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Iran : L’étau se resserre

mercredi 23 juin 2010 - 10h:24

Maha Al-Cherbini - Al-Ahram/hebdo

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Beaucoup plus sévères que les sanctions onusiennes, celles étudiées par l’Union européenne et les Etats-Unis cette semaine vont notamment cibler l’industrie pétrolière et gazière. Nouveau coup dur pour Téhéran.

Quelques jours après l’adoption d’un quatrième train de sanctions onusiennes contre la République islamique à cause de son programme nucléaire, l’étau se resserre de plus en plus contre Téhéran avec la nouvelle série de sanctions unilatérales imposées cette semaine par l’Union Européenne (UE) et les Etats-Unis. Soucieux de « casser » le régime iranien « têtu », les chefs d’Etat et de gouvernements des 27 pays européens, réunis à Bruxelles, ont décidé cette semaine d’imposer de nouvelles sanctions plus sévères que celles imposées par l’Onu le 9 juin pour sanctionner le manque de coopération de Téhéran sur son programme nucléaire civil, que les grandes puissances soupçonnent d’ambitions militaires.

Soucieuse d’adresser un coup « dur » à Téhéran, l’UE veut interdire de nouveaux investissements, transferts de technologies, équipements et services dans le secteur du pétrole et du gaz, en particulier liées aux techniques de raffinage et de liquéfaction du gaz. Selon les experts, il s’agit d’un point crucial pour l’Iran, riche en matière première mais en manque de capacités de raffinage. Dans le secteur du commerce, les mesures européennes se focaliseront en particulier sur les produits sensibles susceptibles d’être détournés à des fins militaires et des restrictions supplémentaires en matière d’assurance du commerce. Bien plus, les Européens proposent de sanctionner la compagnie iranienne de fret maritime IRISL ou d’allonger la liste des personnes frappées de gels d’avoirs ou d’interdictions de visa aux membres des Gardiens de la Révolution. Pourtant, les détails finaux de ces sanctions doivent être définis en juillet prochain par les ministres européens des Affaires étrangères.

Saluant ce déluge de sanctions, la secrétaire d’Etat américaine, Mme Clinton, a affirmé dimanche : « L’UE envoie un message clair aux dirigeants iraniens : respectez vos responsabilités internationales ou affrontez une isolation grandissante au niveau mondial. Les mesures européennes participent au vigoureux effort de la communauté internationale de prendre la résolution 1929 du Conseil de sécurité de l’Onu comme base pour réagir au refus de l’Iran de se conformer à ses engagements internationaux ».

Resserrant de plus en plus l’étau contre sa bête noire, le gouvernement américain a pour sa part annoncé cette semaine qu’il mettait lui aussi en ?uvre de nouvelles sanctions contre l’Iran, en allongeant sa liste noire des personnes physiques ou morales iraniennes dont les avoirs éventuels aux Etats-Unis sont gelés. La longue liste des personnes visées par Washington se voit enrichie notamment de la Post Bank of Iran (Banque postale d’Iran), de cinq « sociétés écrans » pour la compagnie maritime nationale Islamic Republic of Iran Shipping Lines (déjà touchée par les sanctions) et de plusieurs individus ou entreprises dépendant des Gardiens de la révolution (eux aussi déjà visés). Vingt-deux autres sociétés détenues ou contrôlées par l’Etat iranien viennent compléter la liste.

Tenant à protéger ses importants intérêts économiques avec Téhéran, la Russie a affirmé cette semaine être « déçue » par l’attitude des Etats-Unis et de l’Union européenne contre l’Iran, a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, prévenant que cela pourrait affecter la coopération sur la crise du nucléaire. « Nous sommes déçus au plus haut point du fait que ni les Etats-Unis ni l’UE n’ont entendu nos appels à s’abstenir à de tels agissements », a déclaré M. Riabkov. Selon les experts, ces déclarations apparaissent comme un paradoxe, puisque Moscou vient de voter une résolution onusienne punissant son allié iranien le 9 juin. Ce qui a poussé le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, à qualifier de « schizophrénique » l’attitude de la Russie envers l’Iran, un pays perçu à la fois comme une menace pour sa sécurité et un partenaire commercial important. En effet, rien ne semble paradoxal dans l’attitude russe car en fin de compte, Moscou et Pékin ne veulent pas perdre le contrôle des choses, ils veulent être consultés avant toute sanction contre l’Iran pour s’assurer qu’elle ne porte pas une grave atteinte à leurs intérêts dans ce pays. Justifiant sa position, le chef d’Etat russe a affirmé dimanche que « les Etats-Unis n’ont rien à perdre en imposant des sanctions supplémentaires, puisqu’ils n’ont pas de relation avec l’Iran à la différence de la Russie et de la Chine ».

Sur fond de tension entre Washington et Téhéran, le président russe, Dimitri Medvedev, est attendu la semaine prochaine aux Etats-Unis pour une réunion avec son homologue américain, Barack Obama. La question du nucléaire iranien devrait figurer au sommet de leur ordre du jour, selon les experts.

Relevant le défi comme d’habitude, Téhéran a décidé cette semaine d’interdire l’accès de ses installations nucléaires à deux experts de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) accusés d’avoir donné de « fausses informations » sur son programme. Bien plus, Téhéran a prévenu qu’elle répondrait avec fermeté à l’UE si celle-ci persiste dans sa politique de sanctions sur le programme nucléaire controversé de Téhéran. « Ces sanctions n’empêcheront pas Téhéran de poursuivre son programme nucléaire », a prévenu le vice-président Ali Ahani, jugeant « décevante et inutile » la politique européenne entre diplomatie et sanctions, vis-à-vis de l’Iran.

Foulant aux pieds les menaces internationales, le chef de l’Organisation Iranienne de l’Energie Atomique (OIEA), Ali Akbar Salehi, a annoncé que l’Iran construira un autre réacteur nucléaire pour des objectifs de recherches, qui devra être « plus puissant » que celui de Téhéran, rajoutant que les sanctions européennes n’auront aucun effet sur la détermination du gouvernement iranien à exercer son droit légitime d’exploiter la technologie nucléaire sous la supervision de l’AIEA.

Al-Ahram/hebdo - Semaine du 23 au 29 juin 2010, numéro 824 - Monde


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