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Et Israël sera en sécurité, une fois encore

samedi 1er juillet 2006 - 12h:09

Ramzy Baroud

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" Le 25 juin, un raid de combattants palestiniens sur un poste militaire israélien près de la frontière de Gaza avec l’Egypte a poussé Israël à se « lever pour se défendre lui-même », annonçait la voix du journaliste de la BBC News dans les infos de la soirée."

Le commentaire a été suivi d’une interview, qu’on ne saurait récuser, d’un représentant du ministre des Affaires étrangères israélien, puis d’un journaliste d’un quotidien israélien à Washington. Aucune voix palestinienne n’était entendue depuis des jours. Les deux Israéliens ont ressorti la même litanie, quoique en transmettant un discours menaçant, et apparemment fait pour qu’on l’assimile, basé sur l’idée que, de toute façon, seules les vies israéliennes sont importantes.

Il n’y a eu presque aucune source d’infos internationales anglophones - y compris celles des pays arabes - à admettre que l’attaque nocturne palestinienne sur la base militaire israélienne était un acte de représailles net et un acte digne. Après tout, Israël avait assassiné des tas de civils palestiniens dans les semaines passées sans que les Palestiniens ne les suivent sur ce terrain, au lieu de cela ils ont ciblé des soldats israéliens, les mêmes qui infligeaient des blessures indicibles aux habitants de Gaza.

Gaza, depuis le retrait

Serait-il possible que les sources des principaux médias d’informations aient pu, par erreur, ne pas remarquer ce qui se passait dans la Bande de Gaza depuis le prétendu retrait israélien en septembre 2005 ?

Pourtant, cela a commencé avec les bangs soniques assourdissants, des faux bombardements avec les Jet de combat israéliens volant à très basse altitude sur une Bande de Gaza surpeuplée et paupérisée. Les Palestiniens ont lancé des appels à la communauté internationale pour que cessent les provocations israéliennes. Ces appels, comme d’habitude, sont tombés dans des oreilles de sourds.

Avec de telles tactiques pour effrayer, Israël espérait transmettre aux Palestiniens un message fort et clair : il n’y a rien pour vous à célébrer, nous restons toujours les maîtres de votre destinée et, à la différence du retrait du Sud Liban en 2000, nous quittons Gaza triomphalement, et probablement juste pour un temps.

Assez vite, les fausses attaques d’Israël devinrent de vraies attaques, pendant ce temps, la communauté internationale continuait à fermer les yeux sur ce qui allait devenir la nouvelle routine dans Gaza « libérée ». Pour peu que les médias se sentent concernés, il y aurait eu à peine de quoi faire un article, étant donné que le Hamas comme d’autres factions palestiniennes refusait de répondre aux provocations par des représailles violentes, se contentant de respecter le couvre-feu unilatéral qui avait été décidé avec le Président palestinien, Mahmoud Abbas, antérieurement au Caire.

Lassés de ces réactions palestiniennes - ou plutôt du manque de réactions - les officiels israéliens ont renforcé leurs tactiques pour effrayer avec des actes menaçants, et le résultat qu’aucun Palestinien ne se trouvait plus à l’abri des assassinats ciblés.

Et puis, il y a eu la victoire du Hamas...

Les évènements ont pris un tour intéressant quand le Hamas a gagné les élections parlementaires en janvier 2006 - dans une démonstration incroyable de transparence. John Hugues du Christian Science Monitor a répercuté aux médias dominants que quelque chose de terriblement mauvais s’était produit au Moyen-Orient et que, selon lui, la « victoire du Hamas était un recul » pour un processus de paix imaginaire.

Confortées par un soutien inconditionnel du gouvernement US, les tactiques d’intimidations et de violences d’Israël se sont multipliées. Cette fois cependant, la guerre Israélienne contre les Palestiniens a connu un prolongement international, assuré par les Etats-Unis, les Nations unies plus conciliantes que jamais et l’Union européenne. Alors que les donateurs occidentaux différaient leurs aides au point de créer une catastrophe humanitaire dans les Territoires occupés, les Etats-Unis lançaient une campagne de coercition politique - avec une unité rare entre les Démocrates et les Républicains - ainsi que tous les « amis d’Israël », dans les médias.

Les médias occidentaux ont rapidement forgé différents schémas pour faire accepter que les Palestiniens ordinaires devaient souffrir pour avoir démocratiquement choisi ce Parlement : le Hamas refusait de reconnaître Israël, il refusait de renoncer à la violence, furent des prétextes, entre autres, qui semblaient coller parfaitement à l’agenda politique d’Israël.

L’éminent conseiller du gouvernement israélien, Dov Weissglas, bon vivant comme toujours, cherchait à faire de l’humour sur la privation de nourriture des Palestiniens. « [Le siège économique], c’est comme une consultation chez un diététicien. Les Palestiniens seront au régime, mais ils ne mourront pas de faim ».

Israël satisfait

Apparemment, Israël s’est félicité de la démonstration - obtenant du monde qu’il punisse une nation occupée et, dans le même temps, faisant oublier son expansion coloniale en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

Naturellement, Israël ne peut jamais se contenter de jouer des rôles si limités. Il était temps pour lui de faire monter la température à un degré supérieur ; la violence sporadique était sur le point de se transformer en violence intense, atteignant les civils palestiniens de tous âges. En l’espace de 7 semaines - jusqu’au massacre, le 21 juin, d’une femme enceinte, de son enfant à naître, de son frère avec 14 blessés de la même famille - Israël a tué 90 Palestiniens, la grande majorité étant des civils. Il faut inclure le massacre du 9 juin où sept membres d’une même famille qui pique-niquait sur la plage de Beit Lahia, près de Gaza ont été tués.

Le ministre de la Défense, Amir Peretz, a qualifié les morts de civils d’erreur involontaire, promettant de continuer le combat contre les « terroristes » qui lancent des roquettes - qu’ils fabriquent eux-mêmes - contre leurs voisins israéliens de la ville de Sderot. Dans la même période où 90 Palestiniens ont été tués et des centaines, estropiés et blessés, la radio de l’armée israélienne n’a parlé que d’un seul blessé à cause de ces roquettes. Aucune autre source n’a de plus confirmé cette blessure unique.

Cependant, les médias occidentaux, dont la BBC, ont décidé de mettre au même niveau les explosions contre les familles palestiniennes avec les attaques de roquettes palestiniennes : c’était un prêté pour un rendu, ou quelque chose comme ça. Il paraîtrait également qu’il soit justifié, selon certaines lignes éditoriales, d’affamer une nation au prétexte que son gouvernement refuse de reconnaître son occupant militaire.

L’administration US a soutenu le massacre de la famille de Gaza, le 9 juin, disant qu’Israël avait le droit de se défendre lui-même. Mais la BBC International a refusé de voir dans le raid palestinien sur l’installation militaire israélienne, le 25 juin, un droit des Palestiniens à la légitime défense. Au contraire, c’est Israël qui une fois encore « s’est levé pour se défendre lui-même ».

On ne sait combien de Palestiniens doivent mourir avant qu’Israël ne frappe un « coup » persuasif sur ses voisins indisciplinés, et avant que la vie ne revienne comme il voudrait qu’elle soit - des Palestiniens crevant de faim, humiliés, massacrés par sa propre main. Seulement alors, Israël se sentira en sécurité, une fois encore.

Ramzy Baroud est un journaliste chevronné arabe-américain. Son dernier livre "La seconde Intifada : chronique du combat populaire" est disponible sur Amazon.com. Il est aussi rédacteur en chef de PalestineChronicle.com. Il peut être joint à : editor@palestinechronicle.com.

June 27, 2006 / Jumada Thani
http://www.islamonline.net/English/...
Sous-titrage et traduction : jpp


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