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Milliardaire recherché par la justice française, l’« ange d’Israël », Arcadi Gaydamak, entre en politique

vendredi 23 février 2007 - 07h:01

Michel Bôle-Richard - Le Monde

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Au mois de novembre 2006, Arcadi Gaydamak n’hésitait pas à dire : "Donnez-moi trois mois et la Knesset sera à moi. Et si je veux, je serai premier ministre." Le milliardaire d’origine russe n’était toutefois pas encore vraiment décidé à entrer en politique. Trois mois plus tard, c’est pratiquement fait. Il a annoncé, mercredi 21 février, au cours d’une conférence de presse, à Tel Aviv, qu’il allait créer un "mouvement à vocation sociale". "L’Etat d’Israël traverse une crise profonde car il est géré par des gens incompétents et, en tant que citoyen, je dois assumer mes responsabilités", a-t-il indiqué. Il se donne un mois pour décider ou non de créer un nouveau parti et affirme disposer d’"une base électorale qui (lui) assurerait de 25 % à 30 % des suffrages".


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Arcadi Gaydamak (Ph. AFP/Roni Schutzer)

Propriétaire du Betar de Jérusalem, célèbre équipe de football, et de l’équipe de basket-ball Hapoël, qui l’est autant, cet homme richissime, qui partage son temps entre Jérusalem et Moscou, ne rate pas une occasion de faire parler de lui. Pendant la guerre du Liban, au cours de l’été 2006, il a installé un camp de vacances à Nitzanim, au sud de Tel Aviv, pour accueillir les milliers d’habitants du Nord qui fuyaient les roquettes Katioucha tirées par le Hezbollah.

L’initiative avait beaucoup fait jaser et avait été largement utilisée pour dénoncer l’incurie du gouvernement israélien. Ehoud Olmert, le premier ministre, n’avait guère apprécié et avait dénoncé "le mauvais goût de cette opération de relations publiques". Il n’empêche qu’Arcadi Gaydamak n’avait pas raté l’occasion de faire valoir ses talents de bienfaiteur de la nation juive, ainsi qu’il entend apparaître. "Aujourd’hui, en Israël, dit-il, les valeurs juives ne sont plus transmises, et c’est là tout le problème."

Mandat d’arrêt

Arcadi Gaydamak se propose donc de redonner un nouveau souffle au pays. Pour le prouver, ce trouble-fête a encore accompli une action d’éclat, à la mi-novembre 2006, afin de démontrer que le gouvernement n’est pas à la hauteur. Après la mort d’une femme tuée par une roquette Qassam, tirée depuis la bande de Gaza sur la ville frontière de Sderot, il a offert un séjour à Eilat, dans un hôtel cinq étoiles, à près de mille résidents de cette ville. N’écoutant que son bon coeur, il a loué 400 chambres et affrété une vingtaine d’autocars pour offrir aux habitants stressés, notamment les enfants, un week-end de détente sur la mer Rouge. Coût de l’opération : 1,5 million de shekels, soit 275 000 euros. La présidente de l’association des parents d’élèves le qualifia à cette occasion d’"ange d’Israël".

Aujourd’hui, l’"ange" entend tirer profit de son investissement. En homme d’affaires avisé, il souligne qu’avec les seuls sympathisants du Betar il peut recueillir 5 % des voix des électeurs. Il sait aussi qu’une bonne partie de la communauté russe, forte de plus d’un million d’individus, est prête à le suivre. Proche de Benyamin Nétanyahou, le leader du Likoud qui a le vent en poupe selon les sondages d’opinion, Arcadi Gaydamak ne veut plus être premier ministre mais souhaite jouer un rôle décisif dans sa nomination. Depuis plusieurs semaines, les deux hommes multiplient les entretiens dans les médias en langue russe.

Ancien conseiller du ministère et du président angolais, le bouillonnant Arcadi Gaydamak fait l’objet, depuis décembre 2000, d’un mandat d’arrêt international de la justice française pour son rôle présumé dans une affaire de trafic d’armes. Il a aussi des démêlés avec la justice israélienne dans un dossier de blanchiment d’argent concernant la banque Hapoalim.

Ses détracteurs le comparent à l’ancien escroc Samuel Flatto Sharon, mais d’autres expliquent, comme l’a écrit le journaliste Nahum Barnéa dans le Yedioth Aharonoth, qu’"il y a un vide du leadership en Israël à tous les niveaux. Des gens comme Gaydamak y pénètrent facilement, à peu de prix. Il est le miroir de notre misérable image".

Michel Bôle-Richard, correspondant à Jérusalem - Le Monde, le 22 février 2007


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