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Tuer une nation pour sauver un soldat

samedi 1er juillet 2006 - 12h:27

Ron Jacobs

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" Je suis fatigué d’entendre Tel Aviv se plaindre que des factions palestiniennes n’admettent pas le droit d’Israël à exister. Si certains, sans aucun doute, peuvent avoir cette opinion, même des dirigeants du Hamas ont déclaré que le fait est qu’Israël existe."

La logique insultante de Tel Aviv

En attendant, Israël s’agite une fois encore dans une campagne militaire contre les Palestiniens qui est, essentiellement, juste une bataille de plus pour tenter d’empêcher la Palestine d’exister. Naturellement, Washington défend ces actes, insistant sur le fait qu’Israël a « un droit à l’auto-défense », ce qui semble dire que ses forces armées peuvent provoquer tous les enfers. Ce qui veut dire aussi que les Palestiniens n’ont pas vraiment le même droit.

Si l’objectif des opérations israéliennes dans Gaza est de sauver le soldat des Forces de défense israéliennes (IDF) fait prisonnier, alors, il n’y a aucune logique dans la destruction par l’armée des centrales électriques palestiniennes. Pas quand ces centrales fournissent 42 % de l’électricité des Palestiniens. Il n’y a aucune logique dans l’invasion de Gaza pour récupérer un soldat des Forces de défense israéliennes, surtout quand une telle invasion conduira vraisemblablement à la mort du soldat. Il n’y a aucune logique dans une intimidation du Président syrien en faisant passer des avions au-dessus de sa maison si la raison d’un tel acte est de récupérer un soldat de l’IDF.

De ma place, ce soldat m’apparaît plus être devenu un pion dans une tentative de Tel Aviv de détruire à tout jamais l’espoir des Palestiniens à une patrie. Comme dans toutes les armées expansionnistes, le simple soldat n’est jamais plus qu’un pion dans le jeu des décideurs. Que ce soldat soit envoyé pour donner sa vie dans la bataille pour le pouvoir et le profit de quelques-uns, ou qu’il soit enlevé et gardé pour une rançon, ce soldat ne reste jamais qu’un pion. Si Tel Aviv était vraiment intéressée pour sauver la vie du caporal-chef de France, elle négocierait pour un échange du prisonnier. C’est ce que les forces palestiniennes ont proposé et c’est tout ce qu’elles veulent.

C’est pourquoi il y a quelque chose de plus qui se joue à Gaza actuellement. Le retrait, dont on nous a tant bourré le crâne, des forces israéliennes de Gaza l’an dernier s’est avéré n’être qu’un feinte. Tel Aviv contrôle non seulement les frontières et le ciel de toute la région, mais aussi la liberté des déplacements, et à Gaza et en Cisjordanie. Les arrestations, le 28 juin, de plusieurs dirigeants palestiniens élus nous convainquent encore davantage que l’établissement de la nation palestinienne indépendante, prétendument discuté par Tel Aviv et ses mentors de Washington DC, n’est rien de plus qu’une feinte. Pas étonnant que la majorité des civils palestiniens soutiennent la prise du soldat des forces israéliennes comme prisonnier. Après tout, le gouvernement israélien ne garde pas seulement des milliers de Palestiniens dans ses prisons, il continue aussi de tuer des civils à une cadence inquiétante, surtout à la lumière des déclarations de Tel Aviv qui prétend ne pas vouloir les tuer.

Comme à Washington avec l’Iraq, on semble croire à Tel Aviv qu’une puissance de feu écrasante et la supériorité monétaire apporteront la victoire contre la volonté du peuple occupé à se débarrasser lui-même de son occupant. Comme à Washington, la foi dans la victoire a conduit les forces militaires et politiques à renier nos propres principes, à tolérer le meurtre, la torture et la terreur. Dans une mauvaise imitation de leur dieu, ces deux capitales essaient de remodeler ces pays à leur propre image, sans se soucier de combien d’humains il faudra tuer ou emprisonner.

Les citoyens d’Israël et des Etats-Unis, en attendant, soutiennent ce déni des principes de leur nation et même, appellent à plus de répression et de guerre ; d’autres combattent, mais vainement, ces actes perpétrés en leur nom, dans l’espoir qu’un jour, les majorités entachées des deux pays se sentiront finalement scandalisées par les tueries et les pillages commis en leur nom. Faites qu’elles puissent vivre dans leurs cités et banlieues dans ce reniement permanent ; qu’elles se rassurent dans leur certitude qu’elles ne répondront jamais des crimes dont nous sommes tous complices.

Ron Jacobs est l’auteur de "The Way the Wind Blew : a history of the Weather Underground", publié par Verso. Il peut être joint à rjacobs3625@charter.net

28 juin 2006 - http://www.counterpunch.org/jacobs0...
trad : jpp


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