rajoub, président de la Fédération palestinienne de football, Michel Platini était particulièrement remonté contre les mesures israéliennes vis-à-vis du sport palestinien et qui constituaient une violation des réglementations et lois internationales en vigueur. L’entretien entre Jibril Rajoub et Platini a porté sur plusieurs points, dont le sport palestinien, les mesures israéliennes contre le développement du sport en Palestine et la consolidation des infrastructures sportives palestiniennes.

Les déclarations véhémentes de Platini sur cette situation, ont été logiquement suscitées par les pratiques israéliennes visant à isoler les joueurs et sportifs palestiniens. Il s’agit des restrictions imposées tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Palestine, et l’interdiction d’entrée qui touche les équipements sportifs dans les territoires palestiniens occupés. Ainsi, lors du dernier match amical de l’équipe nationale palestinienne de football, en Mauritanie, six joueurs titulaires ont été empêchés par Israël de rejoindre Nouakchott. Cet énième épisode a entraîné un dépôt de plainte, auprès de la Fifa, de la Fédération palestinienne qui accuse Israël de prendre le sport palestinien en otage. Autre exemple, Israël avait interdit l’entrée d’aides au sport en Palestine octroyées en juillet 2009 par les instances européennes de football. A ce jour, ces aides sont toujours bloquées au niveau des ports israéliens.

Etant donné la situation, Michel Platini a menacé de peser de tout son poids pour mettre un terme à la souffrance des joueurs palestiniens, particulièrement les footballeurs. Il se fera donc l’avocat de cette cause, cet automne, lors de la prochaine réunion du bureau exécutif dont Israël est membre. La fermeté du message de Platini tranche avec l’attitude souvent laxiste de la communauté internationale à l’égard d’Israël au moment où ses autorités montrent leur entêtement à refuser la paix afin de poursuivre la colonisation.

Faut-il se souvenir qu’il n’y a pas si longtemps, Israël avait dû quitter la confédération asiatique et avait, pour cela, été accepté dans les instances européennes de football ? Depuis, les clubs israéliens participent aux championnats européens. Et l’équipe nationale israélienne dispute sa qualification pour le championnat d’Europe des Nations et la Coupe du monde, au sein de cette zone géographique bien qu’elle n’en fasse pas physiquement partie.

Pourquoi les menaces de Platini doivent être prises au sérieux ? Contrairement à l’Onu handicapée par une Assemblée générale qui multiplie les résolutions qui n’ont aucun pouvoir contraignant et par un Conseil de sécurité bloqué par le veto des Etats-Unis, l’Uefa, plus que d’autres instances internationales, peut prendre de vraies décisions suivies d’effets. Etonnant, mais Platini et l’Uefa ont plus d’influence que beaucoup de leaders politiques. Certains pays en ont déjà subi les conséquences comme ce fut le cas pour la Yougoslavie au moment de la Guerre des Balkans.

Platini ira-t-il au bout de sa logique déclarative ? Il est fort à parier qu’il le fera si Israël ne revoit pas ses pratiques restrictives à l’égard des sportifs palestiniens. Dans ce cas, et s’il met sa menace à exécution, les conséquences seraient graves pour Israël vu l’importance médiatique et l’impact sociétal du football. Israël verrait alors ses clubs et son équipe nationale privés de compétitions internationales.

Pour ces raisons, on peut penser qu’Israël prendra, pour une fois, au sérieux les menaces d’une instance internationale et reverra très probablement sa politique de restriction des déplacements des sportifs palestiniens et de la fourniture d’équipements sportifs à la Palestine. En tout cas, on voudrait pouvoir en espérer autant des démarches internationales vis-à-vis d’Israël pour relancer la paix et permettre l’établissement d’un Etat palestinien viable avec Al Qods, Jérusalem-Est comme capitale.

* Anas ABDERRAHIM est délégué pour la Palestine à l’Alliance francophone Dakar - Liberté

5 octobre 2010 - Walfadjiri - Vous pouvez consulter cet article à :
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