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Guzman : un juge chilien en Israël

vendredi 23 février 2007 - 07h:04

Nir Hasson - Ha’aretz

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Juan Guzman

« La vie des Palestiniens sous occupation me rappelle celle des chiliens sous la dictature de Pinochet » a dit le juge chilien Juan Guzman, en visite en Israël, la semaine dernière.

« Là-bas, aussi, les gens qui pensaient différemment ont été considérés comme des ennemis : Ils ont été emprisonnés, torturés, tués. Là-bas, aussi, les gens ne pouvaient pas se déplacer d’un endroit à l’autre, ils n’étaient pas libres et ils n’étaient pas égaux devant la loi. Mais ici c’est plus dur. Et cela va continuer encore longtemps », ajouta Guzman âgé de 68 ans, et devenu célèbre à la fin des années 90 en tant que juge d’instruction d’Augusto Pinochet, dictateur militaire du Chili entre 1973 et 1990...

Guzman est arrivé la semaine dernière en Israël en tant qu’invité du Comité israélien contre les démolitions (ICAHD) et du centre alternatif de l’information (AIC) pour examiner le dossier de mise en accusation devant les tribunaux européens des responsables israéliens des démolitions de maisons palestiniennes. Jusqu’ici, les accusations ont été lancées contre les dirigeants militaires uniquement. Le Comité veut mettre en accusation en plus des civils.

L’ICAHD a une liste de trois fonctionnaires de l’administration civile, de la municipalité de Jérusalem et du ministère de l’intérieur, personnes qui ont commandé les démolitions de maisons palestiniennes. Il cherche à soumettre ces cas à des tribunaux européens ayant l’autorité pour traiter des violations internationales de droits de l’homme. Guzman devrait coordonner l’action au niveau international. Si une telle investigation est ouverte, des mandats d’arrestation seront vraisemblablement lancés contre ces trois personnes qui ne pourront plus visiter l’Europe au risque d’être arrêtées ...

Guzman n’a aucun doute sur le fait que comme les dirigeants et les fonctionnaires de Pinochet, les dirigeants et les fonctionnaires israéliens payeront le prix des crimes commis contre les Palestiniens. « Ce que nous apprend l’Histoire, c’est qu’en final, ceux qui commettent des crimes contre l’humanité et violent les droits de l’homme finissent par être jugés, soit par la justice de leur pays soit par une cour internationale spéciale. Tôt ou tard, les violations des droits de l’homme arrivent devant une cour de justice », dit Guzman.

Pendant son voyage, Guzman a rendu visite à deux familles palestiniennes dont les maisons à Issawiyeh et A-Tur ont été démolies. Une des familles vit sous une tente près des ruines de sa maison depuis deux semaines.

« Je les ai vues pleurer. Chaque démolition est la démolition de la dignité et de l’intimité d’une personne, et elle est interdite par le droit international. J’ai également vu le Mur construit dans les territoires occupés. Je ne comprends pas, et je ne crois pas qu’il soit justifié par un problème de sécurité. Ce n’est pas logique. Je suis certain qu’il y a d’autres manières de protéger les Israéliens, et dans le même temps, les Palestiniens doivent être protégés. »

Guzman ajoute : « J’admire les juifs pour la souffrance qu’ils ont supportée et pour leur contribution dans les sciences, la littérature et la musique. « Je m’identifie avec les Israéliens, mais mon coeur est avec les personnes qui vivent sous l’occupation et dont les droits sont violés. Israel dit qu’il est la victime du terrorisme, mais quand vous arrivez ici, vous vous rendez compte que ce que les Palestiniens font c’est de résister à l’occupation. Les Palestiniens sont les victimes, ils sont exploités, leurs maisons sont démolies, ils sont détenus administrativement, leurs biens sont endommagés, ils ont besoin d’autorisations pour se déplacer d’un endroit à l’autre et leurs villes sont devenues grandes prisons. Il n’y a aucun doute qu’ils sont les victimes. »

Guzman ne fait aucune promesse que les actes d’accusation seront pris en compte contre les responsables des démolitions de maisons palestiniennes. « J’étudierai la question, je consulterai et je verrai comment l’affaire pourra être introduite » dit-il, « mais il y a aucun doute qu’en droit international, les civils directement responsables des violations de droits de l’homme peuvent être accusés, tout comme les militaires »

Meir Margalit, coordonnateur local pour ICAHD, qui a invité Guzman à visiter l’Israel, dit qu’il désespère du système israélien de justice. « l’option de procédures devant la justice israélienne étant épuisés, le salut ne viendra pas d’ici, et les choses s’aggravent de plus en plus. Chaque année, environ 400 maisons à Jérusalem Est et les territoires occupés sont démolis. »

« Je suis ici pour une mission de paix » dit Guzman. « Je veux que mes interventions réveillent les interrogations pour savoir si ce qui se fait ici est justifié. De par l’expérience chilienne, nous savons qu’une telle intervention peut faire cesser des violations de droits de l’homme. J’implore le gouvernement israélien d’arrêter les démolitions de maisons, pour sa bonne réputation et pour la bonne réputation de la race humaine toute entière. »

Juan Guzmán est issu d’une des familles les plus prestigieuses du Chili. Nommé par Allende alors que sa famille est marquée à droite, il s’impose comme un homme modéré, sensible à la détresse humaine. Le destin le choisit pour instruire les premières plaintes des familles de disparus, après le retour de la démocratie.

Présentation extraite de :
http://www.arenes.fr/auteurs/fiche-...

12 février 2007 - Ha’aretz - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.haaretz.com/hasen/spages...
Traduit de l’anglais par D. Hachilif


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